Archives GA XXXVIII & XLIV

Publié le par 1rΩm1

 

Automne 2009, journal extime et parisien (4)

 

Samedi 24 octobre

20 heures - minuit ; M° Poissonnière et quartier du Marais

N*** était en retard.

A dire vrai, cela ne m’a pas étonné. Sa fantaisie — que j’avais pu éprouver de “post” en “post”, de message en message, ce pour quoi d’ailleurs son personnage me plaisait — ne doit pas facilement s’accompagner de protocoles un peu trop raides, d’obligations corsetées, de ponctualité. Je n’étais d’ailleurs pas — curieusement… — inquiet ; je lui donnais vingt minutes de retard probable, d’autant que, même avec l’habitude qu’en ont les Parisiens, calculer à cinq minutes près un trajet de métro paraît hasardeux…

De fait, mon portable a sonné peu après 20 h 15 ; N*** s’excusait de n’avoir pas vu l’heure tourner : il ne serait là que dans une demi-heure.

Comme je ne me voyais pas battre la semelle au même endroit une demi-heure encore, je suis rentré à l’hôtel pour, vingt minutes plus tard, reprendre mes quartiers d’attente.

 

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de : OLIFAN

quand une certaine gravité s'attend à une légèreté soutenable...

[publié le 02/01/2010 à 08:10 sur le site GayAttitude]

 

(photographie du 27 octobre)

(photographie du 27 octobre)

 

Automne 2009, journal extime et parisien (5 à 7)

 

Samedi 24 octobre

20 heures – minuit ; M° Poissonnière et quartier du Marais

Que dire de N***, cet oiseau magnifique ? Il ponctue tous ses développements de petits rires paraissant dire qu’il regrette de ne pas trop prendre ce qu’il dit au sérieux , comme s’il s’amusait au fond de trouver dans ses propos un double fond qui demeure encore possiblement humoristique — ce qu’il découvre en même temps qu’il l’énonce. C’est bien cela que d’avance j’aimais de lui — et c’est cela même que je redoutais, puisque je me sais assez dépourvu de fantaisie. En lui, je remarquais souvent aussi l’absence de tout point de vue en prise avec les prêts-à-porter de la pensée, voire : la recherche acharnée de tout point de vue qui les fuit — et cela, je l’appréhendais puisque je suis là encore un peu son inverse en ce que j’ai souvent des idées bien arrêtées — même si, comme de bien entendu (!), je m’efforce à ce qu’elles soient en rupture…

Que dire… que dire de N***, cet oiseau magnifique ? Il ressemblait à ses photos — ou plutôt à ce que j’avais pu reconstituer de lui à partir de ses photos, souvent décalées, toujours kaléidoscopiques et brouillées — ; et, jusque dans la façon de se vêtir, je retrouvais le portrait qu’il avait dressé de lui…

Ses yeux me semblent immenses. Ils me dardent à la façon des poissons (il me semble d’abord qu’il louche un peu ; au tout début et pour un long moment encore, j’ai peine à fixer son regard, hypnotique et — pour moi — séduisant). D’ailleurs, N*** fait de lui souvent son portrait en poisson clown, ce pour quoi j’avais de l’affection pour lui déjà… Cheveux longs et spécialement fins, ramenés en queue de cheval. Il est mal rasé, porte un pull qui a vécu, fortement élimé à l’encolure. Très mince (« 1 mètre 78, 60 kilos »), sans être maigre.

Je mélange à mesure toutes ses confidences, concernant notamment des prénoms (n’ayant guère retenu que celui… de Romain !). Je le soumets au feu roulant de mes questions — en constatant, avec un peu de dépit, que lui n’a pas envers moi la même curiosité. Il me dit ne pas être un visuel, mais un auditif. C’est pourquoi — je le crois — il parle si bien anglais. C’est pourquoi aussi, nous rendant ensuite dans un bar proche, nous ferons un détour qui rendra le trajet une fois et demie plus long. Mais il le sait : N*** n’a pas le sens de l’orientation…

 

Samedi 24 octobre – Dimanche 25

Minuit-3 heures : Marais, Poissonnière

Après le restaurant, sommes allés dans un bar — dont j’ai appris, le lendemain, par Aymeric qu’il est un bar « historique » — de ce Marais-gay, qui a parfois des allures de Marais-cage — mais reste en quelque sorte le point d’aimantation où l’on échoue toujours…

 

J’ai passé presque six heures avec N***, faites de bâtons rompus et d’improvisations mirifiques. Nos conversations, d’abord banales, se sont faites, à mesure, bien autrement personnelles…


Comme nous avions pas mal bu, j’ai dit : « Tu es un peu bourré, N*** », ce à quoi N*** a convenu — de son petit rire bien à lui.


Comme N*** raconte avoir été victime d’une agression toute récente où on lui a volé sa carte bancaire, je lui explique la provenance de la cicatrice en croix, visible quoique atténuée avec le temps, que je garde au front… Je n’ai pas raconté cela depuis bien longtemps…

 

En se quittant la première fois, on s’est embrassés assez maladroitement (le conducteur du bus de nuit qui allait vers la Gare de l’Est en a profité pour démarrer sans me laisser entrer) — de façon plus confiante et affectueuse, la seconde.

 

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