804 - Sotiš in London (11)
Sotiš in London
(sur un air de chapelloise,
de polka slovène
ou d’English gay gordons)
Paris - Londres - Paris
(journal extime 19 juillet – 4 août 2017)
XI
29 juillet
Matin
Du fait du LondonRide, la plupart des rues du centre de Londres sont fermées à la circulation automobile.
Je me rends à la Courtauld Gallery (Institut Courtauld), qui réunit une collection exceptionnelle d’œuvres de divers siècles.
Il est juste regrettable que la plupart des peintures soient derrière des vitres — et trop éclairées.
Edouard Manet, Un bar aux Folies Bergères, Oil on canvas, 1881-82
Edouard Manet, les Berges de la Seine à Argenteuil, 1874, Oil on canvas
Georges Seurat , le Pont de Courbevoie, ca 1886-87, Oil on canvas
Midi
Je rentre déjeuner à l’appartement.
Ce doit être parce qu’on est samedi : le pub au carrefour le plus proche est bondé.
Je bavarde — à plaisir — avec Tomaž. Il n’aime décidément pas Londres, son climat. Il est allé en Thaïlande et a détesté Bangkok (je ne lui donne pas entièrement tort).
Il me demande de lui montrer où est ****.
Il ne connaît pas Giacometti. (Je me dis ensuite que je ne vois pas, après tout, pourquoi il le connaîtrait.)
Après-midi
Je m’achète des chaussures — très spontanément (peut-être pensais-je que je le dirais à Tom [!]), j’allais écrire : I buy shoes ! —, les miennes me faisant décidément trop mal, la péripétie me rappelant Florence.
Le temps s’est vraiment mis à la pluie, ce qui a découragé les cyclistes, plongé dans l’eau le LondonRide, rendant aux rares piétons les rues que ne peuvent emprunter les voitures !
Je me promène un peu hasard depuis les Royal Courts of Justice jusque Saint-Paul.
L’îlot de demeures médiévales est inaccessible, soit parce que c’est le week-end, soit parce que le lieu est désormais privé. Je prends néanmoins quelques clichés de façades intéressantes.
Il pleut continument.
Je pousse jusqu’à la gare St Pancras — où arrivent les Eurostar — proche de l’endroit où je loge, et prends quelques photos.
* * *
Tom doit être sorti plutôt que retranché dans la pièce qui lui sert d’appartement particulier (une pièce plutôt grande, dont je n’ai aperçu qu’un étendoir à linge, et qui restera la pièce dérobée à mon incuriosité, n’ayant jamais rien eu d’une épouse de Barbe Bleue — ni lui non plus de Barbe Bleue très certainement).
Soir
Je décide finalement, non de me transporter très loin, mais, après avoir consulté — plutôt vaguement — quelque site internet, de me rendre dans un pub du quartier (je me suis enquis de son nom auprès de Tom, à qui je demanderai ensuite un parapluie).
La Guinness y est servie beaucoup plus fraîche que dans le souvenir de mon précédent séjour.
Je pense à T., dont, jadis, c’était la boisson préférée.
Je m’amuse qu’un match de fléchettes — il s’agit, en fait, d’un concours mondial — soit retransmis en continu sur un écran de télévision.
— Finalement, bien fraîche, la Guinness me conquiert, et je regrette presque de n’en avoir pas commandé une pinte !
Je me laisse aller au moment. Cela fait du bien de ne rien faire.
Je songe même, troublante exception, n’avoir pas même ouvert un livre…
(Je crois, cependant, qu’indépendamment de toute projection stupide Tom me procure une agréable et fraîche diversion…)
Et la question m’effleure — comme il m’arrive : pourquoi diable voyager ?
Je chasse aussitôt la question, importune comme le reste.