544 - À PAS COMPTÉS, journal extime (8)
BRUXELLES - SÉVILLE - BRUXELLES
À PAS COMPTÉS (journal extime)
(1er - 10 mai 2014)
4 mai [suite]
Après-midi
La cathédrale est fermée. Mais on peut se lancer à l’assaut de la Giralda, qui m’évoque irrésistiblement sa sœur marrakchie, la Koutoubia, de l’autre côté de la Méditerranée...
Je fais donc la queue, réduisant agréablement l’attente en bavardant avec un couple de Français avenants dont la fille fait des études ici et qui sont désappointés de devoir repartir le lendemain sans avoir vu l’intérieur de l’édifice religieux.
Le panorama, la ville s’étalant aux regards, n’est pas sans attraits — et, comme à Marrakech, Kairouan, Arles... l’œil se trouve submergé par les terrasses et toits.
Faisant ensuite le tour du bâtiment, je trouve bientôt l’entrée de l’Alcazar — et me glisse dans la file d’attente...
Et... comment ne pas songer à Marrakech là aussi ?
— aux jardins Renaissance près, même si l’Espagne andalouse a su, je l’apprendrai bientôt, superposer siècles et religions...
Déjà épuisé par tant de pas dans ces bâtiments et jardin immenses, je prends une bière à la terrasse du café, échangeant bientôt des œillades complices — mais sans savoir exactement à quel sujet, sinon le simple contentement d’être regardé, j’imagine, pour ce qui le concerne — avec un bel adolescent de dix-sept à vingt ans, flanqué de ses parents et d’une sœur à qui le manège échappe d’autant mieux que je me trouve en surplomb, au premier étage du café alors qu’eux se trouvent à rez-de-jardin — manège (si tel est le mot) qui ne porte pas à conséquence et n’est pas pour l’un ou l’autre plus qu’une simple distraction...
Revitalisé néanmoins, je visite ensuite le lacis de petites rues et ruelles toutes proches, passant ainsi sous la prétendue jalousie de Rosaline — et repassant devant la cathédrale et la Giralda que les ombres gagnent...
Plus encore que sous le charme d’un adolescent aux complicités indécidables, je jouis du serveur du restaurant où je dîne, dont l’exubérance prête d’autant mieux à sourire que, multipliant les glissades et les poses avantageuses tout en me servant, il fait les demandes et les réponses (“Que tál ? — Allegro”) avec force sourires, courbettes, verbiages, plaisanteries — dans l’espoir d’un pourboire, supposé-je aujourd’hui que je retranscris ces lignes, n’ayant d’ailleurs gardé qu’une mémoire approximative de cet épisode (et du physique même du serveur, aucun souvenir !), alors que pourtant je revois la configuration des lieux, que je visualise précisément le coude d’une rue bordée de restaurants, celui-ci ayant été choisi non seulement pour sa carte mais parce que son enseigne consonnait directement avec le restaurant bruxellois où j’avais déjeuné la veille — et que la coïncidence m’avait amusé...