547 - À PAS COMPTÉS (journal extime) (11)

Publié le par 1rΩm1

BRUXELLES - SÉVILLE - BRUXELLES

À PAS COMPTÉS (journal extime)

(1er – 10 mai 2014)

7 mai
 
Mal dormi (fait de se lever tôt). En avance de près de 30 mn à la gare, mais ai manqué mon covoitureur (il était joli garçon !) Train pour Cordoue.
 
(Puisqu’il est interdit de fumer dans les restaurants depuis le 1.1.06 j’étais à Madrid à Noël 2005.)
Je regrette de n’avoir pas pris d’autre livre que le guide...
La Mezquita.
Difficile ds 1 1er tps de se repérer ./. stations programmées de l’audio-guide. Tombe en panne. Achève sans la visite. On m’en propose un autre et de rentrer à nouveau (par la sortie).
Musée des Beaux-Arts. Le Palacio de Viana et ses douze patios — idéal pour se reposer.
Je ne me vois pas attendre 3 h mon covoitureur.
J’achète billet, me fait traduire à l’office du tourisme de la gare 1 message q j’envoie fais envoyer ds 1 magasin officine [ ?] internet. Refuse gentiment q je le paie. Tissu de mensonges mais au moins Jesus M est averti.
Je n’en peux plus de ma journée.
 
Ds le train du retour, je fais ce q d’ordinaire je ne fais js : j’écoute de la musique au casq de mon téléphone. Alborada del Gracioso : une éternité q je n’avais pas entendu cela + rapsodie espagnole
 
Pour la feria, les Espagnols se mettent sur leur 31, garçons et filles. Les adolescents qui viennent d’entrer ds le wagon y vont très certainement.
 
Journée de couacs.
Message de Jesus M. N’a pas reçu — apparemment — le SMS.
Stephan à peine arrivé q djà reparti. Invitation pourtant excitante, à attendre sa venue derrière des jalousies.
Message de S. Ne viendra pas à Metz.
Patron du bar essaie gentiment d’engager la conversation ds 1 galimatias franco-anglais. Me fais de sévères reproches de mon incurie linguistiq.
 
Un RV est lancé avec Arnaud, d’agréable souvenir, qui semble encore sur ***, en guise de consolation (encore improbable !)
Ts ces expédients sonnent un peu misérablement ce soir.
 

7 mai

Je dors particulièrement mal, parce que sans doute je dois me lever tôt. Et j’ai près de trente minutes d’avance quand j’arrive devant la gare où j’ai rendez-vous avec un covoitureur pour me faire emmener jusque Cordoue.

Je n’en connaîtrai jamais les raisons : peut-être n’ai-je pas compris à quel endroit il fallait me poster, mais mon attente sera vaine ;  jamais je ne ferai la connaissance de ce joli garçon — si j’en crois du moins la photographie déposée sur le site de covoiturage — auprès duquel j’avais réservé une place de passager ! et me voici donc obligé de prendre le train.

Je regretterai, durant le trajet, ayant compté sur un dialogue pour occuper le temps du voyage, de n’avoir pris d’autre livre que le guide...

*  *  *

(Je n’ai conservé de ma visite de Cordoue que des photographies floues ou ratées. Les notes prises sur le moment sont très partielles. Je me rappelle une forte chaleur dès la fin de la matinée, qui m’a fait chercher l’ombre pour arpenter la ville. Je me souviens aussi m’être repu les yeux à foison, même si j’ai préféré, et de loin, dans ma visite de la Mezquita, la mosquée à la cathédrale, la partie baroque de l’édifice provoquant, en particulier, une indigestion visuelle... Je me rappelle également avoir beaucoup marché : la ville médiévale n’est, certes, pas immense, mais, dans le lacis des ruelles de la Juderia, il se produit fréquemment qu’on tourne en rond... Et, d’avoir piétiné dans les musées et les palais, je me trouve en fin d’après-midi les pieds fourbus, la tête accablée par tant de splendeurs — et définitivement pénétré de mon insignifiance...)

 

Matin

Je visite la Mezquita. La première impression est celle d’une désorientation. La métaphore consacrée de forêts de piliers trouve tout son sens ici tant il est difficile au premier abord de se repérer dans les stations programmées par l’audio-guide inclus dans le prix de la visite. 

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Photographies : © Internet

 

La seule photographie à peu près nette est celle que je fais du mihrâb, dont l’éclat resplendit.

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L’audio-guide tombe en panne, et j’achève la visite sans lui. De toute façon, les vagues de stalles et la chapelle baroque découragent le sentiment esthétique par la profusion de leurs éléments décoratifs, par leur surcharge.

Tout de même, on me propose, au moment où je rends l’appareil, de m’en prêter un autre et de rentrer par la sortie, ce que je fais, mais en sélectionnant, cette fois, mes propres arrêts.

 

Après-midi

Je n’ai plus de souvenir de l’endroit où j’ai déjeuné. Je sais avoir emprunté le pont romain sur le fleuve et avoir joui de la vue sur la ville médiévale. Je sais avoir vu le Musée des beaux-Arts et avoir photographié un saint Sébastien peu commun, un adolescent presque gamin encore — et malingre —, qui n’aurait peut-être pas suscité de rêveries érotiques chez Mishima.

