663 - À pas de crabe, à pas de cancre (9)
24 octobre
Matin
Mes écritures journalières débutent par des cartes postales : à mes parents, à Sylvie (qui m’a prêté deux livres : l’un sur la cathédrale, l’autre sur la peinture siennoise) et à Valérie (qui arrose mes plantes)…
Je visite le Baptistère — et rate la plupart de mes photographies,
— sauf peut-être Le Baptême du Christ de Lorenzo Ghiberti sur lequel veille, à droite, la Foi de Donatello, et auquel répond celui de Andrea E Raffaello Piccenelli.
Je me rends ensuite à San Domenico.
Il fait très beau, le ciel est très bleu, presque blanc — et, entre deux pins parasols, la trouée sur Sienne est assez belle.
A l'intérieur de l'église, ma prise photographique de l'évanouissement de sainte Catherine par Sodoma ou de l'extase de la sainte échoue. Je ne trouve pas non plus de clichés sur la toile qui convainquent vraiment, mais me rattraperai avec d'autres peintures du maître l'après-midi...
Après-midi
Par des rues escarpées, je vais jusqu’à l’oratorio di San Bernardino.
Je continue ma moisson photographique…
Ainsi de Giovanni Antonio Bazzi —dit malignement Sodoma — (donc) le Couronnement de la Vierge (Incoronazione della Vergine)
— ou l'ascension du même personnage.
Du même Sodoma une Visitation, tandis que Beccafumi a représenté, lui, la mort de la Vierge…
Enfin, le cliché que je prends du Christ mort soutenu par deux anges, s’il rend assez bien compte du sujet peint, est éclaboussé d’une lumière qui l’obère de ronds blancs.
J'erre un peu dans les rues ensuite avant de retrouver mon chemin. Garée tout contre le mur de cet édifice, cette fiat 500 d'un beau rouge, tel un insecte minuscule, aurait mieux mérité le nom de coccinelle qu'une autre automobile tout aussi célèbre... Elle paraît d'autant plus petite que ses répliques actuelles sont presque deux fois plus volumineuses en vérité. Et, plus forte que moi, qui de toute façon ne m'intéresse guère aux voitures, la sensation d'être transporté à une autre époque...
Trouvant enfin la voie pour me rendre à San Niccolo al Carmine, je serai déçu de découvrir, à nouveau submergée de lumière qui renforce les zones d'ombre du tableau, que la photo que j'ai faite du saint Michel terrassant le dragon — si l'effet saisissant de la contre-plongée, par trois étages successifs, des Enfers souterrains peuplée de ses monstres, au Ciel où règne le Juge Eternel théâtral tant dans sa gestuelle que dans sa toge rouge entouré d'élus et d'anges béats de béatitude, subiste — est elle aussi... ratée.
Je visite ensuite la Pinacoteca nazionale.
Dans mes rapines photographiques, après Sodoma, je suis sensible aussi surtout aux œuvres de Ambrogio Lorenzetti....
Ma prise du Castello in riva a lago (dont l’utopie architecturale, géométrique et colorée, a des accents futuristes) échoue, de même que celle que celle de la Fuite en Egypte par Giovanni di Paolo.
Ambrogio Lorenzetti [attribué à ?], Castello in riva al lago, città sul mare (circa 1338) ; Giovanni di Paolo, Fuga in Egitto (© Internet)
Et je ne me satisfais qu’à demi de cette nouvelle assomption de la Vierge par Sano di Pietro
— tandis que les Sodoma — de grosses machines trop colorées —, contrairement à ceux de l’Oratorio di San Bernardino, ne me plaisent guère. Encore celui-ci ne me séduit-il que médiocrement…
Je m’amuse de trouver une copie du saint François de Ribera, qui me poursuit en quelque sorte d’un séjour l’autre...
J’alentis le rythme encore — s’il est possible…
Soir
J’apprécie vraiment de me faire à dîner, autrement plus que me trouver seul dans un restaurant, comme le premier soir à Florence.