822 - Chante, chante barcarol (6)
Chante, chante barcarol
(Paris – Venise – Vérone – Padoue – Paris)
Journal extime
(23 octobre – 5 novembre 2017)
6
28 octobre
J’ai exceptionnellement bien dormi (du fait des péripéties de la veille ?).
Il fait froid dans l’appartement. Je m’aperçois que des gouttes tombent de la chaudière sur le réfrigérateur, le circuit d’eau étant vraisemblablement trop rempli. Je place une casserole sous la fuite et règle le thermostat afin d’augmenter la température.
Nous faisons quelques courses dans le quartier.
La matinée a presque entièrement passé. Nous prenons un bus pour nous rendre au centre de Vérone. Après avoir fait l’achat d’une carte touristique à l’office du tourisme, nous visitons les arènes, moins intéressantes que celles de Nîmes ou d’Arles. Nous nous attardons d’autant moins que M.-C. entend ménager sa cheville, qui la fait souffrir.
(Nous nous apercevons que nous avons oublié tous deux nos appareils photographiques.)
M.-C. veut voir la maison de Juliette. Je m’amuse que le balcon, pourtant ajouté en 1935, en réfection, soit emballé. La prétendue maison des Capulet abrite une musée. Y sont exposés, entre autres brimborions peu convaincants, meubles naufragés et laideurs peintes, le lit du film de Zeffirelli, les costumes des deux protagonistes, et je prends plaisir un instant à remplir en imagination le costume de Roméo du jeune premier qui l’incarnait, mais c’est une satisfaction bien mince eu égard à l’inutilité de la visite.
Nous déjeunons Place Erbe d’un mauvais sandwich.
Nous visitons ensuite la Galleria d’Arte Moderna Achille Forti al Palazzo della Ragione — le nom à rallonge mériterait qu’on lui trouve, quitte à le modifier un peu, quelque acronyme ! — où sont exposés trois artistes photographes (Luigi Ontani, Urs Lüthi, Roman Opalka) spécialisés dans l’autoportrait. L’emportant sur leur valeur artistique pour moi indécidable, c’est surtout la décrépitude des corps que retient mon regard cuistre dans des œuvres qui embrassent jeunesse, maturité et vieillesse ennemie. L’intitulé de l’exposition — Il mio corpo nel tempo —, en vérité, en avertit le spectateur — pour peu qu’il soit moins distrait que je n’ai dû l’être… Quoi qu’il en soit, l’on n’en sort guère ragaillardi — tant cet effeuillage de l’âge, ce florilège de pétales tombés a sur l’œil un effet plus immédiatement parlant que les fatras encombrés des ordinaires vanités — dont on a désormais oublié la signification symbolique.
Nous visitons le Duomo, son baptistère, ses fonts baptismaux attribués à Brioloto (XII-XIIIe siècles). On nous prête, pour la circonstance, un audioguide, dont les commentaires, contre toute attente, sont intéressants.
Je fais quelques photographies avec le portable, malheureusement toutes ratées, notamment ma prise de la Grande croix-station.
Dans la cathédrale même, dans une chapelle latérale, se trouve une très belle Assomption de Titien, mais aussi des restes de fresques.
Toujours un peu frustrés de n’avoir pas emporté de quoi photographier ce que nous voyons, nous nous rendons ensuite la Chiesa di Santa Anastasia, très impressionnante : j’en trouverai néanmoins des clichés bien plus réussis que je n’aurais pu le faire moi-même avec mon appareil sur Internet.
Contre-façade : retable de l'autel Boldieri. Vierge à l'Enfant, Saint Sébastien, Saint Pierre de Vérone et Saint Roch.
L'autel Pindemonte (1541) : le tableau du retable représentant saint-Martin est de Giovan Francesco Caroto.
Nous faisons une pause courte dans un café proche.
Nous réservons dans un restaurant pour le lendemain, M.-C. voulant à toute force m’inviter à dîner pour me remercier d’avoir organisé notre séjour.
Il fait plus frais que les jours précédents.
Nous prenons l’apéritif dans une trattoria en face de Castel Vecchio, un verre de vin blanc qu’accompagnent de bonnes olives, des cottes de céleri et des bâtonnets de carotte, du guacamole et du fromage blanc à l'ail et aux herbes.
En revanche, rentrés dans l'appartement, nous dînons médiocrement. Et le reste de la soirée se passe à régler des détails matériels pour notre arrivée à Padoue (il faut notamment prévenir la logeuse de la présence de M.-C., la réservation que j’avais faite en mon nom n’étant primitivement que pour une personne…).