635 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (16)

Publié le par 1rΩm1

 

À  pas  dansés  

(Paris, Bratislava, Vienne, Paris)

Journal extime (24 juillet-12 août 2015)

 

5 août

Je visite le Prunshall, la salle d’apparat de la bibliothèque nationale, évidemment très impressionnante.

 635 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (16)
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 635 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (16)
 635 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (16)

(Sont exposées des photographies célébrant la Vienne historique : j’y découvre un cliché en noir et blanc de la véritable Beethoven-Fries de Gustav Klimt, réalisée pour la quatorzième exposition du mouvement Secession en 1902…)

 635 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (16)

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Cela ne me ressemble guère — je songe à B. à ce propos, trait de sa personnalité dont S.  s’amuse volontiers (et que raillait souvent A.) — mais je laisse, sur proposition de mon interlocutrice derrière le comptoir à qui je m’adressais pour renouveler ma Vienna Card, une réclamation à l’Office du tourisme concernant le prix d’entrée des musées (que je lui avais dit trouver en général très chers) et le peu de réduction consenti aux porteurs de ladite carte.

*  *  *

Je rentre tranquillement à pied pour aller me faire à déjeuner, non sans trouver quelque agrément  à ma flânerie...

Fillgradergasse
Fillgradergasse

Fillgradergasse

 

Après-midi

Je renonce au Musée d'histoire de l'art de Vienne, trop abondant en tableaux et œuvres d’art après avoir vu l’intérieur de la Postsparkasse — où je m’étais promis de retourner.

© Internet

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Je suis — naturellement— étonné du contraste entre ces lignes droites et presque austères et les réalisations antérieures d’Otto Wagner, telle la Majolikhaus tout en circonvolutions, flamboiements et couleurs,

© Internet

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étonné (tout autant) de la date à laquelle le bâtiment a été construit, qui signale combien l’architecte était en avance sur son temps — l’immeuble me faisant penser aux réalisations des fonctionnalistes telles celles que j’ai pu voir à Riga, mais ce, quelque vingt ans avant eux… —, tout en m’amusant du contraste avec l’immeuble, postérieur (de six années), qui lui fait face, dans le pur style austro-hongrois tonitruant, l’aigle impérial célébrant arrogamment le règne de François-Joseph

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(lequel a son buste dans l’entrée de la Postsparkasse)…

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A la place du Kunsthistorisches Museum, je me rends au Möbel Museum Wien. J’y découvre le mobilier conçu par Adolf Loos pour la Postsparkasse que je viens de visiter

 635 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (16)
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— entre autres sièges qui retiennent mon attention —,

Chair, Thoet Brothers, circa 1904

Chair, Thoet Brothers, circa 1904

Otto Pritcher, c. 1925
Otto Pritcher, c. 1925

Otto Pritcher, c. 1925

Thomas Feichner

Thomas Feichner

tandis que, dans les salles des étages inférieurs, on m’assène du Sissi en-veux-tu-en-voilà à grands renforts d’extraits de films où il m’est loisible de vérifier — ce que je fais distraitement — que le mobilier en exposition est celui de la série de films — dont F. m’avait dit que, tout gamin, il était passionné — réalisés avec la malheureuse Romy Schneider interprétant son altesse royale aux dents pourries (détail que je ne lirai ni n’entendrai nulle part, alors qu’elle et son cousin Ludwig souffrait de cette dégénérescence royale héritée vraisemblablement de mariages consanguins et non consentis) — ceci, bien entendu, pour me venger (humoreusement) d’avoir subi des commentaires hagiographiques sur cette femme sans doute par ailleurs admirable, mais dont le culte asséné tant et tant finit par agacer prodigieusement.

(Noté sur mon carnet en déambulant dans les salles du musée : mahogony i. e. ? [pour en apprendre plus tard la traduction : acajou, ce dont la couleur des meubles ou des panneaux de bois aurait dû m'instruire...])

 

Soir

Je lis sur les traits de son visage sa déception. Je tâche, quant à moi, de dissimuler la mienne. Sans doute nous étions-nous construit une image fantasmée l’un de l’autre, sans rapport en tout cas avec nos physiques véritables…

La conversation, cependant, ira facilement, à ceci près que le café que J.-C. choisit est très bruyant — un trio y joue du jazz —, tant et si bien que nous sommes obligés de parler très fort pour percevoir ce que dit l’autre.

Il me fait l’éloge d’une certaine lenteur viennoise, qu’il oppose aux affaires parisiennes où tout se traite dans l’urgence. Car il vit ici depuis vingt-cinq ans. Il a quitté très tôt Paris, au sortir de l’adolescence, d’abord pour vivre trois ans en Australie, où il aurait désiré rester. Un ami établi à Salzburg lui a proposé de le rejoindre ensuite, après quoi il est venu à Vienne, où il s’est établi à son compte comme décorateur d’intérieur.

Nous faisons le tour de ce marché de jour qui, le soir venant, se transforme en une enfilade de restaurants. Le restaurant de poissons où il voulait dîner est fermé. Nous revenons à notre point de départ, mangeons dans le lieu même d’où nous venons.

Il se moque de ma consommation de musées, qu’il trouve effrénée : il ne connaît d’ailleurs pas certains lieux que je lui mentionne… Par recoupements, je comprends qu’il apprécie surtout la Vienne du tournant des XIXe et XXe siècles, sensible comme moi au Glashaus de Friedrich Ohmann et aux meubles de Josef Hoffmann ou Adolf Loos. Il me fait l'éloge aussi de la coupole de Peterkirche.

Nous mangeons médiocrement. La serveuse débarrasse nos assiettes dès qu’achevées, contrevenant à la lenteur viennoise que me vantait mon interlocuteur une heure auparavant. Je m’en agace. Et propose de commander un second verre, qui signalera que nous n’avons pas terminé notre repas. Le vin qu'on nous sert est trop chaud.

Il est encore tôt lorsque nous quittons l’endroit. J.-C. me propose d’aller au Savoy ensuite, tout proche, un bar gay demeuré dans son décor d’origine — et qu’il me semble reconnaître : je suis quasi certain d’y être allé quinze ans auparavant avec R.

La conversation se poursuit, facile, mais n’offre rien de véritablement saillant, rien qui puisse faire de J.-C. un lover de fortune…

 

Quoique venu en voiture, il m’accompagne jusqu’à l’entrée du métro.

*  *  *

De retour à l’appartement, je découvre un message poli pour me remercier de la soirée. J’allais faire la même chose. Je réponds en lui précisant, puisqu’il s’en était enquis, le nom et l’adresse du musée d’ameublement visité l’après-midi ainsi que le lien des lignes de transports en commun viennois grâce auquel je calcule au plus simple mes itinéraires et moyens de transports.

 

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