776 - Fado fandango (13)

Publié le par 1rΩm1

 

Fado fandango

 

 

Journal extime

 

(Paris – Porto – Lisbonne - Paris, 10-23 février 2017)

 

 

 

XIII

23 février

Matin

La trafic aérien commence dès 5 heures. Les oiseaux chantent entre 5 h 10 et 5 h 15. Ensuite, on n’entend plus que leurs homologues aviaires vrombissants.

 

J'attrape tôt le tram 28 dans l’idée de voir le château, puisque j’en ai le temps, avant de repartir. Quoique attentif, je n’en verrai jamais l’arrêt : je me retrouve au terminus.

Là, je prends la décision de changer mon programme : je m’engouffre donc dans une station de métro, vais jusqu’à la gare où je suis arrivé (Santa Apolónia) quatre jours auparavant et de là monte dans un bus qui m’amène non loin du musée des azulejos.

 

776 - Fado fandango (13)

Si, hormis les motifs géométriques,

Camellia pattern azulejos panel, Faience in blue on white. Provenance : palacete Silva Amado, Lisbon, c. 1660-1680.

Camellia pattern azulejos panel, Faience in blue on white. Provenance : palacete Silva Amado, Lisbon, c. 1660-1680.

je ne suis pas toujours sensible à la naïveté des carreaux figuratifs traditionnels (et si l'on peut leur préférer souvent leurs homologues hollandais, ainsi que je l’avais constaté en visitant le couvent des Carmélites quelques jours auparavant, et, plus encore, comme je le sais de longue date, trouver plus magnificents leurs aînés de Perse…) — cependant, les frises représentant panoramiquement Lisbonne avant le tremblement de terre de novembre 1755 produisent tout de même leur effet —,

 

776 - Fado fandango (13)
Great Lisbon panorama before the earthquake of 1755, Lisbon early 18th century. Provenance : Ancient Palace of the Counts of Tentúgal, Lisbon.

Great Lisbon panorama before the earthquake of 1755, Lisbon early 18th century. Provenance : Ancient Palace of the Counts of Tentúgal, Lisbon.

j’y découvre de beaux azulejos1900 ou art déco.

 

Rafeal Bordalo Pinheiro, Butterfly and ears of corn, Arch frieze, Moulded and glazed faience. Provenance : Panificação de Campo de Ourique.
Rafeal Bordalo Pinheiro, Butterfly and ears of corn, Arch frieze, Moulded and glazed faience. Provenance : Panificação de Campo de Ourique.
Rafeal Bordalo Pinheiro, Butterfly and ears of corn, Arch frieze, Moulded and glazed faience. Provenance : Panificação de Campo de Ourique.

Rafeal Bordalo Pinheiro, Butterfly and ears of corn, Arch frieze, Moulded and glazed faience. Provenance : Panificação de Campo de Ourique.

776 - Fado fandango (13)

En outre, le musée est installé dans l’ancien couvent Madre de Deus et le plafond de l’église, à l’instar de celui de l’Igreja de São Roque, est impressionnant (la prise photographique en d’ailleurs tout aussi mauvaise).

 

776 - Fado fandango (13)

N’étant pas certain de mes exploits photographiques, j’achète à la boutique une carte postale, que je destine à F. et Pascal pour quelque occasion à venir.

Azulejos de padrão relevados (1850-1899)

Azulejos de padrão relevados (1850-1899)

*  *  *

Je le constate : les Portugais se montrent rarement aimables, rarement souriants. Peut-être, après tout, ne sont-ils pas ravis de tous ces touristes qui envahissent les rues de Lisbonne ou de Porto…

 

 

Midi

Je déjeune dans un restaurant indien, bon et servi moins chichement qu’en France. Le verre de vin est également d’un calice conséquent. Et la note, qui plus est, n’est pas très salée. Le seul désagrément est la télévision, qui déverse en boucle ses nouvelles du monde.

 

Je vais ensuite à pied — puisque je n’en suis vraiment pas loin et que j’en ai le temps avant l’avion — jusqu’au Museu nacional de Arte antiga.

