521 - Paris - Lille - Paris : journal par (r)accroc (1)
Paris – Lille – Paris : journal par (r)accroc
(journal extime, 19 octobre – 28 octobre 2013)
ENVOI
Plus d’un an a passé.
Il est temps que l’aphasie se termine.
Il est temps, enfin, que je répare l’accroc.
Il est temps que reprenne le curriculum vitae (tout extime, comme d’ordinaire), que je compléterai de la relation de mes séjours ensuite à Séville et Florence...
C’est avéré : j’écris à nouveau dans la joie.
Sa 19/ Di 20
Quel joli temps (ce matin) ! Il me rappelle l’été jouant les prolongations il y a quatre ans.
SMS du logeur alors que je m’apprête à quitter l’appartement. Je suis censé emporter draps et linge de toilette.
Valise vraiment pleine.
Logeur en retard de 45 mn.
Studio [« studette » dira plus tard son propriétaire] qui tient (+) du placard
Equipement minimal ([un seul verre, pas de décapsuleur] pas de Q faire 1 café [me contenterai de café lyophilisé durant mon séjour, plaisir de boire du vrai café à Lille])
il faut faire attention à tout : store qui s’enroule mal [et dt les bords externes s’effilochent], lattes du canapé lit [proprio m’appellera qd serai à Lille et viendra remplacer une latte fendue]
« Murs ont l’épaisseur d’1 feuille de cigarette » Le vérifierai à 1 h 40 en entendant rentrer les voisins
Je poursuis ma nuit avec des bouchons d’oreille
Me montre fièremt la Tour Eiffel — son sommet — enguirlandée. [Je retiens q je ne n’en ai rien à faire.]
clavardage le soir avec Guillaume étudiant en cinéma M2. 23 ans se dit d’origine portugaise & grecq
+ de 3 h
tout proche du studio [sic] de Pascal & F mais l’éloignemt est gd
conversation bien agréable avec 1 jh intelligent
****, samedi 19 octobre
Quel joli temps, ce matin ! Il me rappelle l’été jouant les prolongations il y a quatre ans.
Alors que je m’apprête à quitter, le cœur léger, l’appartement, je reçois un SMS de mon logeur à Paris. Il me rappelle — alors qu’il n’en a jamais été question — que je suis censé emporter draps et linge de toilette. Je rouvre la valise et y bourre une paire de draps et quelques serviettes. Quand je la referme, la valise est vraiment pleine…
Après-midi, Paris, quartier du Trocadéro
A peine sorti du métro, je reçois un nouveau SMS : le propriétaire du studio dans lequel je dois résider aura une vingtaine de minutes de retard. Tout près de l’endroit où nous avons rendez-vous, avisant un café, je m’y engouffre d’autant plus volontiers qu’il commence à pleuvoir. Bien m’en prend : j’attendrai quarante-cinq minutes.
Enfin, il arrive. Les présentations faites, il m’entraîne quelques rues plus loin, me désignant au passage un balcon pavoisé de la manif pour tous. Pas de doute : je suis bien tombé.
Le studio, lui, est ridiculement petit. De fait, son propriétaire a toutes les raisons de l’appeler « studette ». Par la fenêtre — dont il ouvre les stores avec précaution en me recommandant d’user des mêmes douceurs si je veux pas les voir s’enrouler de travers, ni voir le mécanisme se gripper —, il me désigne d’un geste triomphal la Tour Eiffel qui émerge au-dessus de quelques toits. Plus agacé qu’amusé par ce discours de bateleur, je retiens de dire que je n’en ai rien à faire, que je ne suis pas venu à Paris en quête de carte postale, tout en songeant à l’ironique mini Tour Eiffel vissée à la rambarde d’une des fenêtres de l’appartement de Pascal et F***, comme pour dire : d’accord, on ne voit pas la Tour Eiffel d’ici, mais on est mieux dans notre deux-pièces douillet que dans une quelconque studette dont, qui plus est, le WC est à l’étage…
Je vérifierai bien vite que les lieux sont équipés a minima : un seul verre, pas de décapsuleur, pas non plus de quoi faire un café, si bien que, durant mon séjour, je me contenterai de café lyophilisé, remettant à plus tard — à Lille — le plaisir de boire un vrai café… Le store, oui, s’enroule mal, les bords externes s’en effilochent, une latte du canapé-lit, qui prend, déplié, toute la longueur de la pièce, est fendue, et je suis prié de ne pas m’asseoir à l’endroit où elle se trouve… (Quand je serai à Lille, je recevrai un appel : quand serai-je absent pour qu'on puisse remplacer la latte en question ? ; je ne sais pas très bien, ne m’attendant pas à une telle visite impromptue, dans quel état d’ordre ou de désordre j’ai laissé les lieux ; mais, mis au pied du mur, je laisserai le propriétaire y pénétrer…) On m’avertit également de ne pas faire trop de bruit : « les murs ont l’épaisseur d’une feuille de cigarette ». J’en aurai bientôt confirmation — en entendant, à une heure quarante, rentrer les voisins, et, pour poursuivre ma nuit, m’équiperai de bouchons d’oreille que je me féliciterai d’avoir emportés.
Non, décidément, quelque imagination que je puisse déployer, ce studio ce n’est pas la Perdera !
Soir
Je clavarde le soir avec G***, un étudiant en cinéma M2 de vingt-trois ans, qui se dit, qui plus est, d’origine portugaise et grecque. Cela nous occupe doucement plus de trois heures durant. Il habite tout près de l’appartement [j'avais d'abord écrit le studio !] de Pascal et F***. Sur le moment, l’éloignement nous paraît suffisant pour en rester aux prémices d’une conversation seulement tapuscrite. Il est agréable en tout cas de converser avec un jeune homme intelligent… [A quelques mois de distance, j’ai tout oublié de cette conversation, et me reproche de n’en avoir gardé de trace quelconque, ne serait-ce que le pseudonyme de mon interlocuteur.]