853 - En lombardes (versales ou tourneures) (II)
En lombardes (versales ou tourneures)
Paris-Milan-Turin-Milan-Paris
(21 avril – 5 mai 2018)
II
Dimanche 22 avril [suite]
Après-midi
Je vais voir l’exposition Âmes sauvages, le symbolisme dans les pays baltes à Orsay, assez prenante, après les premières salles consacrées aux légendes et contes, les moins intéressantes, tout en songeant à l’exposition sur l’Allemagne (De l'Allemagne, 1800-1939. De Friedrich à Beckmann.), vue au Louvre à Pâque 2013 en compagnie d’Aymeric, — le nationalisme et le folklore ayant essaimé à travers toute l’Europe et fécondé des œuvres d’inégale importance, une des premières toiles m'évoquant une sorte de vaisseau fantôme wagnérien. J’apprends d’ailleurs que l’exposition commémore à sa façon cent ans de l’anniversaire de l’indépendance des pays baltes.
Au premier rang (de gauche à droite) : Petras Rimša, Ignas Šlapelis (historien et critique d’art), Sofija Kymantaité (écrivain, future épouse de Mikalojus Konstantinas Čiurlionis). Au second rang (de gauche à droite) : Adomas Varnas, Juozapas Albinas Herbačiauskas (écrivain), Zigmantas Skirgaila (organiste et compositeur), Adalbertas Staneika.
Si aucun nom ne m'est familier, je ne suis pas certain non plus d’avoir vu aucune de ces œuvres à Riga, Vilnius ou Tallinn, mais c’est certainement parce que ma mémoire est prise en défaut. (Je n’imagine pas que nous n’ayons pas fait, R. et moi, les musées des Beaux-Arts de ces villes. en effet Je me rappelle même avoir parcouru un lieu — était-ce une collection permanente ? une exposition ? — à Tallinn. J’ai souvenir également à Riga de façades Art nouveau mais aussi de m’être rendu dans un quartier légèrement excentré où l’Art nouveau le cédait au cours de la promenade au fonctionnalisme, — souvenir aussi d’un excellent restaurant indien dans la vieille ville, repéré par hasard grâce aux parfums et épices s’exhalant d’une cuisine en sous-sol ouverte en raison de la chaleur et du lieu sans doute et de la température extérieure...)
Si certaines œuvres s’inscrivent bien dans le symbolisme tel qu’habituellement compris ou dans la peinture de leur époque respective
Kristjan Raud (1865-1943), le Repos durant le voyage, dit aussi : la Fuite en Egypte. La Croix. Au pied de la croix, vers 1905, Tempera sur toile
Certains portraits hypnotisent leur regardeur
et certains paysages, sans équivalents qui viennent d’abord aux lèvres et à l’esprit (Vallotton pour le premier ?),
semblent ouvrir à un monde intérieur qui, s’il n’ensauvage peut-être pas l’âme, paraît, de fait, bien éloigné d’un univers solaire et méditerranéen…
Vilhelms Purvītis (1872-1945), les Eaux printanières, dit aussi Maestoso, vers 1910, Huile sur toile
Je ne m’étonne pas d’apprendre que Mikalojus Konstantinas Čiurlionis ait été connu avant tout comme musicien
Mikalojus Konstantinas Čiurlionis, Sonate n°5, dit aussi : Sonate de la mer, 1908, Allegro/ Andante/ Finale, Tempera sur papier
tant son cycle de treize tableaux, la Création du Monde, atteste un univers de rythmes et de couleurs [auxquels — mes clichés en étant médiocres — je substitue ces reproductions trouvées sur la toile]
Mikalojus Konstantinas Čiurlionis, la Création du monde (cycle de treize tableaux), 1905-1906, I à XIII, Tempera sur papier
et ferait volontiers croire à la musique des sphères et à une audition colorée…
Je m’attarde sur ces trois pans de mur qui déclinent ces variations oniriques sans que, de l’aveu de leur auteur et de fait, leur mysticisme soit envahissant.
(Il n’en aura guère eu le temps, cependant, d’y revenir, étant de ces artistes morts avant quarante ans.)
Je vais ensuite au hasard des salles du bas.
Carolus-Duran, le Convalescent, dit aussi le Blessé, vers 1860
— tout en m’amusant de ce qui interpelle mon œil, non sans songer à une réflexion que m’avait faite M.-C. lorsque nous étions en Italie.
Je rentre à pied en flânant, d’abord rive gauche, puis rive droite, jusque la Place des Vosges.
Je regrette que Saint-Denys-du-Saint-Sacrement soit fermé car j’aurais bien vu le tableau de Delacroix. Je m’aperçois que je ne suis guère plus qu’à dix minutes de l’appartement de F. et Pascal, et me dis qu’il sera facile de revenir.
Je poursuis à pied jusque là, bien décidé à y demeurer la soirée entière.