619 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (2)
À pas dansés
(Paris, Bratislava, Vienne, Paris)
Journal extime (24 juillet-12 août 2015)
24 juillet [suite]
Paris, fin d’après-midi et soirée
TGV sans histoire (et presq sans trajet !)
Il fait chd tt de m sur les quais de la gare de l’E
Il pleut quand j’arrive à Montparnasse
Fais connaissance de Francis, bavard, un rien snob, fais quelques courses (dont qq articles pour lui, notamment un Cabichou — appellation dont je n’avais js entendu parler)
M’installe ensuite à la M
Trouve 2 SMS (avais oublié de rétablir la sonnerie du portable, coupée pour trajet TGV)
En envoie un à Duncan
Suis occupé à ces conversations croisées qd N arrive, à l’h
Jean (celui aux poches plaquées, coupées de biais) et tee-shirt blanc
(je lui dirai pour chemisette bleue)
Le voyage en TGV jusque Paris, vécu dans la pleine quiétude de posséder un billet valide (je ne serai de toute façon pas contrôlé), se fait sans histoire, au point de paraître presque sans trajet ! (J’éprouve toujours de la surprise et de la satisfaction à comparer ces déplacements d’une heure et demie aux trajets d’autrefois, qui duraient trois heures.)
Il fait chaud tout de même sur les quais de la Gare de l’Est. Quand j’arrive à Montparnasse, je vois qu’il s’est mis à pleuvoir…
Tout en tirant ma valise jusque chez Judith et N., je suis un peu inquiet d'ignorer si Francis sera là pour m’accueillir. Or, il est en train de dévaler l’escalier au moment où je traverse dans la cour (je me dirai après coup que, si j’étais arrivé une minute plus tard, il aurait été dans le studio de N. — et que j’aurais alors donné un coup de sonnette dans le vide…).
Nous faisons connaissance. La poignée de mains rituelle échangée, je propose que nous nous tutoyions. Après cette ouverture, je me trouve peu à peu noyé sous un flot de paroles désordonnées, où mon interlocuteur cherche
à briller… Je le classe à part moi parmi les snobs, d’autant que, quand je dis vouloir faire quelques courses, il me demande de faire quelques achats pour lui en arguant qu’il a horreur de s’occuper de cela. J’achèterai donc du pain pour lui — et « du Chabichou », appellation dont je n’avais jamais entendu parler… (Je m’achète un Selles-sur-Cher, en songeant à Duncan.)
Je rentre porteur de ces achats, prends congé et m’installe ensuite dans le bar au pied de Montparnasse — toujours le même… — où j’ai donné rendez-vous à N***.
Je m’aperçois que j’avais oublié de rétablir la sonnerie de mon portable et découvre deux SMS, auxquels je m’emploie à répondre. J’en envoie, par ailleurs, un autre à Duncan, afin de le rappeler à mon bon souvenir.
Je suis tout occupé à ces conversations croisées quand je vois survenir N***, à l’heure, auprès de qui je dois m’excuser avant de pouvoir mettre un terme à ces bavardages électroniques.
* * *
N*** est donc là, dans ce lieu désormais familier, lui-même silhouette familière dans son jean — celui aux poches plaquées, coupées de biais, avec des boutons-pression argentés — et son tee-shirt blanc : autant dire N*** tel qu’en lui-même, qui attend patiemment que j’achève… (Je lui dirai plus tard avoir pensé lui offrir la même chemisette bleue que celle que je m’étais achetée, et note qu’il semble ni ne s’étonner ni s’offusquer de ce que je puisse ainsi vouloir le vêtir, fût-ce de bleu roi, couleur dont je craignais pourtant qu’elle pût être sans aucune compatibilité avec ses yeux bruns légèrement dorés qui peuvent tirer sur le vert, indice, m’avait-il dit la première fois que nous nous sommes rencontrés, du fait qu’il se sent bien, le pailletage se fonçant en cas contraire…)
[Jeff] rentre lundi
N’a vu personne durant son absence
Aquarium. S’est couché tard.
N*** s’emploie à me retracer les quelques semaines écoulées depuis la dernière fois où nous nous sommes vus. Elles tiennent à peu de matière, me dit-il : Jeff rentre lundi et, depuis son départ en Avignon, N*** n’a vu personne. Il s’est couché tard la veille en revanche, ayant acheté un aquarium qu’il s’est évertué à monter jusqu'à une heure avancée de la nuit. Il ne sait encore quels poissons ou bestiolicules — il évoque des crevettes naines (et peut-être translucides) — il adjoindra aux algues et cailloux (mais j’affabule peut-être à quelques semaines de distance sur le décor de l’habitat piscicole) dont il a tapissé le fond. Je m’amuse de cet aquarium qui demeurera peut-être sans poissons.
