640 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (19)

Publié le par 1rΩm1

 

À  pas  dansés  

(Paris, Bratislava, Vienne, Paris)

Journal extime (24 juillet-12 août 2015)

 

7 août

Matin

Je me rends en tramway jusqu’au Zentralfriedhof.

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Si l’endroit n’a pas tout à fait le charme du Père-Lachaise (et je me rappelle ma déambulation avec Etienne), j’y découvre un carré de musiciens prestigieux, tombes ou monuments — car bien sûr je songe, en voyant le premier, le temps d'une bouffée qui contient sa part d'ironie, que... Mozart est mort seul... accompagné à la fosse commune par un chien... et des fantômes... —,

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ces mausolées ou simples indications disant assez ce que Vienne doit à la musique.

(Et moi d'avoir un faible pour la tombe de Ligeti.)

Je prends d’autres photographies de tombes aux noms évocateurs (pour moi),

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les lames sous lesquelles reposent les artistes n’étant pas toujours d'un goût sûr. (J'ai vu, chez mes grands-parents paternels, à la télévision Michel Strogoff quand j'étais enfant, avec Curd Jürgens, et le film m'avait beaucoup impressionné, notamment une scène — mais je peux l'inventer — où le héros subit un aveuglement avec un tisonnier incandescent...)

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D’ailleurs peu de tombes sont originales,

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hormis sans doute cette chose rose, presque obscène dans ce qu’elle peut évoquer, matière ou forme !

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L’art funéraire viennois est — ici du moins — assez décevant au regard des cimetières que je connais : ceux de Paris... Bordeaux... Reims… les cimetières américains vus dans des films... ou celui de Sidi Bou Saïd, dont les tombes blanches, toutes simples, semblaient cuire et reluire au soleil !

 

Bordeaux, cimetière de la Chartreuse (29/08/2006) ; Sidi Bou Saïd (14/07/2007)
Bordeaux, cimetière de la Chartreuse (29/08/2006) ; Sidi Bou Saïd (14/07/2007)

Bordeaux, cimetière de la Chartreuse (29/08/2006) ; Sidi Bou Saïd (14/07/2007)

 

Après-midi

Je n’aurai pas quitté Vienne sans sacrifier à la Sachertorte — dont j’avais gardé un meilleur souvenir. Il est vrai qu’il fait très chaud, que ce n’est pas le moment idéal pour se bourrer d’un gâteau au chocolat.

 

Je parcours ensuite au grand galop les appartements royaux et, plus vite encore, le musée Sissi où piétine une foule avide d’en apprendre davantage sur le régime, la gymnastique, l'étiquette et les toilettes de cette princesse dont la beauté et les malheurs occupent l'essentiel de l'audioguide qu'en la circonstance on m'a fourni... (Que suis-je venu faire là ?)

Je retourne ensuite sur le Graben, quelques lieux m’ayant échappé lors de ma première incursion — dont ces toilettes publiques (du moins celles des hommes...) tout près de Peterkirsche,

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ou, non loin, cette pharmacie, l’une et les autres datant de la Belle Epoque…

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Puis, si j'ai pratiqué des coupes claires dans les splendeurs impériales et boudé les altesses célébrissimes, je m’attarde dans le Ephesos Museum de Hofburg.

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Knabe mit Fuchsgans (Römische Kopie nach hellenistischem Bronzeorinal des frühen 3. Jh. V. Chr.)
Knabe mit Fuchsgans (Römische Kopie nach hellenistischem Bronzeorinal des frühen 3. Jh. V. Chr.)

Knabe mit Fuchsgans (Römische Kopie nach hellenistischem Bronzeorinal des frühen 3. Jh. V. Chr.)

Parthermonument
Parthermonument

Parthermonument

Herakles erschlägt den Kentauren (2e s. av. J.-C).

Herakles erschlägt den Kentauren (2e s. av. J.-C).

Dans la section dédiée aux instruments de musique, je remarque un Bösendorfer, que je photographie et destine à Judith.

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Puis je visite la Maison de la musique.

Je pousse la salle d’un auditorium où se retrouve retransmis le Sommernachtskonzert de juin 2014.

J’ai de la chance : parmi les concerts qu'on peut entrendre en boucle, il ne s’agit nullement, quand je pénètre, de Johann Strauss, mais de son homologue Richard, de la Burlesque pour piano et orchestre enregistrée dans les jardins de Schonbrunn. Je suis fortement impressionné à la fois par les moyens techniques formidables déployés (écrans géants,  foule  immense  massée  dans  cet e space)  et  par  la  précision  d’enregistrement  extraordinaire  de  ce  qu’on  entend  :  sous  la  direction  d’orchestre  de  Christoph  Eschenbach, un pianiste cabotin — dont j’ignorais tout jusqu’alors, un certain Lang Lang — y déploie un perlé dont la finesse d’exécution compense sans conteste la façon dont il vit (intensément ! et soulignément !) la musique...

Je parcours ensuite salles et étages.

Dans les espaces du musée consacrés à tel ou tel musicien — selon des choix nécessairement anecdotiques, ou des procédures ludiques qui n'inspirent pas toujours au mauvais plaisant que je suis d'y aller voir —, je m’amuse des sortes de cornets acoustiques qui prétendent reconstituer ce que pouvait entendre Beethoven à mesure que sa surdité augmentait…

Je songe à N*** en apprenant que le perroquet ayant appartenu à Haydn avait été vendu aux enchères, atteignant un prix pharamineux… Je photographie l’oiseau empaillé qui figure l’animal.

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Petits et grands qui accompagnent mes stations aléatoires ont tous l’air ravi. Pourtant, je me dis, pour ma part, que ce musée est un peu trop interactif (tiens, tiens !) à mon goût, et, en l’espèce, davantage conçu pour les enfants, la pédagogie déployée manquant parfois et de subtilité et d’approfondissement...

 

*  *  *

Il est tard quand je ressors — j'avais d'ailleurs réglé mon itinéraire sur ses horaires d'ouverture —, et songe que j'aurai, quoi qu'il en soit, bien agité ma dernière journée à Vienne, sans que mon contentement — mais il n'importe — soit toujours uni...

 

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