1535 - Juin parisien [Récidive], 4
[Récidive]
Journal extime
(19 juin – 26 juin 2023)
4
22 juin 2023
Je joue de malchance ce matin : le métro se trouve ralenti en raison du malaise d’un voyageur ; après quoi nous sommes débarqués à Odéon, la rame n’allant, on ne sait pourquoi, pas plus loin ; nous attendons ensuite sous la pluie un bus, lequel s’arrête sans repartir au milieu de la rue de la Rennes. Je sors alors, et poursuis à pied. La pluie a considérablement rafraîchi l’atmosphère.
J’ai vingt-cinq minutes de retard. Quand je parviens enfin dans le hall du Musée Bourdelle, malgré mes appels successifs à Judith pour chroniquer mon retard, celle-ci, heureusement demeurée chez elle puisqu’elle habite à quelques encâblures, n’est pas encore arrivée. Je dois l’appeler une troisième fois.
C’est la cinquième occasion que je me rends au Musée Bourdelle : la dernière, pour l'exposition Balenciaga, l'œuvre au noir, remonte à 2017.
Comme à cette précédente visite, l’entrée en est payante du fait d’une exposition consacrée à Philippe Cognée — artiste que je reconnais à la technique employée, puisque j’avais vu, en compagnie de Khadija, quelques-unes de ses œuvres au Musée de l’Orangerie en mars dernier.
Antoine Bourdelle, Faune et Chèvres ou L'Art pastoral, Étude 1907, Bronze, fonte Alexis Rudier, vers 1920
Philippe Cognée, Saint Barthélemy [d'après Pierre Paul Rubens], 2014-2016, Encaustique sur toile marouflée sur bois
Philippe Cognée, Madame Marcotte de Sainte-Marie [d'après Jean Auguste Dominique Ingres], Encaustique sur toile marouflée sur bois, 2014-2016
Philippe Cognée, Amaryllis 1, Amaryllis 2, Amaryllis 3, 2022, Encaustique sur toile marouflée sur bois
Je parcours le musée, récemment rénové, selon des circuits et des rythmes tout différents que ceux de Judith, et nous nous perdons, au double sens du terme, dans le dédale des salles consacrées au Catalogue de Bâle, constitué « d’un millier d’œuvres élaborées selon un même protocole : l’artiste, après avoir déchiré des pages issues des catalogues d’Art Basel, peint une copie de et sur la reproduction d’une œuvre […]. Cette repeinture, qui épouse le format exact de la reproduction photographique qu’elle vient recouvrir, conjoint donc, dans un même geste, dans un même mouvement, une disparition et une apparition » — « geste » que je renonce à doubler du geste photographique qui consisterait à quelque capture de cette appropriation singulière de l’histoire de la peinture, en un fantasme de « totalisation » qui m’est pourtant familier ¡
Nous déjeunons sur place (c’est la première fois de mon séjour), tout en admirant la salle à manger du lieu. Le plat principal (une ceviche de poisson) est bon, mais un peu chichement servi. Nous commandons un dessert. Malgré le verre de vin que j’ai commandé, Judith règle la moitié de l’addition.