Il n'a pas repris la cigarette, qui lui manque peu, s'il regrette de ne plus fumer d'herbe.
Dînons au pied (ou presque) de chez Judith et N. Par la fenêtre, on aperçoit le pavillon en brique rouge
Service peu aimable (N n’a commandé qu’un plat, nous buvons un pichet de bourgogne blanc puis de côte de Gascogne)
Ayant un cooccupant, je ne puis, cette fois, inviter N*** à dîner. (Je le fais, comme avec Aymeric, à l’insu de Judith, mais je sais que l’un et l’autre ont un regard respectueux, peu inquisiteur, quoique intéressé pour N*** dont l’imagination est telle qu’il peut à partir de petits riens échafauder des hypothèses sur ces hôtes dont il ignore tout, incapables tous deux de malveillance ou d'indiscrétion...)
Je propose d’aller dans un restaurant indien de l’avenue du Maine, que nous trouvons fermé. Nous dînerons finalement au pied (ou presque) de l’immeuble où N. et Judith habitent. Par la fenêtre, on aperçoit le pavillon en brique rouge sous un angle inhabituel qui me le fait considérer autrement, et j'ai le regret que l'appareil photographique soit resté dans la valise...
Le service est peu aimable. N*** n’a commandé qu’un plat, nous buvons un pichet de bourgogne blanc puis de côte de Gascogne, ceci expliquant sans doute cela, et, si mon plat principal est bon, il n’a rien d’exceptionnel : il n’égale pas, loin s’en faut, le lapin à la moutarde que mitonnait Neisha, ni même celui que m’avait préparé François le soir où j’avais dîné chez lui…
Raconte Strasbourg — et Julien (un très long différé alors q je dis tout à N en principe)
Sa plaisanterie à propos des petits jeunes qu’il m’abandonne
Précisément, en ce moment, Rémi et Sofiane m’occupent bcp
Je lui parle de Sami rencontré l’avant-veille : au bout de quatorze ans, la jalousie n’a plus de sens
Je raconte mon séjour récent à Strasbourg, ce troisième moment avec Julien, retraçant ce qui jusqu’alors avait été le second et que je croyais (donc) le dernier — ce 16 août que je lui avais tu, alors que je dis tout à N*** en principe… Le différé a été long. Et lui de plaisanter : il m’abandonne tous les « petits jeunes », dont [avec et sans virgule !] il n’a que faire… Précisément, en ce moment, Rémi et Sofiane m’occupent beaucoup l’esprit. L’un et l’autres sont toutefois absents de Paris, et leur rencontre demeure de l’ordre de l’improbable.
SMS en pointillés avec Duncan : déménage/ s’installe à Paris/ part au Cambodge (où se trouve Antonin !)
Ai manqué des épisodes, lui dis-je
Cela l’amuse, il m’enverra un mail (je devrai vraisemblablement le relancer !)
Duncan m’a répondu. Il n’est pas à Paris, mais à **** en train de déménager le studio qu’il louait dans sa résidence d’étudiants. Il s’installera à Paris en septembre. Dans l’intervalle, il part au Cambodge — où (complété-je !) se trouve Antonin.
Je lui dis avoir manqué un certain nombre d’épisodes…
Cela paraît l’amuser : il m’enverra un mail pour tout m’expliquer — et me donner ses prochaines disponibilités. Je songe à part moi que je devrai sans doute le relancer… (Mais j’ai noté qu’il pourrait se trouver à Paris à mon retour de Vienne, puisqu’il ne part à Phnom-Penh que le 12 août.)
La nuit est à peine tombée qd quittons le restaurant
Nous buvons un verre bd Edgar Quinet (à la terrasse de ce café où je suis déjà venu deux fois avec Aymeric)
Il est tôt, mais N est fatigué
P-ê ns reverrons-nous en août, occasion de faire connaissance avec [Jeff] ?
La nuit tombe à peine alors que nous quittons le restaurant. Nous buvons un verre boulevard Edgar Quinet, à la terrasse de ce café où je suis déjà venu deux fois en compagnie d’Aymeric.
Il n’est vraiment pas tard, mais N*** est fatigué. Nous nous quittons au pied de Montparnasse avec la perspective de nous voir peut-être à mon retour — ce qui pourrait être l’occasion d’une rencontre avec Jeff.