1567 - Hier et aujourd'hui (actualité [patrimoniale])

Hier et aujourd'hui

(actualité [patrominiale])

16 septembre, Nancy

Pas plus qu’à la foire aux écrivains, je ne sacrifie d’ordinaire aux journées du patrimoine, qui ont lieu dans la foulée et drainent habituellement beaucoup d’amateurs. Et c’est par désœuvrement que, constatant que cette énième édition semble moins rameuter de public qu’à l’accoutumée, ma bière bue, je rafraîchis mes souvenirs d’endroits parcourus antérieurement, que j’avais eu plaisir à voir.

Le Musée lorrain n’étant pas rouvert (contrairement à ce que je croyais), je commence par le Palais du gouverneur, dont je me rappelais pas qu’il était si peu meublé. Et, plutôt qu’au Maréchal Foch (un de ces artisans de la tuerie des années 16-17 de la Grande Guerre), c’est à Louis Majorelle (collaborant avec Daum pour les tulipes éclairant le plateau du meuble) que je me suis intéressé, puisque c’est lui qui avait conçu pour Foch ce bureau.

Puis, ayant en tête d'autres meubles et pâtes de verre, au Musée des Beaux-Arts, je guigne cet escabeau roulant conçu par Jean Prouvé, dont j’aurais l’usage chez moi pour ma bibliothèque, les livres les plus en hauteur de mon entrée, sauf à grimper sur une chaise, me demeurant inaccessibles

Jean Prouvé, Escabeau roulant, 1951, Société générale, Paris, Tôle d'acier pliée laquée, bois massif, Nancy, Musée des Beaux-Arts

Maurice de Vlaminck (Paris, 1876 - Rueil-la-Gadelière, 1958), l'Etang, vers 1912/1914, Huile sur toile

Claude Monet (Paris, 1840-Giverny, 1926), Coucher de soleil à Étretat, 1883, Huile sur toile

Emile Friant (Dieuze, 1863 - Paris, 1932), Idylle sur la passerelle (ou Les Amoureux), Huile sur toile

Emile Friant (Dieuze, 1863 - Paris, 1932), la Petite Barque, Huile sur toile

Émile Friant, Autoportrait, 1887, Huile sur bois ; Autoportrait, 1895, Huile sur bois

Émile Friant, La Toussaint, 1888, Huile sur toile

— avant de sacrifier aux splendeurs de la collection Daum au sous-sol, dont je photographie quelques vases, en évitant autant que possible les reflets en tiers, ainsi que les gens se silhouettant sur les vitrines.

Vase Lys tigrés, 1927, Verre soufflé-moulé, triple couche, gravé à l'acide et à la roue

Vase à décor de pavots, Vers 1898, Verre souffle-moulé, multicouche, gravé à l'acide et à la roue ; Vase Nénuphars, 1898, Verre soufflé-moulé, triple couche, gravé à l'acide et à la roue, monté sur un pied en argent

Vase Verre de jade à monture métallique, Vers 1920, En collaboration avec Louis Majorelle, Verre soufflé dans l'armature en fer forgé, décor de poudres intercalaires avec inclusion de feuilles d'or

Lampe Monnaie-du-pape, Vers 1903, Verre soufflé-moulé, double couche, gravé à l'acide et à la roue, Pied en fer forgé ciselé et patiné

Vase à décor de baies stylisées, Vers 1925, Verre souffle-moulé et applications gravées à la roue, Pied en application

Aimé-Nicolas Morot (Nancy, 1850-Dinard, 1913), Martyre de Jésus de Nazareth, 1883, Huile sur toile

Jusepe de Ribera (Játiva, 1591-Naples, 1652/1656), Le Baptême du Christ, 1643, Huile sur toile

Caravage (Michelangelo Merisi, dit) (Milan, 1571-Porto Ercole, 1610), L'Annonciation, vers 1607/1610, Huile sur toile

Georges de La Tour (Vic sur Seille, 1593 - Lunéville, 1652), La Femme à la puce, 1638, Huile sur toile

Tintoret (Jacopo Robusti, dit) (Venise, 1518-Venise, 1594), Déploration du Christ, vers 1580, Huile sur toile

Federico Zuccaro (attribué à) (Sant'Angelo in Vado, vers 1540/1543-Ancona, 1609), Pietà avec des anges, vers 1570, Huile sur toile

Puis, après les tableaux du second niveau du musée, afin de demeurer la tête baignée d’art nouveau, je me rends à la Bourse du commerce, dont m’est familière la vue de ses vitraux extérieurs, que je n’ai contemplés pourtant qu’à une occasion unique, lors d’une précédente visite dans ce même cadre des Journées du patrimoine.

Jacques Gruber, Le verre, Signé, daté 1909

La chimie, Signé, daté 1909

La sidérurgie, Signé, non daté

Village lorrain

Huisseries, portes, ferronneries, meubles et vitrines de la Salle des séances à l’étage sont magnifiques dans leur blond vénitien ou éclat doré et répètent avec ardeur le motif du chardon (l'antienne lorraine qui s'y frotte s'y pique venant à l'esprit, quoi qu'on en ait).

Salle des séances (salle Lyautey), Vitrine à l'horloge

Salle des séances (salle Lyautey), cheminée

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J’achève l’après-midi auprès de Sacha, dont le nimbe clair paraît valoir, à mes yeux consentants, la mise en plomb sertissant le visage et le corps des ouvriers des vitraux réalisés par Jacques Gruber.

17 septembre

Fort de l’expérience agréable de la veille, je pénètre une énième fois dans l’Hôtel de ville et parcours son Grand salon. A l’extrémité de la salle, dans leur représentation datée, les mignards du plafond prêtent à sourire, et, de fait, sacrifient à la mignardise (dans un autre sens du mot que populaire) de par leur innocence suspecte, leur nudité dodue, joufflue, leur grâce un peu trop sucrée.

Je contemple, du balcon, la place ensuite, prends même un cliché — que j’ai dû effacer depuis par mégarde puisque je ne le retrouve pas dans l’album photographique.