681 - À pas palermitains (10)
16 février
Matin
Après une incursion à San Giuseppe dei Teatini, je visite les archives historiques. Je dois attendre quelques minutes qu’une femme, qui parle très peu anglais, m’accompagne dans des salles impressionnantes.
Après — autre église —, la Chiesa di San Francesco d’Assisi, je visite l’Oratorio di San Lorenzo : le (seul) Caravage (de Sicile) (la Nativité) y a été volé en 1969 : la reconstitution d’après photographie et selon la palette de l’artiste en est médiocre.
La jeune fille, une étudiante en arts, qui accompagne ma visite parle très bien français, et ses commentaires sont intéressants.
Les personnages de Giacomo Serpotta y prolifèrent, d’une surprenante blancheur, comme une gaze ou une chantilly sculptée.
(J’avais noté la référence paginale du guide emprunté à la médiathèque de ****, qui expliquait comment le sculpteur
avec un mélange spécifique dont j’ai oublié, depuis, les ingrédients —, mais j’ai rendu le guide depuis. Mes incursions sur Internet ne m’ont pas permis d’en retrouver la recette.Je cite néanmoins, dans ma moisson de commentaires et analyses, ceux qui entretiennent avec ma mémoire les échos les plus évidents :
Ses statues et ses reliefs, exécutés en stuc, couvrent la surface des murs en créant un effet d'agitation mousseuse…
Le baroque s'infléchit en rococo, toutes les possibilités d'une mise en scène mouvementée et musicale…
[Les] scènes de la vie de Saint François et de Saint Laurent […] alternent avec de magnifiques statues des vertus et des angelots plus vrais que nature [curieuse assertion, soit dit en passant, mais il est vrai que je ne suis pas Swedenborg, n'ayant jamais vu d'anges — à moins qu’elle ne rende, non pas à la lettre mais en esprit, l’impression du mouvement dans cette débauche de scènes ou de gestes parfois malicieux…]).
J’achève ma matinée par la Galleria d’Arte moderna, toute proche (en regrettant un court nstant que le Péché de Franz von Stuck soit en voyage !)
Après-midi
Selon des endroits en ruines, condamnés ou inacessibles, je “visite” successivement :
la Chiesa Santa Maria dello Spasimo
— non sans traverser quelques terrains vagues (en songeant, ainsi que dit déjà, à Duncan) —
la Chiesa di S. Mattia…
la Pietà…
le Palazzo Dagnino…
le Palazzo Galetti di San Cataldo…
En cours de route (et dans le désordre, non des souvenirs mais des évocations), je traverse le jardin Garibaldi, impressionné par ce que la nature sait imiter des architectures humaines…
Cependant, le musée archéologique est en cours de rénovation — seules quelques œuvres sont exposées —,
tandis que le Palazzo Abatellis (la Galleria régionale) est, lui, provisoirement fermé pour cause de désinfection [!] durant deux jours. Tout cela donne à ma balade un peu de mou…
Je retrouve néanmoins Giacomo Serpotta dans l’Oratorio di San Zita
— sans que l’appareil en capte avec exactitude les blancs moussus et les ors en délire !
Soir
Le restaurant dans lequel je dîne est cher et plutôt décevant. Déçu, je le suis d’autant plus qu’il ne me reste qu’une journée à Palerme le lendemain…