Outre une collection permanente des arts du Proche-Orient,

 

776 - Fado fandango (13)

de l’Orient ou Extrême-Orient,

Bodhisattva (Maitreya in méditation), Japanese ou Koreyan, Bronze, 7th century.

Bodhisattva (Maitreya in méditation), Japanese ou Koreyan, Bronze, 7th century.

s’y trouvent de très belles peintures de la Renaissance.

Frei Carlos, The Good Shepherd, oil on oak panel, 1520-1530. Provenance : Monastery of Espinheiro, Evora.

Frei Carlos, The Good Shepherd, oil on oak panel, 1520-1530. Provenance : Monastery of Espinheiro, Evora.

Frei Carlos, The Annunciation, 1523, oil on oak panel. Provenance : Monastery of Espinheiro, Evora.
Frei Carlos, The Annunciation, 1523, oil on oak panel. Provenance : Monastery of Espinheiro, Evora.

Frei Carlos, The Annunciation, 1523, oil on oak panel. Provenance : Monastery of Espinheiro, Evora.

Nuno Gonçalves, Triptyque de Saint-Vincent  (Paineis de São-Vicente de Fora), du maître-autel de la cathédrale de Lisbonne, (vers 1469), technique mixte sur bois de chêne. Panneau dit des Pêcheurs, 207 × 59,8 cm ; Panneau dit des Infants, 206,4 × 128 cm ; Panneau dit de l'Archevêque, 206 × 128,3 cm, c. 1470.
Nuno Gonçalves, Triptyque de Saint-Vincent  (Paineis de São-Vicente de Fora), du maître-autel de la cathédrale de Lisbonne, (vers 1469), technique mixte sur bois de chêne. Panneau dit des Pêcheurs, 207 × 59,8 cm ; Panneau dit des Infants, 206,4 × 128 cm ; Panneau dit de l'Archevêque, 206 × 128,3 cm, c. 1470.
Nuno Gonçalves, Triptyque de Saint-Vincent  (Paineis de São-Vicente de Fora), du maître-autel de la cathédrale de Lisbonne, (vers 1469), technique mixte sur bois de chêne. Panneau dit des Pêcheurs, 207 × 59,8 cm ; Panneau dit des Infants, 206,4 × 128 cm ; Panneau dit de l'Archevêque, 206 × 128,3 cm, c. 1470.
Nuno Gonçalves, Triptyque de Saint-Vincent  (Paineis de São-Vicente de Fora), du maître-autel de la cathédrale de Lisbonne, (vers 1469), technique mixte sur bois de chêne. Panneau dit des Pêcheurs, 207 × 59,8 cm ; Panneau dit des Infants, 206,4 × 128 cm ; Panneau dit de l'Archevêque, 206 × 128,3 cm, c. 1470.

Nuno Gonçalves, Triptyque de Saint-Vincent (Paineis de São-Vicente de Fora), du maître-autel de la cathédrale de Lisbonne, (vers 1469), technique mixte sur bois de chêne. Panneau dit des Pêcheurs, 207 × 59,8 cm ; Panneau dit des Infants, 206,4 × 128 cm ; Panneau dit de l'Archevêque, 206 × 128,3 cm, c. 1470.

Nuno Gonçalves, St. Vincent on the Saltire Cross (fragment), Oil and tempera on oak panel, c. 1470

Nuno Gonçalves, St. Vincent on the Saltire Cross (fragment), Oil and tempera on oak panel, c. 1470

Unknown Flemish Master, S. Jerome, Oil on oak panel, c.1525-1550

Unknown Flemish Master, S. Jerome, Oil on oak panel, c.1525-1550

Unknown master, Ecce Homo, Oil on oak panel, c. 1570

Unknown master, Ecce Homo, Oil on oak panel, c. 1570

Si Ribera est allé en Italie, le Caravage n’est jamais venu au Portugal [je devrai patienter encore pour le retrouver à Syracuse…]. Il m’a manqué de voir l’une de ses toiles pour ponctuer mon séjour ; mais je me console avec quelques peintures issues de l’atelier de Ribera, que je retrouve, lui, d’étape en étape assez souvent — tout en songeant (toujours) à Francesco

 

Workshop of Jose de Ribera, The Denial of St. Peter, Oil on canvas, c. 1640-1650

Workshop of Jose de Ribera, The Denial of St. Peter, Oil on canvas, c. 1640-1650

Workshop of Jose de Ribera, Martyrdom of St. Bartholomew, Oil on canvas, c. 1630-1650 (?)

