777 - S i c i l i a n a (1)

Publié le par 1rΩm1

 

 

S i c i l i a n a 1

 

 

PARIS - SICILE - PARIS

 

 

Journal extime (7 - 21 avril 2017)

 

 

 

1. J’apprends par Wikipedia que la « siciliana » est censément une « danse sicilienne [?] » sur un rythme de 6/8 ou de 12/8 — et qu’elle fait partie des « danses gayes » (?!) « avec la forlane et la gigue »…

 

777 - S i c i l i a n a (1)

 

Paris, samedi 8 avril, fin d’après-midi

Echos et emboîtements de l’ordre du unheimlich — et sur un mode indécis : c’est à mon arrivée à Paris en juillet dernier que je songe en retrouvant le studio de N. J’éprouve, en effet, la même impression d’avoir été surmené ; je ressens une même lassitude de mon activité professionnelle.

 

Comme, du fait de travaux, il n’y a pas d’arrêt sur le quai de la ligne 4 à Montparnasse, je descends à Vavin. Débarqué rue Delambre, je sais après tout où je me trouve — et me sens donc parisien par intermittences, ce qui, après tout, tout mouvement d’immodestie provinciale mis à part, n’est pas faux.

 

 

 

Fernand Léger, Montparnasse (1953-1955), lithographie sur Vélin d'Arches (exposition Pompidou-Metz, 21 août 2017)

Fernand Léger, Montparnasse (1953-1955), lithographie sur Vélin d'Arches (exposition Pompidou-Metz, 21 août 2017)

Je vais à pied de là en tirant ma valise, tout en regrettant à part moi — fort égoïstement — que l’appartement de F. et Pascal ne soit pas disponible, en raison de travaux de rénovation de la chambre, plafond et tapisserie — ni non plus l’appartement de Judith et N., puisque, désormais, Lucien ne veut plus partir avec eux, et qu’il est demeuré dans leur très grand et bel appartement — et qu’il ne saurait être question d’y cohabiter.

 

*  *  *

****, 7 avril, soir

La veille, avec M.-C. à qui j’en avais fait la proposition pour le mois de juillet, nous avons cherché un appartement à Londres. Au moment de finaliser la réservation d’un appartement bien situé et beaucoup moins cher que la plupart des locations, et après que j’ai entré toutes les coordonnées de ma carte bancaire, le site s’était brusquement avéré indisponible, et, comme quelques temps auparavant, j’avais apparemment été victime d’un achat frauduleux, je m’étais inquiété de cette brusque panne.

Impossible finalement nous avait été de réserver. Il était tard, nous y avions passé plus de deux heures et demie, chacun occupé au clavier et à l’écran de deux ordinateurs, et nous avons convenons de guerre lasse de voir cela le lendemain par téléphone, chacun chez lui, plus tranquillement.

 

8 avril

Le matin, force m’est de constater une même indisponibilité du site. M.-C., chez elle, non sans mal, parvient à  se connecter et à payer avec sa carte la location pour une semaine entre les 25 juillet et 1er août, tandis que je réussis de mon côté à nous procurer deux billets d’avion aller et retour pour ces mêmes dates.

Au téléphone, après que nous avons finalisé l’opération, M.-C. se montre enthousiaste. Je me dis, pour ma part, que j’aurais préféré deux chambres (elle aussi se dit « solitaire »), mais il est vrai que les prix des appartements avec deux chambres séparées nous avaient paru trop élevés, et nous avions d’ailleurs renoncé à Edimbourg la veille, en constatant que les locations étaient plus onéreuses encore. Je m’étais rappelé la promesse de Duncan — se la rappelle-t-il aujourd’hui ? — de m’emmener un jour en Ecosse, et, à ce souvenir, avais intérieurement grimacé en me disant que, décidément, l’Ecosse échappait une nouvelle fois à ma prise…

 

Il me faut d’ailleurs reconnaître que, pour autant, j’ai médit sur le jeune homme, avec qui, après lui avoir écrit, j'ai convenu de nous voir mardi soir. Il y a plus d’un an que nous nous — ou nous nous ne — sommes vus… Cette fois, il m’a répondu par un courriel détaillé.

Comme à son ordinaire, son existence semble bruire de toutes sortes d’aventures ou d’agitations. Il m’assure en tout cas avoir bien été à Washington les deux fois dernières. De fait,  tout paraît se recouper dans ses propos. Contre l’avis de N***, même le détail paraît plausible.

Entre autres détails, il raconte s’est séparé de son jaloux :

 

Antonin n’est […] plus dans ma vie depuis fin août ou il m’a demandé de choisir entre le travail et lui, qu’il ne supportait plus les déplacements à répétitions.

On s’est disputé et pour me faire du mal il a jeté mon ordinateur de travail par la fenêtre du 6eme étage avec plus de 100 heures de travail non enregistré dans le système interne. Je l’ai donc mis à la porte.

Littéralement, je l’ai viré en plein milieu de la nuit.

Je vois quelqu’un d’autre depuis novembre donc, ou ça se passe bien mais dont je n’attends rien de particulier pour la suite sachant qu’il est étudiant Erasmus.

Bref nous aurons le temps d’en parler.

J’attends ton retour.

Je t’embrasse en attendant ;

 

Dun

 

*  *  *

Paris, fin d’après-midi [suite]

Quand Judith, quelques jours auparavant, m’avait dit que je croiserais peut-être Francis, amené à séjourner avant moi dans le studio, j’ai frémi un instant.

 

Je tire ma valise en trouvant long le trajet jusqu’à la rue F***. Je suis reçu par Lucien, qui, contre toute inquiétude, m’attend. Il tend la joue et je me hausse pour l’embrasser. Je le lui dis : il a grandi. Peut-être même grimacé-je qu’il ait poussé ainsi. Il se moque de ce que je lui ai fait la même remarque la fois précédente. Et, lui donnant raison, je me dis in petto que ce genre de remarque m’agaçait quand on me la faisait lorsque j’avais son âge (mais je poussais moins !).

 

Judith a préparé mon lit, mais le studio, tel que laissé par Francis, est plutôt sale.

Je me sens un instant quelque peu cafardeux. L’endroit n’est guère convivial.  C’est, en fait, le bureau de N., envahi de livres — j’ai peine, parfois, à croire qu’il ait pu en lire autant —, à demi enterré dans une cour où la lumière est chiche, humide et seulement investi d’ardeurs tout intellectuelles…

Et — je m’y hasarde le temps de m’allonger quelques minutes — la literie est décidément calamiteuse.

Ce n’est que le lendemain que je verrai que sont fleuries les clématites au-dessus de la cabane de jardin.

 

Soir

Je dîne de ce que j’ai préparé avant de partir, puis vais dans ce bar au pied de la Tour Montparnasse chargé de tous mes rendez-vous avec Duncan, N***, Aymeric, Khadija… où j’ai coutume d’aller. (Cela me fait drôle, à son sujet, de songer que je vais partir avec M.-C. à Londres, plutôt qu’avec Khadija, qui se trouve dans les Ardennes profondes chez sa mère et sa sœur, à s’occuper de leurs folies en miroir, indisponible jusqu’à, j’en ai peur, fort longtemps…)

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article