811 - Sotiš in London (15)
Sotiš in London
(sur un air de chapelloise,
de polka slovène
ou d’English gay gordons)
Paris - Londres - Paris
(journal extime 19 juillet – 4 août 2017)
XV
1er août
Matin
Il est un peu moins de sept heures quand, malgré les bouchons d’oreille, je perçois une grande agitation dans l’appartement. R s’est mise en tête de faire un grand ménage. Même si je ne la trouve qu’à demi sympathique, je concède qu’elle a raison. La baignoire, en particulier, méritait qu’on s’en occupe et avait été négligée par les soins approximatifs de Tomaž (j’avais failli plusieurs fois lui demander éponge et récurent pour m’attaquer à la saleté incrustée, mais m’étais dit que je pourrais le vexer).
Tomaž passe. « Bon appétite. » (il prononce à nouveau le —t).
Je remarque pour la première fois qu’il arbore tennis, short et tee-shirt de la même marque.
Il va courir. (He needs air, I guess !)
R s’agite autour de moi.
Je fais quelques courses — et un dernier tour de quartier, non sans recharger ma carte Oyster afin de me rendre jusqu’à St Pancras.
Quand je rentre, Tomaž et R sont à nouveau en grande conversation (en slovène). R parle fort. Tomaž paraît de temps en temps protester — et élever quelque peu la voix. De quoi se défend-il ? D’avoir mal ménagé l’absence de R probablement.
Je dois constater que — même lorsqu’il ne paraît pas irrité — Tom n’a pas un timbre de voix très agréable.
Je lis dans ma chambre.
Je profite d’une accalmie pour m’installer à nouveau dans la cuisine — et écrire ces lignes-ci.
Tom prend sa douche. R fait le ménage, puisque j’ai libéré la chambre.
Fait exceptionnel, je n’ai pas lu une seule ligne durant mon séjour (peut-être cela tient-il au livre de Mario Vargas Llosa, le Rêve du Celte, emporté dans ma valise : le roman est bien sûr intéressant, mais éprouvant — et répétitif — dans le long constat des exactions et horreurs perpétrées par les colons belges au Congo…)
Tom, qui aperçoit ce pavé, me livre qu’il lit peu : « je lis cinq ou six pages, et j’ai envie de dormir. »
Il me montre un petit livre qu’il a acheté, pour lui et ses amis : c’est un recueil de sentences, intitulé Be Happy, comme autant de conseils qui ont généralement tout du truisme du type « have a good spleep », « read a book », « buy flowers for yourself », illustrées par des vignettes sur les pages de droite.
Cet après-midi, il ira acheter « some souvenirs » pour ses amis, mais il n’aime pas cela et considère que ce sont des choses plutôt inutiles et encombrantes.
Midi
Je prends cette photo pour Tomaž dans la vitrine du Sainsbury’s Local, qui confirme ce que nous nous étions dit à propos du match de football de l’avant-veille.
Premier private joke entre nous ?
Soir
Ma carte navigo à l’aéroport est complètement démagnétisée. Je perds plus d’une heure dans une file d’attente pour m’en faire délivrer une autre.
Je reçois un message de M.-C. pour m’accueillir à mon retour. Je retrace ma contrariété, renonce, me dis qu’elle est tellement moindre que celle qu’elle a pu connaître en n’embarquant pas à l’aller… Il n’empêche : je suis d'une humeur de dogue.
Il fait plus chaud à Paris qu’à Londres (où la température n’excédait presque jamais 18 degrés).
J’appelle N***. Peut-être n’est-il pas chez lui ou son téléphone n’est-il pas à portée de main, mais il ne répond pas.
Je suis fatigué de ma journée.
Tom, lui, doit avoir atterri à Venise, avant de prendre un car pour Ljubljana. Mes recherches m’ont appris que la capitale de la Slovénie est trente fois plus petite que Londres…