665 - À pas de crabe, à pas de cancre (11)

Publié le par 1rΩm1

 

À pas de crabe, à pas de cancre

— Paris, Florence, Sienne, Florence, Paris —

Journal extime

(17-29 octobre 2015)

 

26 octobre

Matin, Sienne

A 10 h 30, le ménage fait, j’attends Francesco. Mais Francesco ne vient pas. Il reste moins d’une demi-heure avant le départ du bus pour Florence. J’envoie un courriel laconique.  La réponse me parvient une dizaine de minutes plus tard : il ne pourra pas venir, je peux laisser les clés dans l’appartement et m'en aller. Certes, mais cela veut dire partir la porte ouverte. J’adresse une réponse brève : je fermerai la porte et laisserai la clé dans la boîte aux lettres. Je dois me hâter. Ma valise est lourde, que je tire dans cette rue fortement en pente, ce qui ne ménage pas mon cœur, qui bat à tout rompre, lorsque, tout essoufflé, je parviens enfin tout au haut. Je maudis ce Francesco inconséquent, qui m’aurait laissé l’attendre sans doute au-delà de l’heure du départ du bus. J’ai mis cinq minutes tout au plus pour parvenir à l’arrêt : il partira cinq minutes en avance sur l’horaire prévu !

 

Après-midi, Florence

Quand, après avoir déjeuné, je me trouve devant l’hôtel où j’ai réservé une chambre, les horaires de la réception tels qu’ils sont affichés me laissent désemparé : jusque 12 h 30, puis de 15 h 30 à 19 h 30. Cela veut dire attendre deux heures sans savoir que faire de ma valise. Heureusement, un client survient, qui compose le digicode de l’auberge. Après lui avoir demandé si je le peux, je lui emboîte le pas. Sur le comptoir de la réception se trouvent deux noms, dont le mien. Je trouve également la clé de la chambre 26 avec divers papiers explicatifs…

 

Ainsi j’ai suffisamment de temps devant moi pour profiter de Florence.

Tout proche est le Palazzo Medici -Riccardi. Je décide de m’y rendre.

J’y admire la Chapelle des Mages, les fresques de Benozzo Gozzoli — qui témoignent d’un art de vivre et d’un grand raffinement comme bien des œuvres à l’époque.

Chœurs d'anges priant, fresques de l'abside © Internet

Chœurs d'anges priant, fresques de l'abside © Internet

665 - À pas de crabe, à pas de cancre (11)
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Je visite Orsanmichele et retourne à San Spirito, où j’admire à nouveau le Christ nu de Michel-Ange dans toute sa singularité.

Je me retrouve alors dans le quartier où je logeais la fois dernière, et j’éprouve une douce familiarité en parcourant ses rues.

 

Je traverse ensuite le Ponte Alle Grazie, songeant au couple de jeunes garçons enlacés que j’y avais vu le lendemain de mon arrivée.

Au couchant, le haut de la façade de Santa Croce s’irise de rose, tandis que le bas de l’édifice se teinte de vert. Je crois d’abord à deux types de marbre, mais je serai démenti en repassant sur la place à la nuit tombée.

Je prolonge l’après-midi dans le pub où j’avais mes habitudes.

J’écris.

 

Soir

Je me décide à entrer dans un restaurant (plutôt chic et cher) dont j’espère au moins qu’il sera bon…

La serveuse qui vient à ma table n’est pas très agréable, je lui trouve un air un peu pincé.

Je commande une salade et des tagliatelles. Le pinot gris qu’on m’apporte est cependant gouleyant.

Sur les tables sont disposés des pots de crayons pour les enfants, qui peuvent dessiner sur les nappes en papier. On vient d’ailleurs dîner ici en famille. Au moins cela calme-t-il la marmaille… (Je m’amuserai bientôt de la mine perplexe des Japonaises d’une tablée de seize, qui s’installe ensuite, que ces crayons sans rapport avec la cuisine italienne semblent particulièrement décontenancer. Seul, un Japonais — il est l’un des deux Asiatiques parmi quatre hommes au total — s’y met d’emblée. Les autres, cependant, suivront peu à peu, rivalisant d’ardeur…)

 

Au bout du compte — puisque tel est précisément le cas de figure —, je paie un peu trop cher pour ce qui m’est servi dans l’assiette. Si la salade étageait des saveurs intéressantes, le chou rouge ne s’accordait guère avec le plat de tagliatelles : le serveur, à qui j’en faisais la remarque, a prétendu... que j’avais mangé la décoration !

 

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