766 - Fado fandango (6)
Fado fandango
Journal extime
(Paris – Porto – Lisbonne - Paris, 10-23 février 2017)
VI
16 février
Matin
Je vais jusqu’à la gare Campanhã et réserve mon billet de train pour Lisbonne.
Une employée très aimable me guide, dans les couloirs de métro, jusqu’à un kiosque où acheter un ticket de métro valable vingt-quatre heures durant.
Je me rends ensuite à la Casa de Musica où l’on me propose une visite guidée en anglais : le groupe (de trois touristes) vient à peine d’entamer sa promenade dans les lieux, et je m’y accroche. Il faut que je m’avoue que je suis loin de tout comprendre des explications du guide. La visite dure une heure environ. La salle de concert n’est pas accessible, du fait d’une répétition de l’orchestre.
Le bâtiment tout en verre, métal (aluminium ou acier aux arêtes tranchantes), granit — s’il existe un granit blanc… (je m’irrite de ne rien connaître en matériaux ni en architecture) — est déjà dégradé.
Je déjeune dans le self-service, correctement, d’une salade copieuse et d’une part de gâteau.
Je m’aventure jusqu’au restaurant au dernier étage, d’où je découvre une jolie terrasse ouvrant sur la Praça de Mousinho de Albuquerque et béant sur un ciel bleu.
Après-midi
Je me rends au musée d’art moderne (Museu de Arte Contemporãnea Fundação de Serralves), assez excentré.
L’entrée est plutôt chère et l’exposition Miró, quand on a vu la fondation consacrée à l’artiste à Barcelone, organisée dans quelques salles d'un pavillon du parc, paraît bien petite…
Je ne boude pas mon plaisir pour autant.
Et j’y retrouve l’une de ces toiles brûlées ajourées qui m’avaient alors rappelé des dentelles que je faisais au briquet sur des feuilles de papier blanches quand j’étais enfant, sans que l’anamnèse se donne si précisément d’emblée, remuant néanmoins une curieuse émotion…
Dans le musée proprement dit, une installation par un artiste contemporain occupe toutes les salles : des ballons selon des coloris divers d’une salle à l’autre sont accrochés au plafond, en correspondance de rectangles de papier orange, verts, blancs, violets, noirs apposés aux murs… Dans certaines salles, sont disposés des sapins de Noël… Tout cela m’échappe, et je me dis que tout cet espace dévolu à un seul artiste confisque la parole à d'autres, et j'accélère ma déambulation.
Au retour, je descends de l’autobus pour me rendre à la Casa Museu Fundação Eng António de Almeida, que je trouve fermée.
Je rentre alors, les pieds fourbus par mes nouvelles chaussures, pas encore faites à mon pied, non sans effectuer quelques courses avant de rentrer.
J’expédie quelques courriels : impossible d’être totalement en vacances dorénavant, non seulement en actes mais aussi en esprit ; autrefois, les collègues considéraient comme une trêve toute période de congé ; mais toutes barrières semblent désormais abolies, chacun suivant son rythme de travail et pensant à sa disposition la boîte à lettres électronique de son prochain pour y commettre son petit billet...
T. — ce qui me fait autrement plaisir — a, lui, répondu à mon message de la veille : ainsi que je l’avais incidemment appris, il faisait beau à ****, et Yann, Marthe et lui ont pris des verres en terrasse !
Soir
Je retourne à la Casa de Musica, dont le menu du restaurant au dernier étage, étudié à midi, m’avait plu. En soirée, le menu du jour est majoré de cinq euros : évidemment !
Si la soupe était, à vrai dire, un peu insipide, risotto et poisson sont bons, ainsi que le dessert. Les garçons manquent un peu d’empressement dans leur service, mais je rentre satisfait de mon dîner.