562 - À pas étourdis, journal extime (6)

Publié le par 1rΩm1

 

À pas étourdis : Paris - Prague - Paris

(journal extime : 22 juillet - 8 août 2014)

 

Lundi 28

Je dors plus que les nuits précédentes. La pluie pourtant m’a tiré de ce sommeil. Je me suis relevé. J’ai fermé les fenêtres. Puis, toutes paupières closes, je me suis rendormi jusque sept heures — puis huit heures.

 

Ce n’est pas moi qui dénigrerai la discothèque de N. (alors même qu’inventoriant chez moi mes disques de Bach, il en avait critiqué les interprétations)... Je fais des enregistrements, que je transfère sur la carte SD de mon téléphone portable, pour m’accompagner de musique à Prague — c'est le moins qu'on doit à Prague, précisément.

J’ai reçu un courriel automatique de mon ancien fournisseur d’accès (selon l’expression consacrée, qui aurait fait beaucoup rire Léo Ferré).

Je sais — pour l’avoir noté — que je fais des courses pour dîner le soir avec Aymeric.

 

Je retourne chez Pascal et F. : j’ai fait la veille le ménage à la nuit tombée et ne suis pas certain que le nettoyage effectué n’ait pas laissé de traces sur les meubles de cuisine au très joli stratifié grenat brillant...

Sous le ravissement de l’ange du Concerto pour violon de Berg, je n’entends ni ne vois le début de l’agression qui a lieu dans le métro. La rame s’en trouve retardée. (J’ai oublié, depuis, les détails de l’incident.)

 

Chez Pascal et F., je suis satisfait de constater qu’aucune trace finalement n’est visible sur les éléments de cuisine.

Je téléphone à Patrice, qui, une demi-heure plus tard, m’attend près de la statue équestre qui jouxte la Pyramide du Louvre et me fait entrer à l’exposition Louvre Abu Dhabi, naissance d’un musée...

Je vois là de très belles pièces — si les principes de juxtaposition en sont discutables (à dire vrai, il n’en existe aucun : il s’agit d’acquérir à prix d’or, puisque, ai-je appris par Bruno, ce musée à naître — mais, en un sens, c’est heureux — ne bénéficie d’aucun droit de préemption, des œuvres de toutes époques et tous horizons sur lesquels une unanimité existe). 

Je suis très sensible à la princesse de Bactriane, 

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m’abîme dans un très beau Murillo, le Songe de Jacob.

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J’aime aussi beaucoup le samovar de Joseph Hoffmann, 

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le Bodhisattva debout 

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ou ce portrait équestre du Maharao Sheodan Singh d’Alwar, qui me rappelle mon séjour au Rajasthan — et les peintures sur soie (certes, beaucoup moins belles !) que j’y avais achetées.

562 - À pas étourdis, journal extime (6)

 

Soir

J’attends Aymeric dans ce café au pied de la Tour de Montparnasse qui est notre lieu de rendez-vous le plus usuel. Mon intuition me dit que Duncan doit être à Paris, et je le guette (j’apprendrai plus de six mois après que, de fait, il était bien à Paris, mais qu’il rentrait après 23 heures du chantier où il intervenait en tant qu’interprète parlant français, américain et turc…).

 

Aymeric se montre un peu fatigué. Il est en attente, en hâte d'être en congé, de partir. Nous dînons agréablement à la cuisine. Il a soin de me complimenter sur mon assaisonnement : le reste a été acheté dans un magasin de surgelés… Il se dit “égalitariste” — ce dont des amis, ajoute-t-il, lui font parfois grief. Je plaisante à ce sujet (toute tête qui dépasse se verra trancher, ou quelque chose du genre), mais je lui ressemble sur ce point. Je me méfie d’ailleurs dès longtemps de ceux qui préfèrent la liberté (dont on aimerait savoir la façon dont, pour eux, elle dodeline de la tête et pour qui ou quoi elle penche) à l’égalité — et, quant à la fraternité, elle a dû sans doute s’extrader dès longtemps dans quelque pays dont on boude ou méconnaît les frontières... Quoi qu’il en soit, déconnecté de toute actualité depuis six jours, je n’ai pas entendu parler des disparus du vol algérien, ni du deuil national décrété par François Hollande, entre autres hochets médiatico-politico-circassiens de l'été....

J’ai acheté des mini cheese-cakes en dessert. Nous nous amusons de ce que, dans une récidive, nous faisons à l’envers chacun notre déclinaison des quatre sortes de l’assortiment. Mais c’est pour tomber d’accord sur ce que nous préférons finalement.

Nous buvons un verre ensuite (lui, un café), dans son quartier. Je m’inquiète du trajet retour, que je trouverai sans peine en fait. Son lieu de travail — où il a laissé son vélo — n’est vraiment pas loin de l’appartement de Judith. Comme la fatigue paraît le saisir, que je l’ai fait veiller un peu tard la fois dernière, je lui propose de rentrer.

 

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