834 - Des jardins sous la pluie (1)
Des jardins sous la pluie
Paris - Séville - Grenade - Malaga - Paris
(Journal extime, 24 février - 9 mars 2018)
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En amont…
Décembre 2017 : fin d’année coassante ?
J’aurais voulu partir, je trouvais les dates favorables.
M’y suis-je pris trop tard ? pour aller en Andalousie, le seul vol trouvé à prix abordable me menait à Madrid avec une escale à Lisbonne. Trop de détours. J’ai renoncé.
Je suis tombé malade. (S. a dit : par contrariété.)
Mercredi 21 février
Je n’ai pas entendu l’appel d’A. sur le téléphone mobile. Sa mère est décédée (à l’âge de quatre-vingt-seize ans, me dira-t-elle ensuite). J’écoute son message : peut-elle séjourner chez moi le lendemain, avant de retrouver sa famille le 23, en l’absence de M. ? Je la rappelle.
[Courriel à Aymeric : ]
Dimanche [18 février], complété aujourd’hui :
Bonjour Aymeric,
Quelques lignes dans la perspective de ma prochaine venue à Paris.
Je te suppose toujours disponible le lundi. Sachant que je décolle plutôt tôt le lendemain matin, je verrais assez volontiers qu’on se retrouve en début d’après-midi, tout en précisant que je ne suis guère informé des expos du moment… Aussi, si jamais tu as une envie particulière, suivrais-je volontiers le mouvement…
Il faut dire que je viens de passer une sale semaine, pas tout à fait cloué au lit par une grippe tenace, mais tout de même singulièrement attaqué dans mon énergie par la maladie. Le pire n’était pas tant d’aller du lit au canapé, que d’aller du canapé à mon fauteuil de bureau afin de rassembler un peu de courage pour affronter [le travail en souffrance] qui, depuis le mercredi précédent, réclamai[t]d’être [fait] avant les vacances. Je n’ai jamais eu une telle impression de (double) punition : être malade et devoir m’avancer sans efficacité dans [un labeur plus ingrat] encore que d’ordinaire — peut-être du fait de la maladie. Jusque jeudi au moins, la fièvre ne diminuant guère — ce qui m’a obligé à revoir le médecin et à prolonger mon arrêt de travail —, j’ai eu le sentiment d’un enlisement dans des [piles] qui ne diminuaient qu’à peine, tandis que j’y passais le plus clair de mon temps. Depuis, la fièvre est tombée (vendredi), et j’ai pu refaire surface — et notamment voir des gens (Marthe, Paul, T.), ce qui invite tout de même à plus de légèreté !
J’ai appris, en feuilletant Télérama mardi, la mort de Mathieu Riboulet, nouvelle qui, pour ne pas me surprendre, m’a attristé — tout en me laissant quelque remords de n’avoir pas encore trouvé le temps de répondre à Adrien. Je le ferai durant les vacances, je suppose, mais l’idée de devoir agir ainsi à contretemps ne saura liquider le sentiment de culpabilité, qui, pour léger qu’il soit, m’accompagne depuis cinq ou six semaines que j’ai reçu sa réponse, ni non plus ne m’allègera la tâche !
(aujourd’hui :)
Voilà. Je n’ajoute pas grand-chose ce soir.
A. m’a appelé tout à l’heure : sa mère est décédée hier, et elle fait un crochet par **** demain, avant d’aller en Moselle se conjoindre avec la famille samedi, jour de l’enterrement. Les quarante-huit heures à venir s’accélèrent. En un sens, cela m’oblige à boucler plus tôt en pensée et en acte les valises, à parer donc au plus pressé, à faire en sorte de faire.
J’espère juste y parvenir, en gérant tous les à-côtés matériels.
Jeudi 22, 18 heures
A. m’attend dans un café de la Place S****. J’ai réussi à me libérer une vingtaine de minutes plus tôt que prévu.
Je ne suis pas très avancé dans mes préparatifs de voyage, mais, l’écoutant me dire qu’elle devra, la famille le lui ayant demandé — puisque « la littéraire de la famille » commenté-je in petto —, écrire un texte pour la cérémonie, je songe que nous pourrons chacun vaquer à nos occupations respectives de cette façon.
Vendredi 23
A. répare au point de feston le poignet droit de mon pullover, le plus chaud que je puisse emmener.
Auparavant, je repasse, tandis qu’elle écrit le texte commémorant sa mère à l’ordinateur.
Nous déjeunons agréablement. Ses bavardages sont moins compulsifs que la veille.
Après-midi
A. a oublié ses lunettes.
(Je m’agace : pourquoi faut-il toujours qu’elle dissémine ainsi les objets après ses passages ? Au moins, apportant l'étui et les précieux bésicles, aurai-je vu un court instant M. et son compagnon, avec promesse de nous voir bientôt.)
Soir
Je dîne en tête-à-tête avec T. Depuis trois semaines, où T. invitait chaque fois Marthe et Paul, cela m’avait manqué.
Je continue à faire mes bagages après être rentré.