Workshop of Jose de Ribera, Martyrdom of St. Bartholomew, Oil on canvas, c. 1630-1650 (?)

— et me console encore davantage avec, quoique plus tardive, une extraordinaire extase de saint François par Luca Giordano.

Luca Giordano, The Ecstasy of St. Francis, Oil on canvas, c. 1665

Luca Giordano, The Ecstasy of St. Francis, Oil on canvas, c. 1665

D’autres peintures sollicitent mon attention,

Anton van Dyck, Portrait of Lucas Vosterman, the Elder, Oil on canvas, c. 1630

Anton van Dyck, Portrait of Lucas Vosterman, the Elder, Oil on canvas, c. 1630

Porto Workshop, Antonió Gomes et Filipe Silva (?), The Institution of Eucharist, 1701-1725. Gilded, estofado and polychrome wood. Provenance : Convent of São Bento da Avé Maria, Porto.

Porto Workshop, Antonió Gomes et Filipe Silva (?), The Institution of Eucharist, 1701-1725. Gilded, estofado and polychrome wood. Provenance : Convent of São Bento da Avé Maria, Porto.

laquelle s'abîme longuement dans le foisonnement d’un extraordinaire triptyque de Jérôme Bosch.

776 - Fado fandango (13)
776 - Fado fandango (13)

La boutique du musée en propose la reproduction sous forme d’une carte postale grand format — bien plus qu'il n'y paraît ici — en trois volets, non sans reproduire les panneaux arrière qui permettent à l’ensemble de s’articuler et fermer, à l’instar de la Tentation du maître. J’en achète une pour moi, mais aussi pour T., dont je suis à peu près certain qu’elle lui fera plaisir.

 

Jérôme Bosch, la Tentation de saint Antoine, c. 1500
Jérôme Bosch, la Tentation de saint Antoine, c. 1500

Jérôme Bosch, la Tentation de saint Antoine, c. 1500

Je pars d’ailleurs en quête d’une poste afin d’acheter quelques timbres, occasion d’approfondir ma connaissance de ce quartier de Lisbonne — et de faire quelques clichés encore.

776 - Fado fandango (13)
776 - Fado fandango (13)
776 - Fado fandango (13)

Une manifestation se disperse devant l’Assembleia da República.

 

776 - Fado fandango (13)

Il est temps pour moi de récupérer mes impedimenta et de faire mes adieux à la ville de Pessoa.

Je regretterai de n’avoir pas rencontré mon logeur, qui, si la photo est bonne, paraissait tout à fait bien de sa personne.

 

Soir, Paris

J’ai reçu deux SMS de Pascal, dont je prends connaissance en arrivant à l’aéroport. L’un est daté du 17 :

 

« […] en rangeant mes affaires à gauche de l’armoire j’ai vu que tu avais laissé quelques effets dont un livre de Abdellah Taïa je me suis permis de lire quelques lignes […] je pense que je vais l’emmener à S*** pour en faire mon cadeau d’anniversaire […] mais peut-être que ce livre ne t’appartient pas et je ne voudrais pas te causer d’ennuis […] »

 

l’autre du 22 :

 

« Salut Romain merci merci pour ce cadeau inattendu le fameux livre […] »

 

Mon intuition était donc bonne — elle était d’ailleurs très forte en accompagnant ma lecture —, qui m’avait fait penser que le livre plairait à Pascal. Je suis donc très content d’avoir touché si juste (mais je n’avais naturellement pas imaginé qu’il lirait le roman avant que je le lui envoie…).

Je n’ose, pour épargner sa pudeur, lui répliquer que le titre — Celui qui est digne d’être aimé —, après tout, lui était tout destiné !

 

****, vendredi 24 février

 

... Et T., lui, paraît ravi de la carte postale de Jérome Bosch — que je n’ai pas postée, au contraire d'une carte pour Valérie, pour ne pas l’abîmer et lui remettre en mains propres.

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article