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*  *  *

Je me rappelle bien sûr avoir visité le Palacio de Viana et ses douze patios comme autant de stases pour un peu de quiétude.

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*  *  *

Il est dix-sept heures, j’explore les lieux proches du parking où je suis censé attendre mon (second) covoitureur, ne suis pas certain de l’endroit, et, fort de l’expérience du matin, ne me vois pas attendre presque trois heures en battant la semelle dans ce centre ville moderne où je suis parvenu, d’une laideur d’autant plus remarquable après tout ce que j’ai vu durant la journée...

Je décide de reprendre le train pour Séville. J’achète donc un billet, me fait traduire ensuite un message à l’office de tourisme de la gare, en demandant où je pourrais trouver un endroit où envoyer un SMS. Des explications m’étant données, je m’y rends donc, non sans errer quelque peu ; sur place, mon interlocuteur, sans doute pakistanais, entend assez bien mon anglais, assez en tout cas pour s’occuper du message en question ; il refuse très gentiment, en outre, que je le paie.

Je repars, la conscience allégée d’avoir tout fait pour prévenir Jesus M (j’ai oublié, depuis, à quel prénom correspondait cette initiale : je ne serais pas surpris qu’il s’agît de Maria, la sagrada familia, les saints et les apôtres ayant souvent leur mot à dire en Espagne, jusque dans les guerres civiles !) de ma défection, même si les lignes envoyées ne sont somme toute qu’un aimable tissu de mensonges...

Dans le train du retour, pour m’emporter sur ces rails, ce que je ne fais presque jamais — sauf quand j’allais de *** à Châlons-sur-Marne, trajet de sinistre mémoire —, je me soulève de musique, recourant aux écouteurs du portable. Il y a loin — naturellement — du “walkman” antédiluvien (peut-être même n’était-il qu’un appareil à “cassettes” pourvu d'écouteurs...) à ces appareils numériques multifonctionnels et sophistiqués que sont nos téléphones mobiles actuels, même si la musique ne s’en porte pas nécessairement mieux... J’écoute Alborada del Gracioso, puis la Rapsodie espagnole, puis Pavane pour une Infante défunte — tandis que le train, après avoir été immobilisé quelque temps sans qu’on nous en indique la raison, entre en gare de Séville. Dans le compartiment, ont pénétré, vêtus de leurs plus beaux atours, des jeunes filles et garçons dont je suppose qu’ils doivent se rendre à la féria. Ces adolescents mis comme pour leurs propres noces n’ont tout de même pas l’air de tout à fait s’appartenir, et je tique un peu...

*  *  *

Rentré dans le studio, je trouve un mail de Jesus M., qui s’étonne de ne m’avoir pas trouvé... Il n’a apparemment pas reçu mon message...

*  *  *

La soirée s’achève comme a commencé la journée : dans des ratages. Au moins aurai-je vu Stephan, ce touriste allemand égaré comme moi à Séville. Nous conversons depuis la veille au moins : il parle très bien français et a un solide sens de l’humour, et cet échange nous a incités à une rencontre. Je le guette donc derrière mes jalousies à demi enterrées. (J’ai oublié, depuis, quel sésame sonore nous avions convenu, quel « qui va là ? » de circonstance — un simple SMS peut-être —, quand bien même aucun jaloux, aucun barbon ne se souciait de notre appointment de fortune, et qu’aucun valet industrieux ne présidait à nos destinées...)

A peine arrivé, cependant, que Stephan repart : je ne devais pas être à la hauteur de son  ou ses fantasmes...

Je reçois aussi un message de S., à qui, puisque je n'ai pas trouvé de covoiturage entre Metz et *** et puisque elle m’en avait fait la proposition avant que je parte, j'en ai adressé la demande, me dit qu’elle ne pourra finalement pas venir me chercher, sa soirée désormais prise...

Je n’ai pas sommeil. Il n’est pas bien tard d’ailleurs. Je regrette de n’avoir pas proposé à ce Stephan de prendre un verre, ce qui, au moins, nous aurait permis de bavarder... Dans ce bar où je bois une bière, le patron, très gentiment, tente d’engager la conversation dans un galimatias franco-anglais : ni les sujets abordés ni le cœur n’y sont cependant, d’autant que nos ressources apparaissent limitées. Je me fais de sévères reproches de mon incurie linguistique ordinaire — et songe qu’Aymeric aurait, s’il avait dû voyager en Andalousie, appris quelques rudiments d’espagnol... J’entends en moi appuyer l’aïeul espagnol à ce sujet...

Je rentre un peu triste. Comme pour me consoler, un rendez-vous est bientôt pris avec Arnaud, d’agréable souvenir — rendez-vous encore improbable, mais qu’il fallait prendre puisque il sera à *** à mon retour — et ce, même si l’expédient (encore qu’Arnaud soit mieux qu’un expédient !) pourrait sonner misérablement ce soir...

Et, cherchant sur la toile quels sont ces fruits délicieux que j'ai mangés ces jours derniers, trouve, à mon grand étonnement, qu'il s'agit de nèfles, fruits souvent décriés !

 

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