534 - Paris - Lille - Paris : journal par (r)accroc (14)
Paris – Lille – Paris : journal par (r)accroc
(journal extime, 19 octobre – 28 octobre 2013)
Expo H d V. Pas de queue ! Art brut réel et contemporain. Si bcp d’œ laissent songer à des dessins d’enfants, qq-1 st fortes tt de m. J’achète 1 carte postale (à qui envoyer cela ?) qui ne fait pas justice d’aill à l’œ originale. Soldes au BHV. Aménagemt de vitrines révélatr d’1 époq. Achète 1 boxer et 1 chemise bien soldée. SMS à C*** Me suis trompé de j. 2 dates. Déjeuner avec Aymeric. Vanneau et son mur végétal. [A passé son] dimanche avec [X***]. Lui retrace les évé vécus entre-tps, un peu co avec T la veille. Réactions pour la +part ≠. Amusant. Selon lui, **** pourrait ê tt bonnemt déprimé. Est allé la veille voir expo Jacq-André — l’1 de celles qui pouvaient m’intéresser. Renonce à aller au M du Luxbg, au su du peu d’attente. De fait, 10 mn. Bcp de monde tt de m dans les salles. Des joliesses colorées qui /touchent pfs à/ 1 sentimentalité ± mièvrerie. J’aime de - en – les préraphaélites — déjà à Orsay avais été déçu par les Dante Rossetti. Expo vite parcourue. Façade emballée. Ai RV de tte façon avec mon logeur. Après la tempête du matin & la pluie — co la veille — beau ciel bien pomponné. Ai eu un joli tps pour mon séjour. L’an dernier, ds le studio de V le chauffage était déjà mis…
Lundi 28 octobre
L’exposition à l’Hôtel de Ville sur l’art brut — que je vais voir comme si j’y amenais les yeux de J.-M. pour m’accompagner — ne paraît pas susciter l’enthousiasme des foules : on y entre sans faire aucune queue ! Je m’en réjouis, moi qui avais renoncé par deux fois à voir au même endroit “Paris et les impressionnistes”...
Si beaucoup d’œuvres laissent songer à des dessins d’enfants — quand je ne fais pas preuve d’agnosticisme, je reste, devant certaines des productions de « l’art brut », malgré les yeux que me prête si bénévolement J.-M., qui se navre derrière mes épaules, un indécrottable béotien... —, j’en trouve certaines autres très fortes malgré tout...
J’achète une carte postale, non pour l’adresser (à qui envoyer cela ?), en songeant d'ailleurs qu'elle ne fait pas justice à l’œuvre originale...
Je flâne ensuite en attendant l’heure du déjeuner. Et, puisque ce sont les soldes au B.H.V., — j’en photographie la vitrine, qui me paraît bien révélatrice de notre époque “connectée”, transfusée par les marques qu'imbéciles nous consommons, en attendant la “transhumanité” que certains illuminés, quelques furieux et grotesques appellent si fort de leurs vœux —
j’achète un boxer et une chemise, tous deux bien soldés.
Midi
J’ai rendez-vous avec Aymeric pour que nous déjeunions ensemble. Je traverse la Seine et me rends dans le XVe.
La laideur achève de s’emparer de Vaneau :
cette paroi vertigineuse qui écrase, noie, ensevelit la bouche de métro, ramène le porteur d'eau à la dimension d'un homoncule, devrait être recouverte d’un « mur végétal »... Il n’est pas certain que cette invention lexicale à la mode, sortie des méninges d'un paysagiste ou du cerveau d'un d'architecte, atténue beaucoup ce niagara de hideur...
Nous prenons de nos nouvelles, Aymeric et moi. Lui a passé son dimanche avec X***. Comme avec T. la veille, je retrace les événements vécus lors de la semaine écoulée.
Pour la plupart, ses réactions et commentaires à propos de Cyril ou de **** diffèrent d'ailleurs de ceux de T. Je m’en amuse intérieurement : est-ce moi qui raconte mal, ou bien toute saisie des autres s'avère-t-elle difficile en général ? Quant à lui, Aymeric pense tout bonnement que **** doit être en proie à la dépression : je serais assez enclin à suivre son analyse — non que ça m’arrange, non que ça soigne ainsi mon ego, mais parce que je recoupe en esprit certaines paroles, certains détails qui iraient assez en ce sens...
Aymeric me dit être allé la veille voir l’exposition sur les préraphaélites au musée Jacquemart-André, l’une de celles qui pourraient m’intéresser. Comme il m’assure avoir peu attendu avant d’entrer, je renonce à aller au musée du Luxembourg, dont je sais chère l’admission et réduite la surface d’exposition...
Après-midi
De fait, je n’attendrai qu’une dizaine de minutes. Il n’empêche que les salles, après mes visites dans les musées de Lille, restent saturées de visiteurs... Certaines joliesses colorées, certains alanguissements, certaines chloroses de l’époque confinent à une sentimentalité déplaisante, à quelque mièvrerie outrée qui me rappelle l'exposition vue à Orsay à l’automne 2011 : j’aime, il faut croire, de moins en moins les préraphaélites...
L’exposition est vite parcourue. Et je me retrouve bientôt dehors (j’ai d’ailleurs rendez-vous avec mon logeur et ne pourrais guère m’attarder). Je m’amuse que la façade sur cour de l’immeuble soit emballée d’un trompe-l’œil...
Assis sur un banc, je la photographie, en prolongement d’autres photos.
Et photographie un de mes pieds — clin d’œil adressé à Y***.
Après la tempête, la pluie battante du matin, comme la veille, la couverture nuageuse grise a cédé la place à un beau ciel bien pomponné...
Je songe alors que j’ai eu un bien joli temps pour mon séjour... Il faisait autrement plus froid l’année précédente, et je me rappelle que, dans le studio de V., le chauffage était déjà mis... Je me rappelle aussi les trombes d’eau alors que je me rendais le cœur battant au rendez-vous avec Julien X — à qui je pense souvent comme malgré moi...
* * *
EN GUISE de POINT D’ORGUE ou d'ÉPILOGUE
Je reçois quelques temps après (le 4 décembre) un message de ****. Il me demande de l’excuser d’avoir été de si mauvaise humeur lors de notre rencontre. Il n’avait pas très envie de sortir. Pas envie, écrit-il, d'« entendre parler de frivolités ». (Je m’amuse de lire ainsi qualifié ce qu’il m’arrive de retracer à ****, qui n’est d’ailleurs généralement pas en reste et sait si bien raconter ses rencontres avec quelque lover de bonne ou mauvaise fortune ! — et rêve un instant au titre d’un film autrefois Sérieux comme le plaisir, film que je n’ai d’ailleurs jamais vu. Car il n’est pas vrai, au moins pour moi — mais je ne crois pas que ça le soit non plus pour **** —, que je sois en quête de frivolités.)
Des soucis de santé, explique **** ensuite, lui ont sapé le moral tous ces temps derniers... Et de conclure : « Néanmoins je n'aurai pas du m'en prendre à toi... pardon. »
Aymeric avait donc raison...
Et le message efface comme une sueur au front le reste de tristesse, sinon d’amertume, qui me demeurait de notre soirée d’octobre.
Encore celle-ci était-elle moins sans doute une sommation qu’une entrée un peu rude dans l’hiver... avant le printemps marrakchi !