621 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (4)
À pas dansés
(Paris, Bratislava, Vienne, Paris)
Journal extime (24 juillet-12 août 2015)
26 juillet
J’essuie les bavardages compulsifs de Francis. Les mots se précipitent à des rythmes saccadés. A chacune de mes apparitions, je me sens comme ferré par une conversation qui me laisse sur le talus d’une route qu’il entend poursuivre seul.
Il surgit alors que je déjeune. Se lance dans des confidences… m’en préviens par avance... mais ce qu’il me dit concerne, en fait, les rapports de couple de Judith et N. ! Le procédé m’agace prodigieusement (pour employer un mot de ma mère, lequel constituait un jugement sans appel).
Selon Francis et son développement, N. serait jaloux de son amitié avec Judith. C’est pourquoi, après une saillie de N. que lui avait rapportée Judith, il avait quitté l’appartement et était demeuré introuvable pendant deux jours (ce que m’avait rapporté Judith, mais pas le reste). Ce qu’il m’apprend ensuite relève d’une indiscrétion dont il ne paraît pas mesurer la portée.
Je trouve fort pénible d’entendre ladite indiscrétion, et mon agacement va croissant.
Certes, comme le dit Francis, N. est « un ours ». Je ne savais pas — si sa parole est fiable, car rien n’est moins certain —, mais aurais aimé l’apprendre d’une tout autre façon, qu’il est « maladivement jaloux ». Il est, également, possible qu’il soit « sociopathe », ; mais ce Francis, dans son besoin maladif de parler, relève d’une “sociopathie” tout inverse — qui, je ne sais pourquoi, me révulse un peu !
Après-midi
(Pourquoi faut-il, cependant, que les génies, ou présumés tels, s’encensent du cigare ?)
J’ai fait des photos pour me faire délivrer une carte d’abonnement, mais, m’explique-t-on à l’accueil, la formule n’existe plus. Je me retrouve donc avec quatre images de moi-même, qui me narguent de toutes les façons.
De même, il pleut, et la température — à peine 20 degrés sans doute — est tout impertinente, automnale.
Je ne suis pas un fétichiste des billets de musée, de concerts ou d’expositions, mais il m’arrive d’en conserver et j’étais heureux, peu de temps avant de partir, de retrouver des traces de mes précédentes villégiatures — que j’aurais été incapable de dater avec précision :
1994 Rouen, les cathédrales de Monet
2000 Vienne : 06/08/2000 13:05 Galerie Belvedere ; 09/08/2000 10:53 Schönbrunn
Eté 2005 Berlin Exposition Brücke und Blaue Ritter [souvenir également d’une splendide exposition Goya lors de ce séjour au retour des pays baltes]
Automne 2005 : 29/10/2005 Exposition Mélancolie au Grand-Palais.
C’est donc quinze ans plus tard presque jour pour jour que je reverrai Vienne.
* * *
— Aujourd’hui, tant elle est grande et confondante, la beauté des jeunes gens me décourage.