1460 - Lettre à J.-M. et Pascal (février 1989) (1)

Publié le par 1rΩm1

 

in  memoriam  J.-M.

 

REIMS, le 15 février 1989

Bonjour ou bonsoir
(c’est selon)…
                    Il faudrait, cette fois, que je mène à bien mon entreprise épistolaire… Le temps sera court cependant (il y a si peu de temps/ entre vivre et [vieillir]), et l’occasion ne me sera guère donnée de peaufiner…
    J’ai repris mon existence de vierge rémoise dès dimanche soir. Peut-être y a-t-il à renaître de ses cendres dans cette ville-ci. Peut-être oui, ou peut-être non. Il y a des souffles de printemps dans l’atmosphère, et pas seulement au baromètre. (Je médite longtemps là-dessus. Ce sont là phrases vagues. Mais qui font des vagues. Témoins ces songes érotiques dont mon sommeil s’est vu chavirer, une de ces nuits dernières. On voudrait vraiment que les rêves soient plus vrais que vrais !)
    Ni fanfares, ni banderolles lors de mon retour. Je suis donc allé au cinéma. Faux semblants de David Cronenberg m’a vaguement mis mal à l’aise : le thème du double a toujours des affres indigestes. Le film, lui, m’a paru raté, qui distribue des éléments qu’il abandonne ensuite. Et puis, ce n’est pas du vrai fantastique… c’est tout au plus une histoire fantasmatique, en fait.

1460 - Lettre à J.-M. et Pascal (février 1989) (1)
1460 - Lettre à J.-M. et Pascal (février 1989) (1)

Les élèves, lundi, semblaient rassérénés par leurs récents congés. Le calme a craqué dès le lendemain. Je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai accepté de donner une heure de soutien aux élèves faibles de sixième, si ce n’est pour de basses raisons financières : je travaillerai bientôt vingt heures au collège, et six, le mardi. J’aurais dû me répéter le vieil adage moins on en fait, mieux on se porte, avant de conclure pareil engagement ! Tant pis pour mézigue.
    Lundi, j’ai retrouvé Patrick, désabusé d’avoir quitté la Catalogne et retrouvé ses lycéen(nes) incultes et vulgaires, tout juste bonnes à baffer. L’arrivée de Judith a distrait ces diatribes. Nous sommes allés manger une pizza, retrouvant N., le faux Catalan aux parents rouges, mis à la question par Patrick, plus curieux que jamais — et très sensible, m’a-t-il semblé, aux charmes dudit N. Après avoir mis Judith au train (ces Parisiens qui veulent à tout prix dormir dans leur chère capitale !), nous avons un peu poursuivi la soirée. La conversation a beaucoup roulé sur la métaphysique et la morale religieuses (le pape faisant du ski et photographié au bord d’une piscine, quelle hhhorrrreur !!), et j’ai vite fatigué.

1460 - Lettre à J.-M. et Pascal (février 1989) (1)
1460 - Lettre à J.-M. et Pascal (février 1989) (1)
1460 - Lettre à J.-M. et Pascal (février 1989) (1)

De plus, l’absence du beau Philip a fait comme un trou, et je n’étais pas mécontent de me coucher tôt.

C’est là qu’a dû me réveiller le scénario issu d’un Kama-sutra nocturne où figuraient quelques Rémois parfaitement identifiés — et ma virginité, sérieusement mise à l’épreuve comme victime (heureuse) de ce brillant casting


(à suivre)

 

 

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