583 - À pas étourdis, journal extime (15)
À pas étourdis : Paris - Prague - Paris
(journal extime : 22 juillet - 8 août 2014)
5 août
Je consacre ma matinée à des emplettes : j’ai cassé une assiette à dessert, dont j’achète quelques remplaçantes, de façon à augmenter le cheptel un peu rare de la vaisselle du studio. Mon carnet s’étant beaucoup empli ces temps derniers, je lui trouve un équivalent spiralé mais beaucoup plus épais,
dont je pourrai arracher les pages à mesure que je les aurai retranscrites, ce qui se fera néanmoins lors d’un prochain séjour, car, pour l’heure, j’écris sur les pages de gauche restées vierges, les quarante-huit autres pages ayant été bien vite noircies. Sur la place du marché non loin du studio, j’achète des framboises.
Après-midi
Je bois une bière brune dans l’une des très belles salles au sous-sol de ce bâtiment 1900 qu’est la maison municipale, restaurée à l’identique de ce qu’elle était — et que je me promets de visiter le lendemain. Les céramiques me conquièrent. Et les vitraux, pour industriels qu’ils soient, n’en imposent pas moins leur stylisation réussie.
La grande salle destinée à la restauration brille de tous ses lustres, mais reste inaccessible. Je m'avance néanmoins pour prendre un cliché furtif, avant qu'on me refoule. Du sol au plafond, les arts décoratifs rivalisent à qui mieux mieux. Seules déplaisent véritablement les chaises en bois à l'inconfort certain malgré les coussins, laides dans leur esthétique de taverne germano-tyrolienne, ainsi que les corbeilles qui occupent le centre des tables... L'endroit, quand il est peuplé, doit être insupportablement bruyant...
Loin de me rebuter dans mes prises de vue, un serveur, charmant, m’introduit dans la salle attenante qu’il m’ouvre [le Bar américain], libérant le cordon qui en fermait l’accès, tout en en allumant les luminaires…
Ma bière brune bue, je vais ensuite le nez au vent dans la vieille ville…
J’ai beaucoup trop pris de photos, je crois…
Revenant sur mes pas vers Náměstí Republiky, j’achète une chemisette dans un centre commercial comme il en est dans toutes les villes du monde — et qui n’existait évidemment pas quand nous arpentions cette avenue, R. et moi !
Soir
Je retourne dans le quartier de la tour de la télévision, afin de prendre un verre dans un bar gay dont j’ai noté l’adresse. Je revois l’Eglise du Sacré-Cœur…
Il est tôt encore (à peine plus de vingt-deux heures), et nous sommes quatre dans ce sous-sol exigu, sans compter le barman. Mon verre vide, après que j’ai décliné son offre d’un second, ce dernier se campe bientôt devant moi, et je m’entendis dire : « You stay or you pay ? », invitation bien peu aimable qui
, sans trop barguigner, refluer vers l’extérieur… Je serai resté une trentaine de minutes tout au plus… C’est la première fois que je me fais ainsi éconduire d’un bar…
Je prends le métro pour arpenter les ruelles désertes au pied du château
— où (c'est le seul endroit qui ne soit pas désert) se font photographier des touristes japonais.
C'est le premier soir que je veille si tard... La fatigue l'emportant, je me décide à rentrer.