623 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (6)

Publié le par 1rΩm1

 

À  pas  dansés  

(Paris, Bratislava, Vienne, Paris)

Journal extime (24 juillet-12 août 2015)

 

623 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (6)

28 juillet

Matin

Je fuis l’appartement.

Je règle aussi divers problèmes matériels à distance, les voies électroniques permettant de dialoguer sans être à ****. Je m’en réjouis cette fois, plutôt que je m’en attriste.

 

Après-midi

Alors que je suis en place dans l’autobus, que je m’apprête à lire, je m’aperçois que je n’ai pas mes lunettes. J’en descends, donne mon ticket à un quidam sur le trottoir.

Ne les trouvant pas immédiatement dans l’appartement, je crois d’abord les avoir perdues, ce qui ne serait pas sans précédent. Mes lunettes, en fait, sont tombées de la poche de ma chemisette dans la valise que j’ai vidée et laissée ouverte à l’intention de Francis.

Je renonce donc au musée Picasso. A la place, je me mets en route pour un musée Montparnasse, pour lequel j’ai vu des panneaux indicateurs Avenue du Maine. Je me retrouve dans une enfilade de pavillons en bois, qui semblent d’anciens ateliers d’artistes, mais le musée en tant que tel, me dit une jeune femme installée à l’extérieur, n’existe plus. Il est déjà seize heures, et trop tard pour faire autre chose. L’après-midi est donc perdue.

Fin d’après-midi

J’accompagne Francis jusqu’à la gare et l’aide, comme il me l’a demandé, à porter ses bagages. Sa valise, beaucoup plus imposante que celle que j’ai apportée, est presque impossible à soulever. La mienne, que j’ai mise à sa disposition, est pleine de livres, m’explique-t-il, et pèse aussi son poids. Il me tend des cadres vides qu’il achetés aux puces, que je porte à l’épaule en même temps qu’un sac, tandis que lui se charge d’autres sacs encore. Je comprends alors que, de fait, il avait besoin de moi !

Heureusement, la gare n’est pas loin de l’appartement de Judith. Les escalators du centre commercial que nous traversons puis de la gare elle-même sont opportunément en service et chacun peut faire rouler sa valise. Nous sommes bientôt sur le quai et, mieux épargnés que le bûcheron de la fable, mettons bas nos divers faix. Je me demande néanmoins comment Francis va pouvoir faire quand le train sera là — puisque, je l’en avais averti, je ne peux rester… J’avise alors à quelques mètres de nous un groupe de filles scouts, que je désigne à Francis, qui se montre d’abord perplexe : vu le poids de ses sacs, il ne saurait demander à des gamines de l’aider à porter. Là n’était pas mon idée et je la lui expose : elles pourront au moins surveiller ses bagages entre deux allées et venues pour qu’il charge tout cet incroyable barda !

Rassuré sur son sort, je le quitte bientôt — pour ma part allégé de sa compagnie pour les deux jours à venir !

 

Soir

Je dîne dans un restaurant népalais avec B. non loin de Jussieu.

Celle-ci fatiguée, irritée, laisse entendre d’emblée qu’elle ne s’attardera pas.

Je le vois bien et m’y résigne : B. est dans un de ces mauvais jours.

A moi, dit-elle, de faire la conversation. Si elle baille, précise-t-elle, ce sera de fatigue, non d’ennui. (Au moins, me dis-je à part moi, son esprit n’est-il pas engourdi… tout en n’étant pas certain que cet humour soit entièrement volontaire !)

Je fais donc l’inventaire de ces derniers jours, du temps passé avec Judith, N. et Laure mi-juillet alors que nous allions de **** à Metz, puis de **** à Strasbourg (je tais naturellement les détails concernant Julien, ce serait m’aventurer sur un terrain trop intime, et je n’ai pas encore suffisamment mis d’ordre dans mon esprit à ce sujet).

Mais je fais la somme des désagréments survenus ces mois derniers, façon aussi de pacifier avec de vieux démons qui ont pu pour lors se réveiller.

Je raconte aussi ma cohabitation avec Francis. Elle me confirme que la maladie de Parkinson peut jouer, ainsi qu’il m’a dit, sur les envies, et je m’en veux un court instant de n’avoir pas été toujours trop à l’écoute. Peut-être, de toutes les compulsions dont Francis paraissait la victime, ses bavardages impénitents ont-ils été les moins supportables… Quoi qu’il en soit, je me rassure, en me disant qu’après tout, même ma saillie de la veille sur ses besoins sexuels pouvait passer pour une manière de compatir — et j’avais bien noté d’ailleurs qu’il n’avait pas paru s’en offusquer…

Je me lance dans diverses anecdotes, mes voisins et leurs scènes de ménage, celui qui s’est emparé du jardin, a circonscrit une espèce de jardin zen ou je ne sais en ceinturant un espace de cailloux plats et de pierres prélevées sur les bordures, tout en arrachant des plantes et tronçonnant le buis — ce qui m'avait particulièrement irrité et fait regretter une fois de plus feu ma voisine horticole.

Je la sens se dérider, mais c’est à grand-peine que j’y suis parvenu.

D’ailleurs, tout à trac,  elle retrace de son côté les problèmes qu’elle a encore et toujours avec sa copropriété ainsi que les dysfonctionnements de l’équipe avec laquelle elle travaille (il y a eu aussi ce moment où elle me parle de A., qui ne lui répond jamais, dont elle n’imagine pas qu’elle soit fâchée…).

 

B., décidément fatiguée, ne s’attarde pas. Elle me laisse après dîner. C’est sans conséquence, et nous nous retrouverons bientôt.

 

Je reçois, en rentrant, un message d’Aymeric, que j’ai sollicité pour m’apporter diverses bricoles que je ne saurais trouver dans l’appartement de Judith sans avoir à ouvrir indiscrètement armoires et placards : « J'apporterai ce que je pense être du chatterton (mes connaissances en bricolage doivent être à l'égal de celles de N.) et 2 clous dont l'un ou l'autre devrait faire l'affaire (tant qu'on ne me demande pas de les enfoncer...). J'ai également retrouvé le guide de Vienne. Je suis même tout étonné d'avoir pu réunir aussi rapidement ce petit inventaire à la Prévert. »

 

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