795 - S i c i l i a n a (8)

Publié le par 1rΩm1

 

S i c i l i a n a

 

 

PARIS - SICILE - PARIS

 

 

Journal extime (7 - 21 avril 2017)

 

 

8

 

 

15 avril

Matin

 

795 - S i c i l i a n a  (8)

Je quitte Taormina et son cortège d’artistes parfois encombrants — mais le pire est à venir du fait de cet aréopage d’hommes politiques qui se réuniront bientôt sur place —, non sans admirer, depuis le bus qui me mène à la gare ferroviaire, une dernière fois l’extraordinaire vue sur la mer Ionienne et la presqu’île d’Isola Bella.

 

Syracuse, midi

J’ai beaucoup de mal à m’orienter jusqu’à l’hôtel où j’ai réservé une chambre pour la nuit. Le plan dont j’ai fait une capture d’écran, en outre, n’indique pas tous les noms de rues, et je demande mon chemin. Par trois fois, on m’envoie dans une direction tout à fait fausse. J’erre ainsi pendant près de trois quarts d’heure, avant de trouver enfin la rue où l’hôtel se trouve.

 

Après-midi

La chambre est grande, garnie de meubles anciens. Le vieux monsieur à l’accueil est très gentil. Il me confie un guide en français avec un plan détaillé de la ville.

J’ouvre la valise. Je me décide ensuite à visiter l’île d’Ortygie (Ortigia) — où j’ai loué un appartement le lendemain.

Je suis affamé. Sur une suggestion du guide que m’a prêté M.-C., je m’installe sur une terrasse proche de la cathédrale. Mais, quoique les pâtisseries soient appétissantes, j’opte pour un sandwich, plutôt cher, de même que la bière qui l’accompagne.

Je logerai à peine à cent mètres de la mer. Sur une petite plage, des gens se font bronzer.

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Je visite le Palais Bellomo, tout proche, assez petit et vite parcouru.

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Je vais ensuite jusqu’à la fontaine Aréthuse, où poussent d’impressionnants papyrus et où s’ébattent des oiseaux aquatiques, canards et poules d’eau.

Puis je me rends à la cathédrale, habillée et déshabillée plusieurs fois selon divers modes — architecturaux et religieux —, et dont le résultat, si elle n’en a pas le monopole, s’avère original. L’intérieur en est très sombre.

Dehors, en revanche, le soleil déferle — et brûle.

Ma peau vire au cramoisi (je le sens).

Je cherche l’ombre.

 

L’après-midi a passé et je rentre à l’hôtel.

Je réponds à  un message de T. — entre autres choses.

 

16 avril

Matin

Je visite le musée archéologique Paolo Orsi, dont la collection est très riche. S’y trouvent, entre autres objets, de beaux vases grecs dont je rate souvent la prise — ainsi que quelques personnages ithyphalliques, et quelque Priape qui a perdu le meilleur de son attribut…

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Sur le chemin du retour, je diffère ma visite à Santa Lucia, puisqu’on y célèbre l’office. Je visite cependant la chapelle octogonale attenante.

Je prends mes bagages à l’hôtel. Le réceptionniste me laisse gentiment le plan de Syracuse.

 

Midi

Je tire ma valise jusque Via Roma. Je ne vois personne m’accueillir. Je m’étais entre-temps connecté, sans trouver  de message de Mariella.

 

Je le constate en attendant ma logeuse : j’habiterai à vingt mètres d’un restaurant à l’enseigne baudelairienne (« Autant qu’un roi, je suis heureux : / L’air est pur, le ciel admirable… »), si le drapeau, lui, en est plus wildien !

 

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Au pied de l’immeuble, des gens rentrent : je leur demande où sonner — sans obtenir de réponse.

Un homme assez âgé sort, que j’interpelle. Il prend son téléphone. Mariella est là une poignée de secondes plus tard.

Elle parle un anglais que je comprends beaucoup mieux que le réceptionniste de l’hôtel. Je la trouve sympathique. Elle s’activait à faire le ménage et pensait que je l’appellerais sur son portable, ce qui m’amuse : les gens désormais n’imaginent jamais qu’on ne bénéficie pas nécessairement d’un forfait téléphonique international… Le studio que j’ai loué est petit, mais agréable et fonctionnel.

Je fais des courses, non sans errer avant de trouver une épicerie digne de ce nom, tout en songeant que je suis décidément voué à déjeuner plus tard que mon estomac ne l’endure ordinairement.

 

Après-midi

A Santa Lucia, je m’abîme devant la toile du Caravage, les Funérailles de sainte Lucie.

Pour ponctuer mon passage et comme je les sais amateurs du peintre, j’achète une carte postale pour F. et Pascal — ou plutôt, ainsi que m’y enjoint une pancarte, je laisse une obole d'un montant laissé à ma libre appréciation.

 

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Le tableau, exécuté comme si, pressé par sa fuite, Caravage n’avait pu en lécher tous les détails, laisse la sensation de l’inachevé. A moins que l’impression ne soit due à l’éclairage chiche à l’intérieur qui donne cette impression : la carte postale, cependant, certes petite (alors que le tableau est lui de bonnes dimensions), paraît néanmoins tout aussi sombre, empâtée dans ses bruns. Je trouve que c’est un très beau tableau, cependant, la compassion des uns heurtant la trivialité tant de l’activité des pelleteurs au premier plan que de la situation telle que narrée. Et l'immensité brune de la muraille au-dessus dramatise encore cette inhumation presque à la sauvette.

Rentré en fin d’après-midi dans l’appartement, je réponds à un message de M.-C. :

Aujourd’hui, ainsi que l’atteste la photo de la Place du Duomo, il fait beaucoup plus gris qu’hier…

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Voire : il tonne et pleut depuis un quart d’heure ! (J’imagine que les Syracusains ont dû passer Noël au balcon !)

[…] Syracuse est la sœur aînée, beaucoup plus lumineuse, de Palerme.

Mais j’aime également les deux — et je garde une affection particulière pour la cadette, (quoique — ou parce que :) à l’abord plus ingrat.

Cependant, […] je suis loin d’avoir tout vu encore !

 

Merci, au fait, pour ton bien aimable procédé concernant le guide : mais je le ménage quand même et ne saurais l’annoter — que de cette façon !…

 

Reçois d’amicales pensées.

A bientôt,

Romain

 

Soir

Après dîner, après avoir sacrifié à un cornet de glace acheté sur la place de la cathédrale, mon dîner étant resté frugal, je déambule jusqu’au port, découvert par hasard, achevant ainsi par son autre côté mon semi tour de l’île, effectué l’après-midi.

 

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Nuit

Je fais des rêves extraordinaires, peuplés de chauves-souris géantes amicales, à la fourrure douce aux doigts et aux membranes protectrices…

 

 

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