817 - Chante, chante barcarol (2)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Chante, chante barcarol

 

(Paris – Venise – Vérone – Padoue – Paris)

 

Journal extime

 

(23 octobre – 5 novembre 2017)

 

 

2

 

 

24 octobre

Matin ; après-midi

Aymeric m’a envoyé un courriel :

Bonjour Romain,

Merci pour la divertissante soirée d'hier.

Et voici la solution de l'énigme :

L'antienne "il en reste assez pour moi, il en reste assez" est bien sûr de Boris Vian ("Ils cassent le monde...")

L'Internet est un outil de raccommodage des cerveaux fragmentés.

Bonne Italie. Le ciel de ce matin incite au départ.

Amitiés.

Aymeric

 

Je lui réponds :

Bonjour Aymeric,

Merci à toi aussi pour la soirée d'hier. J'allais t'écrire...

(J'ai déjà jeté quelques linéaments mémoriels, car nos cerveaux, tu as raison, sont de plus en plus fragmentés — il existait autrefois des logiciels pour remettre en ordre, rabouter les décombres erratiques [de nos ordinateurs],

mais nos mémoires ne sauraient être aussi aisément réparables...

Peut-être y aura-t-il, malgré tout, une relation de ce voyage en Italie.)

J'entends qu'il pleut dehors, oui. Je n'ai pas encore ouvert les volets... (Je me demande si je ne préfère pas le studio de Nestor mué en caverne, qu'éclairé chichement par la lumière avaricieuse de la cour...)

Désolé si j'ai pu (possiblement) te paraître absent hier. Je ne sais pourquoi je suis ainsi absent à moi-même depuis quelques temps ; mais je ne l'étais pas au plaisir de te voir.

Bonne semaine à toi aussi en Bretagne et Normandie.

Amitiés en retour,

Romain

 

Je me décide à partir plus tôt, à 11 h 30.

J’en préviens Judith, que je réveille.

A Denfert-Rochereau, je laisse volontairement passer un « train long » pour un « train court » qui doit venir ensuite. Mal m’en prend : tous les trains sont retardés du fait d’un accident de voyageur. Je m’apprête à devoir prendre le bus à Opéra, comme avant de partir en Angleterre (je ne trouve cependant pas de plan du métro sur le quai). Précisément, j’appelle M.-C., mais tombe plusieurs fois sur le répondeur. Enfin, trente minutes plus tard, arrive un train pour Mitry. Je décide de le prendre jusque Gare du Nord. Sur le quai, je crois apercevoir M.-C.

C’est bien elle. Elle s’est munie d’une béquille, pour soulager son pied s'il le réclamait. Nous montons dans un wagon bondé.

A l’aéroport, la béquille joue les coupe-file sans qu’on n’ait rien demandé, tandis que l’attelle à la jambe de M.-C. fait sonner les portillons automatiques, ce qui nous retarde ensuite.

 

Fin d’après-midi ; soir

Des hublots de l’avion — nous sommes installés l’un derrière l’autre, mais en avons la jouissance pleine, chacun le sien —, la vue dégagée sur les Alpes, puis le lac de Garde, puis la lagune, puis Venise, est magnifique.

© Internet

© Internet

A l’aéroport, nous achetons une carte touristique permettant la gratuité des transports. Venise est sans doute petite [c’est du moins ce que je pensais naïvement alors !], mais M.-C., mal remise d’une entorse de plus de huit semaines, pourrait avoir très vite mal à la jambe.

 

Notre arrivée à Mestre ne se fait pas sans traverses : les arrêts du bus que nous avons pris ne sont pas annoncés, et nous devons lire, à chaque halte, vérifier le nom de l’arrêt. Sur une même avenue, en outre, les noms sont identiques — aux chiffres près —, et, comme j’ai déjà pu le constater lors de déplacements motorisés, nous croyons effectuer de longues distances alors que nous accomplissons, en fait, des sauts de puce. Débarqués enfin au bon endroit, je m’aperçois que je n’avais pas noté tous les renseignements d’usage, notamment le numéro de la rue ! Je dois téléphoner à la logeuse, Jessica, pour l’obtenir. En vérité, nous en sommes tout près. Une femme, en poste devant un immeuble, nous adresse bientôt un signe.

L’appartement est grand, confortable, propre et bien meublé — avec deux chambres séparées et préparées pour l’un et l’autre.

 

Après nous êtres installés sommairement, nous faisons quelques courses. Comme je veux payer à part la brosse à dents que j’ai achetée, M.-C. fait mine de se fâcher.

Nous dînons agréablement, avant de nous perdre dans des recherches plus ou moins infructueuses sur la toile. Nous décidons donc de remettre au lendemain un programme de visites plus précis.

M.-C. a emporté avec elle une tablette : l’objet semble pratique pour prendre des photos et même faire des films.

 

La chambre, je m’en aperçois bien vite, est pourvue d’un détecteur de mouvements. Celui-ci se déclenche chaque fois que je me retourne dans ce lit étroit pour une seule personne, projetant une lueur pâlotte qui finit par s’éteindre après deux ou trois secondes, mais cela n’en demeure pas moins perturbant.

 

Nuit

Je suis d’ailleurs réveillé après un cycle de deux heures. Outre cette lumière intrusive, je n’ai vraiment pas l’habitude de dormir dans un lit si peu large.

Pour ne rien arranger, j’ai le nez pris.

 

 

 

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