648 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (26)
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ADDENDA
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[Extrait d'un courriel à Aymeric (1)]
23 août
[…] J’ai passé à Vienne un séjour dense. Pour autant, je n’en ai toujours pas fait le tour ! Je ne suis pas retourné au Prater, par exemple, où j’aurais peut-être moins songé au Troisième homme qu’au monologue intérieur du Lieutenant Gustel de Schnitzler… En tout cas, et à mon corps défendant, j’ai été gavé de Sissi...
Je t’envoie une image prise durant ces vacances — j’espère que tu n’as pas pris en mauvaise part ce que j’ai dit de ces clichés que l’on joint à nos messages électroniques, car j’aime bien, au contraire, ces clins d’œil que tu as pu me faire de temps à autre, notamment à Berlin, ou ces regards simplement décalés, amusés, intéressés... que tu as pu déjà m’adresser… —, image qui est celle d’un mauvais jardinier, pourtant jaloux de pareilles roses trémières, fleurs que j’aime beaucoup et que je ne suis jamais parvenu à faire s’élever si haut ! (L’une d’elles a tout de même poussé, miraculée d’une saison vieille déjà de quelques années, et a fleuri, quoique nabote, plusieurs fois depuis avant que je parte à Paris et Vienne !)
Pour autant, à Vienne, tout ne m’a pas également conquis. Les fastes austro-hongrois, les monuments impériaux néo-romains dans leur pompe — impériale… — m’ont parfois laissé froid !
J’ai trouvé aussi les entrées de musées et visites de monuments plutôt chères. Je m’en suis ouvert à une de mes interlocutrices de l’office du tourisme auprès de qui je renouvelais une “Vienna Card” (laquelle n’accordait que quelques réductions peu substantielles en la matière), qui m’a proposé de m’en ouvrir par écrit, ce que j’ai fait, je ne sais pourquoi, doutant que mon geste puisse avoir un impact quelconque… Avisé samedi d’un courrier trop volumineux pour entrer dans la boîte aux lettres et me rendant à la poste pour récupérer l’objet, j’ai eu la surprise d’y trouver une compilation de morceaux de Haydn et deux crayons de papier commémorant les 150 ans de la Ringstrasse !— le tout assorti d’un petit mot de Andrea O*** du WienTourismus : « Nous nous permettons de vous envoyer un petit souvenir de Vienne pour faire disparaître ce petit arrière-goût mauvais et esperons que vous allez revenir dans notre ville » !
Même sans cet aimable procédé, j’aurais naturellement tort de bouder mon plaisir sur bien d’autres points, [quoique] — mais pourquoi comparer ? — je me s[oi]s senti bien plus happé par Prague, pourtant plus austère, plus humble, plus froide sans doute que la ville de Strauss et de Schoenberg, et dont les musées sont évidemment bien moins abondants en chefs d’œuvre de toutes les époques...
Bratislava, par ailleurs, visitée le premier jour, est une ville charmante.
Rentré à Paris, je n’ai plus rien fait. D’autant que je suis revenu avec une otite. J’ai cru d’abord à un bouchon de cérumen : comme il faisait particulièrement chaud à Vienne, je dormais toutes fenêtres ouvertes mais muni de bouchons d’oreilles — que j’enfonçais bien consciencieusement. Le dimanche qui a suivi mon retour, je me suis fait prescrire par un pharmacien d’une officine ouverte en face de la tour Montparnasse des gouttes censées amollir pareil amas de cérumen ; le dimanche suivant [16 août], toujours mal au point et ayant surtout de plus en plus mal, j’ai consulté en urgence dans un cabinet de médecins de garde, puis un ORL le lendemain. Cela va mieux depuis — la douleur a quasiment disparu —, même si la fatigue, liée à l’infection, se fait sentir encore...
Autre motif de satisfaction : durant mes deux séjours à Paris en août et juillet, j’ai vu — hormis [Etienne], qui s’est mis aux abonnés absents — toutes les personnes qu’il m’importait de voir… Et même [Duncan] ! — Et, si je t’ai vu deux fois, j’ai vu trois fois N***, que ses relations avec son ami laissent moins sur la défensive (c’est du moins l’interprétation que j’en donne…), plus disponible et agréable qu’il n’a jamais été. Après les tensions et mouvements d’humeur d’il y aura bientôt deux ans, il semble aller bien, et je m’en réjouis. (Quant à [Duncan], cela réclamerait tout un développement, et, même si j’ai noté, tu t’en doutes, quelques points saillants des moments denses passés en sa compagnie, j’attends d’en ressaisir la matière — à défaut d’étreindre le jeune homme [!], doutant d’ailleurs que j’y trouverais autant de satisfaction…)
24 août
J’ai eu, ce matin, un démenti cinglant aux dernières lignes écrites hier. Cliquant par erreur sur un lien renvoyant à un ancien billet alors que je m’ingéniais à transformer mes renvois, une fenêtre s’est ouverte sur un de mes anciens articles ! Sans doute, ces derniers temps, le site était-il en dérangement, et je n’ai pu que me dire que mon labeur avait été ô combien inutile…
[…]
25 août
J’ai voulu tout à l’heure, constatant sur le programme des deux cinémas d’art et d’essai de **** qu’on jouait le Troisième homme (pour une ultime séance !) de Carol Reed, donner un prolongement à mon séjour viennois. Las ! je me suis trompé et d’heure et de lieu : le film commençait une demi-heure plus tard et dans l’autre cinéma, à quelques encâblures. J’y ai donc renoncé, ne me voyant pas battre le pavé […] d’une semelle qui aurait patienté dans l’intervalle : je suis rentré chez moi.
