546 - À PAS COMPTÉS (journal extime) (10)
BRUXELLES - SÉVILLE - BRUXELLES
À PAS COMPTÉS (journal extime)
(1er - 10 mai 2014)
6 mai
Le matin, je flâne. Je fais des courses. J’organise ma journée du lendemain pour Cordoue. Un cordonnier a son échoppe sous le marché couvert et j’y apporte mes mocassins gris, dont le talon s’est usé jusqu’à la semelle,. Le prix qu’il demande est dérisoire comparé aux tarifs pratiqués en France.
L’après-midi, je visite la maison de Pilate. Je passe devant l’Eglise San Luis, dont je serai tout proche quand je logerai chez la jeune Française le dernier soir de mon séjour à Séville.
Les herbes folles qui poussent sur la façade achèvent de donner à cet édifice baroque — dans lequel il semble qu’on ne puisse pénétrer — une aura romantique et désertée.
J’erre un peu avant de trouver la maison de Pilate, cet ancien palais qui allie étonnamment les styles mudéjar, gothique et Renaissance, comme autant d’architectures ou d’éléments décoratifs superposés. Les statues romaines ou la fontaine au centre du patio principal, alors que certains ornements mudéjars font songer aux palais marocains, provoquent, d’un endroit à l’autre, un sentiment d’étrangeté, d’exotisme spatial et temporel, comme si le lieu condensait à lui seul le Maghreb, l’Andalousie et l’Italie, suscitant en moi des anamnèses multiples, jusqu’au vertige, me transportant à Marrakech, à Rome, me ramenant sur place, voire m’amenant dans des endroits où je ne suis jamais allé, mais vus peut-être dans des films ou des rêves, ou imaginés à partir de lectures...
* * *
Je découvre ensuite, outre les Zurbarán, ce qui est plus inattendu pour moi, de très beaux Murillo (j’ai plutôt tendance à associer Murillo, à tort je m’en aperçois, à son mendiant et des scènes de genre) sur des sujets religieux dans l’ancienne église au rez-de-chaussée du musée des Beaux-Arts — dont un Saintes Juste et Rufine.