733 - Passacaille estropiée (17)

Publié le par 1rΩm1

 

Passacaille estropiée

 

Paris, Berlin, Copenhague

 

(journal extime, 24 juillet -13 août 2016)

 

XVII

 

 

8 août

Matin

J’achète une Copenhagen Card de 48 heures pour boucler mon séjour.
Les musées sont tous fermés le lundi. J’ai donc ajusté mon programme en conséquence.

Je visite d’abord l’hôtel de ville, qui ne m’inspire guère, mais dont je photographie le grand escalier.

733 - Passacaille estropiée (17)
733 - Passacaille estropiée (17)

Je renonce à une visite de la tour du château de Christianborg, malgré l’aimable invite du préposé en faction qui me propose un sauf-conduit pour 13 heures. La vue doit être belle et il y a un ascenseur, mais cela bousculerait ma belle organisation.

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733 - Passacaille estropiée (17)

J’achève ma promenade matinale par la Bourse, de plus en plus couverte de nuages menaçants.

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733 - Passacaille estropiée (17)
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De fait, alors que je m’apprête à rentrer, la pluie tombe à flots. Et, dès la première rafale de vent, le parapluie si gentiment fourni par Else se tord.

 

Après-midi

Le soleil est pourtant bientôt revenu. Nyhavn s’en éclaire tout autrement que la veille !

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Je prends un bateau-bus jusque Norreport

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— et sacrifie ainsi à la Petite Sirène, Andersen après tout étant un joli conteur.

Toute petite sur son rocher et toute proche du rivage, elle décontenance quelque peu. Je demeure en tout cas presque certain qu’elle s’effare de la nuée de touristes, pour l’essentiel asiatiques, venus la voir.

733 - Passacaille estropiée (17)
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Je me passionne davantage pour l’amerrissage à proximité d’un hydravion : je crois n’en avoir jamais vu que dans des albums de bande dessinée….

733 - Passacaille estropiée (17)
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Kastellet me déçoit un peu. (Je croyais, il faut dire, devoir y voir des marins !)

*  *  *

Je visite ensuite Christiana. On ne sait trop quelle part de comédie, de folklore ou de vraie menace qui pèserait sur eux entre dans leur accoutrement, mais, dans leurs baraques, les dealers encagoulés créent une association involontaire avec des terroristes qui hantent désormais nos imaginaires, quoi qu'on en ait.

733 - Passacaille estropiée (17)
733 - Passacaille estropiée (17)
733 - Passacaille estropiée (17)

Je m’amuse d’une imitation de stupa népalais. Après tout Christiana était bien une sorte de Katmandou nordique, lorgnant sur une spiritualité sans doute mal comprise, s'autorisant divers alibis.

733 - Passacaille estropiée (17)

Je vais le long de maisons parfois avenantes et colorées, me perds dans des jardins fleuris, telle cette sorte de cour où flotte le drapeau indigène rouge orné de trois cercles d’or.

733 - Passacaille estropiée (17)
733 - Passacaille estropiée (17)

Là, une tête de bouddha se baigne dans les fleurs.

733 - Passacaille estropiée (17)

Les Christianites apparaissent partout comme de grands enfants dont les rêves ne sont pas toujours dénués de sens, même s’ils ont été suivis, sinon rejoints, à l’excès par nos contemporains

733 - Passacaille estropiée (17)

(il se trouve toutefois beaucoup moins de Danois à trottinette que de par chez nous ; mais il est vrai qu’ils sont depuis longtemps convertis au vélo ; l’attestent les emplacements réservés à la bicyclette dans le métro, où la roue avant peut se loger, les ascenseurs qui leur sont dédiés : ils font mieux que les Allemands en la matière !)

En tout cas, les Christianites sont devenus une attraction touristique — moins que la Petite sirène, mais peu s’en faut…

 

Soir

Près de la station-service où j’attends le bus, je le constate : seule l’essence au Danemark est à prix normal — un comble pour un pays qui se targue d’écologie.

Le vent qui souffle, ce soir, est froid, et je réjouis d’avoir pris avec moi le carré de coton acheté à Paris l’an dernier, dont j’emmitoufle mon cou.

La petite vieille prostrée à l’arrêt, sans doute ratatinée par le froid, quand elle s’est dépliée pour monter dans le bus s’est avérée un beau blond adolescent danois, frêle et fragile telle une porcelaine fine. De fait, ne nous l’abîmez pas !

 

Parti pour prendre un verre dans un endroit tranquille afin d’y écrire quelques cartes postales, j’avise un bar à l’enseigne (parlante !) de Copenhagen’s Men.

En fait, hormis le jeune homme blond, gracile et féminin, à qui je commande une bière, les clients sont tous des hommes plutôt âgés. Et j’imagine que je détonne en demandant un verre pour boire ma bière. Tous sont groupés autour du bar — à l’exception d’un seul — et beaucoup fument. Le jeune homme est ainsi qu'une fleur fragile, une antithèse délicieuse, parmi les rustauds qui lui font face — et l’on se prend à rêver que jamais il ne leur ressemblera : il bénéficie, pour le moins, d’une sérieuse marge !

 

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