[Je verrai finalement le film quelques semaines plus tard, puisque Arte le diffusera et que j’en ferai un enregistrement sur mon graveur de DVD, le regardant avec un léger différé.]
[Je recevrai bientôt une réponse d'Aymeric, dont j'extrais ces lignes :]
[L]a photo du Belvédère que tu m'envoies me plaît et me parle plus que tu ne le penses. Il y a deux ans lorsque nous étions à Salzbourg, une autrichienne du cru nous avait dit que les Jardins Mirabel étaient parmi les plus beaux d'Autriche. Nous étions restés sceptiques car ils ne présentaient vraiment que peu d'intérêt au regard de ce que l'on peut trouver en France et dans bien d'autres pays. Et lorsque nous sommes arrivés au Belvédère, et que nous avons vu les jardins, nous avons bien ri car ils étaient pitoyables (photo jointe), à peine entretenus et plein d'adventices (à peine mieux dans bien des endroits de Vienne). La Salzbourgeoise devait avoir raison pour les jardins Mirabel. Or je vois sur ta photo que le fleurissement s'est amélioré et est beaucoup plus flatteur que ce que nous avions vu. Dont acte !
[Je verrai aussi peu de temps après — en songeant à ce message de Aymeric — un documentaire sur Louis XIV et les arts, où le commentateur disaient des écuries de Versailles qu’elles pouvaient égaler certains châteaux de souverains étrangers… et j’ai alors pensé (
à Schonbrunn — trouvant plus belles les écuries…]
* * *
Par ailleurs, outre la confusion dont j'ai parlé déjà entre le musée des Beaux-Arts de Vienne (Gemaldegalerie) et le musée historique (Kunsthistorisches Museum), ce pour quoi m’avait repris Aymeric lorsque nous nous sommes retrouvés en octobre avant mon séjour en Italie, c’est à propos du nombre de Caravage au
que nous avons échangé courriels et photographies.
[20 octobre]
Bonsoir Aymeric,
Va-t'en savoir pourquoi cette histoire de Caravage me trotte dans la tête... Et, comme — un de ces hasards objectifs que je prise ! — je reprenais aujourd'hui ma transcription de ce que j'ai fait le 6 août dernier et que je me suis confronté aux photos prises alors, si ma mémoire est désormais souvent en défaut, l'album photographique n'atteste pourtant la présence que de deux toiles à Vienne : David avec la tête de Goliath ainsi qu'une assez grosse machine, la Madone du Rosaire.
Après consultation de Wikipedia, il en existe effectivement une troisième, le Couronnement d'épines (lequel soit voyageait, soit a échappé à ma vigilance) au Kunsthistorisches Museum (que j'ai, lui, bel et bien confondu avec la Gemalde Galerie)... mais je n'ai trouvé nulle part trace d'un quatrième !
— Et je rappelle, à toutes fins utiles, qu'une Annonciation se trouve — enfin, la toile n'est pas toujours là... — aux Musée des Beaux-Arts à Nancy !
Bref, bref. Tout cela a au moins le mérite de me faire penser à toi (et je joins mon cliché du David brandissant la tête du géant !).
A bientôt. Amitiés,
Romain
[Je recevrai alors cette réponse :]
Bonsoir Romain,
j'espère que tu es bien arrivé sous ces latitudes plus tempérées (je t'envie au moins pour cette douceur qui manque ici, sans compter les autres attraits du lieu bien sûr).
En effet il n'y a pas de quatrième Caravage à Vienne, mais le Couronnement d'épines était bien présent en 2013 (cliché joint)
Le quatrième tableau auquel je pensais était répertorié Ecole du Caravage.
Bonne soirée et à bientôt,
Amitiés,
Aymeric
* * *
Et puis (mais bien en amont, sans doute le 12 ou le 13 août)… je renvoie son coupe-ongles à N*** dans une enveloppe à bulles assorti d’une copie des Préludes de Jean-Sébastien Bach.