561 - Janvier 2015 [journal tressé] (5)

13 janvier

Matin

Rendez-vous est pris depuis trois semaines avec un rhumatologue ayant pour spécialité secondaire la neurologie.

Les picotements apparus après l’incident de septembre 2011, courant du dessus du poignet au coude droit, qui avaient en leur temps fait songer mon médecin à un possible AVC entre autres symptômes, n’ayant jamais complètement disparu, voire s’étant mués en lancers comme de myriades de piqûres d’aiguilles m’éveillant la nuit, ou comme ces brûlures qu’on ressent sous la croûte d’une plaie en journée, mon médecin, consulté en décembre (pour une simple fatigue généralisée alors qu’une « crève » semblait vouloir rançonner un peu mes vacances à venir et contre laquelle je voulais donc me prémunir) et à qui je narrais cette persistance, m’avait alors enjoint de prendre rendez-vous chez ledit confrère (choisi par ses soins en feuilletant les pages jaunes de l’annuaire).

Mon tortionnaire à venir me prévient : « ce ne sera pas agréable ». Trente-cinq ans, sérieux, grand, brun, presque raide, en tout cas peu souriant, plutôt bel homme — maigre consolation —, il applique des électrodes dans un premier temps sur les endroits incriminés (ne négligeant pas pour autant les mêmes membres à gauche), puis plante des aiguilles dans divers muscles entre la main et l’épaule droites et envoie à nouveau des décharges électriques. Et de conclure que tout est normal. Mais que, quand même, les choses restant inexpliquées, je devrais voir un de ses confrères neurologues, avec lequel une secrétaire me prend rendez-vous fin février...

Je me prends à aimer la science de tout cœur !

Après-midi

Un bourreau, plus convenable en apparence mais bien plus retors en vérité, m’attend à mon travail.

Ce supérieur hiérarchique, qui me fait songer au grand Duduche avec son duffel-coat, n’aura pas un mot aimable pour mon travail.

L’entretien dure plus d’une heure. Chaque phrase que je prononce porte à faux, je le sens — à moins qu’ait été décidé d’avance (mais cela, je n’y songerai que bien plus tard !) qu’il en serait ainsi pour que réorganiser le service dans le sens où l’entend cet aimable monsieur qui commente avec une voix presque douceâtre et le sourire chacune de mes propositions d’une pointe assassine...

Il se peut aussi que nous n’ayons pas du tout la même conception de mener le travail, cet homme-là et moi — ce qui serait commode pour accuser l’exécuteur des basses œuvres tout autant !

*  *  *

Bon. Je me le demande : qu’ai-je préféré ? les électrodes ou l’homme en duffle-coat ? — difficile de se prononcer au terme de pareille journée !