590 - Journal extime avec vue (sur l'Arno) (Florence, automne 2014) (4)
24 octobre
Matin
Je trouve ma visite à l’Accademia décevante — hormis les sculptures de Michel-Ange.
Peut-être parce que je ne l’ai pas parcourue entière : une feuille imprimée au format A4 prévient à l’entrée que certaines salles seront peut-être inaccessibles, en effet, du fait d’une grève du personnel. Je n’y vois en tout cas ni la Marie de la Mer, ni Vénus et Cupidon, réputés les chefs d’œuvre picturaux de l’endroit.
Peut-être, également, parce que j’ai les yeux emplis encore de tout ce que j’ai vu la veille à la Galerie des Offices…
Parmi les nombreuses peintures et fresques du Moyen-Âge, je photographie cette vierge à l’enfant entouré de saint Jean-Baptiste, de saint Bernard et de huit anges, peut-être parce que saint Jean me donne l’impression de se retourner sur mon passage, même s’il risque peu de me convertir…
Comme j’ai les pieds blessés dans mes baskets — un comble ! — trop neuves au cuir tout raide encore, je m’achète une paire de mocassins en daim, un rien trop grands pour mes pieds — au moins ai-je trouvé des chaussures censément à ma taille, le 39 devenant presque introuvable en France — et j’aurais donc tort de trop me plaindre...
Je visite San Lorenzo et la Chapelle des Médicis : il s’y trouve beaucoup moins de monde que devant le David — et les sculptures de Michel-Ange sont superbes !
Plus tard, je m’amuse que le tranche-Gorgone du Persée reproduit en carte postale que j’y ai acheté pour Aymeric — qui m’avait dit l’aimer beaucoup — serve (détail dont je ne m’aperçois donc pas immédiatement) de cache-sexe à l’impudent héros.
Après-midi
Le petit vent venu du Nord qui fraîchissait considérablement l’atmosphère a faibli. Je renonce à la veste en cuir.
Je fais une promenade à travers la Florence de la Renaissance. Mais j’en ai déjà épuisé un certain nombre de lieux en visitant certains endroits, ou en arpentant à l’aventure les rues les deux jours précédents.
Après 17 heures, au soleil à la terrasse d’un café, je fais ma correspondance. Je me suis souvenu n’avoir pas baissé les températures de mon thermostat programmable — et songe à l’éventualité de températures automnales désormais à ****, tant et si bien que le chauffage pourrait se déclencher. J’écris à Valérie pour qu’elle s’occupe de cela quand elle arrosera les plantes dans mon appartement. Encore préoccupé par cet oubli et embarrassé d’avoir dû recourir aux bons et loyaux services de Valérie, j’écris à B. pour lui proposer de passer une soirée ensemble à mon retour — et appelle B. Valérie ! Je reçois alors une réponse sur un ton légèrement pincé — et me reproche ma bourde : je fais aussitôt amende honorable auprès de B., que je sais chatouilleuse sur les questions de préséance et d’identité... Je trouve aussi sur mon journal des commentaires de Julien [W]. Bref, j’écris — et m’en trouve bien.
C’est là peut-être d’ailleurs l’activité la plus substantielle de mon esprit — n’étant pas toujours certain de bien me repaître les yeux de peintures et de sculptures, n’étant pas toujours certain d’en bien posséder le langage...
(Reprenant un ancien article de GayAttitude et y renvoyant, je suis contrarié de voir que les transformations que j’ai dû apporter ont aussi modifié le format des photographies d’origine, lesquelles débordent largement du cadre que l’écran de mon ordinateur portable leur impartit ! De n’avoir pas le contrôle de cela — alors que, bien évidemment, il faudrait en être maître... — continue de m’irriter et me conforte dans ma décision d’avoir plié bagage... Je devrais tout de même approfondir les possibilités du nouveau site qui héberge mes écrits, ce que je n’ai guère eu le loisir de faire jusqu’ici...)
Soir
Seul m’importe véritablement d’écrire — décidément. Isn’t it silly (I guess so !) ?
(Pourquoi ce joli garçon qui me sert n’est-il pas doté d’une belle voix ?)
En dépit des deux heures nulles du début de l’après-midi, je crois avoir trouvé l’équilibre parfait entre profiter de Florence, lire, correspondre, écrire...