535 - À PAS COMPTÉS, journal extime (0)
BRUXELLES - SÉVILLE - BRUXELLES
À PAS COMPTÉS (journal extime)
(1er - 10 mai 2014)
J’ai beaucoup aimé Séville. J’ai beaucoup aimé la ville elle-même. Et même si j’ai moins aimé les pointes de chaleur qu’un mois de mai laissait peu prévoir, j’étais content de rompre en visière définitivement avec l’hiver.
J’ai beaucoup aimé Séville, ainsi que Pascal l’avait pensé, qui m’avait recommandé d’y aller : ça te plairait, m’avait-il dit... — preuve étant faite que Pascal, même si nous nous voyons peu, me connaît bien, ou, du moins, connaît bien ce qui n’a pu changer chez moi...
— Même si je m’y suis senti seul parfois, j’ai beaucoup aimé Séville.
Jeudi 1er mai
Je n’ai pas trouvé de vol direct pour Séville, sauf à transiter par Madrid et, parfois, faire un trajet de deux jours ! C’est F., mon coiffeur, qui m’indique que je pourrais sans doute atterrir à Faro au sud du Portugal... Cela me sourit assez. Je songe évidemment à Julien, qui, d’ailleurs, me demandera plus tard si le Portugal — que je n’aurai guère fait qu’entrevoir et traverser — m’a plu.
Julien. Je l’invite à me rejoindre, comme je l’avais fait pour Marrakech. J’imagine pourtant bien que Séville l’attire moins que Marrakech... Julien. Je me plongerais, moi, volontiers, dans la savane velue de son torse et de ses jambes, et forge tout à trac des paronomases, paragrammes et autres anagrammes qui le représentent sans — j’en conçois un regret brûlant (autant que j'ai le remords de ces exécrables jeux de mots à la pente de quoi je cède toujours !) — que ma rêverie le convoque. Car Séville, c’est veule, c’est velu, et, s’il n’y avait cette veulerie qui l’empêche de vivre son désir des hommes, Julien serait parfait. — Et, s’il y a toujours un hic en matière de lover, j’ai pour Julien une tendresse particulière, j’ai pour lui un vrai désir amoureux — d’autant plus amoureux peut-être qu’entre un impossible et un renoncement je choisirai toujours l’impossible, aussi longtemps du moins que nos conversations seront nourries du plaisir qui nous secoue depuis désormais trois ans et nous ont amenés à nous voir deux fois.
Quoi qu’il en soit c’est à l’ascendance portugaise de Julien que je dois d’avoir finalement réservé un vol Bruxelles-Faro. Et, quoi qu’il en soit, c’est à Marrakech que je songerai à maint moment, de cet autre côté du détroit de Gibraltar.