740 - Romana saltatio (Paris-Rome-Paris) (1)
Romana saltatio
(Paris-Rome-Paris, 20 octobre – 2 novembre 2016)
Journal extime en écho
[Paris-Porto-Lisbonne, 10-23 février 2017]
I
20 octobre
Matin
C’est dans l’énervement que je fais mes bagages, tout en expédiant les affaires courantes — et, davantage encore, dans l’agacement de devoir passer derrière des gens. Et c’est dans une ultime précipitation que je boucle ma valise, allant en toute hâte de chez moi jusqu’à la gare.
Je récapitule mentalement dans le train. J’ai oublié de prendre un casque pour écouter de la musique. J’ai emporté une chemise (c’est du moins ce que je crois sur le moment) qui nécessite une paire de boutons de manchette.
J’y suis rarement sujet, mais la migraine ophtalmique qui se déclenche bientôt lance des cercles denses, denses, vertigineux et confus. (Je m’en agace : puisque je suis en vacances, tout devrait aller bien !)
[Je mesure dans l’après-coup ce qui sépare, à sept années d’intervalle, mon envol enthousiaste vers Paris en 2009 et cette échappée empesée sans savoir exactement — à quelques désillusions près… — ce qui a pu raboter mes semelles de vent…]
Après-midi, Paris
J’ai préparé dans le train un courriel pour Aymeric, que j’envoie aussitôt arrivé chez Pascal et F.
Je fais l’achat de quelques livres, dont l'épais volume XIII des Cahiers de Paul Valéry. (Je ne sais quelle idée me prend d’alourdir ainsi la valise !)
La pluie m’attend à l’extérieur, qui me dissuade d’arpenter les rues de Paris.
Je rentre à l’appartement, organise avec Aymeric notre journée du lendemain.
Soirée
N*** m’adresse un premier SMS pour prévenir de son retard.
Un deuxième me parvient bientôt : N*** sera encore plus en retard.
Un troisième suit, qui me prévient que N*** sera d’autant mieux en retard qu’il s’est trompé de ligne de métro.
Voilà qui m’adresse N*** tel qu’égal à lui-même. Et, pour me ressembler, moi, tout à fait, au lieu de considérer avec légèreté la situation, je cède à l’agacement.
Dans ce bar où je l’attends, je fais face à cette photographie célèbre où se trouvent au coude à coude Brel, Ferré, Brassens. Curieusement, c’est Léo Ferré qui a l’air le plus détendu.
Je songe à T., à qui j’ai prêté, pour qu’il les copie, mes CD de l’intégrale enregistrée chez Barclay.
Je songeais — hier — à la chanson intitulée “Le Crachat”, pour en avoir vu un sur un trottoir de la taille d’un œuf sur le plat. Je vois de plus en plus de jeunes gens cracher, et le geste me heurte — sans que, je crois, ce soit seulement le fait d’une éducation… — En ai-je déjà parlé ? quand j’étais à Fès j’avais été frappé comme davantage qu’une convergence — comme d’une évidence… par des parentés de mœurs de part et d’autre de la Méditerranée… une part de mimétisme sans doute — parentés qui, indépendamment de leur contenu même, me paraissent plutôt stupides ou mécaniques : pourquoi faudrait-il ressembler à quelque autre, surtout si c'est dans l'uniformité ?
Je m’agace donc — et suis content de voir enfin arriver N***.
(à suivre)
(en écho)
Paris, 10 février [2017]
Il fait froid à Paris — au moins autant qu’à **** les jours précédents
Alors q je sortais faire quelques courses, il s’est mis à neiger
Contrairement à la dernière fois — averti, dressé peut-être à ce contraire — suis parti dans une /relative/ sérénité
Retrouvé avec plaisir l’appartement de F & P
Seule contrariété : la belle plante de J.-M. — dont j’avais vu une sœur autrement plus /grosse/ dans les jardins de la villa Majorelle est attaquée par une arachnide parasite A migré des orchidées pour se loger sur elle Ai reconnu les traces blanches comme de la neige carbonique Feuilles se recroquevillent, brunissent, se dessèchent et tombent Ai laissé la bombe insecticide pour Valérie, qui viendra durant mon absence s’occuper des plantes. Peut-être saura-t-elle éradiquer la bestiole. Ai laissé aussi en évidence (!) une pelle et une balayette pour qu’elle puisse ramasser les feuilles sur le plancher.