876 - Journal d'un conscrit (29) [in memoriam J.-M.]

Publié le par 1rΩm1

 

 

876 - Journal d'un conscrit (29) [in memoriam J.-M.]

 

C***, le 29mai 1984

 

J.-M., bonjour,

 

Je m’arme à nouveau de mon stylo… Il fait un temps épouvantable à C*** — et l’on n’en peut plus de la pluie. C’est dire comment le décor est campé.

 

Le joli temps des « manœuvres » est terminé. Rien de tel n’arrivera plus, semble-t-il, avant septembre. Il faut faire, dès maintenant, d’échapper à « Faucon », à l’heure où l’on sera « libérable » : convocation d’un examen ou à l’embauche, concours administratif — le choix des moyens demeure encore. La semaine passée, entamée de nuit, m’a laissé pantelant de fatigue. Celle-ci n’est pas encore bue, le week-end ayant été trop court pour être tout à fait réparateur. D’ailleurs, les contraintes ont recommencé.

Heureusement, une « 96 » se profile à l’horizon, pendant laquelle j’espère vous voir, Pascal et toi…

 

Je disais que « piquet d’incendie »… Heureusement, j’ai le même compagnon d’infortune, Thierry, qui rend “la chose” plus facile. Cela permet de se détendre un peu — de s’extrader en bavardages et rires…

Il est arrivé une chose extraordinaire, à ce propos. Nous interrogeant sur nos âges respectifs, nous avons découvert que… nous étions nés le même jour de la même année — bref, que nous avions la même date d’anniversaire ! Ainsi s’explique l’attrait très fort (possiblement amoureux au départ, j’en ai parlé) que j’éprouvais pour lui : cette sympathie gémellaire, secrète encore, inconnue (il est curieux d’ailleurs que nous n’ayons pas découvert cela plus tôt) en était la cause. Nous aurons sans doute de quoi découvrir davantage de points communs…

 

Week-end quelque peu décapité. Je n’ai guère eu de loisir qu’une invitation à dîner que j’ai lancée samedi soir. Je sublime ma boulimie par des recettes de cuisine, il faut croire… Alain et M., P. et S.

M. a fait une chute drolatique chez des amis dans les escaliers de leur cave : elle croyait pousser la porte des toilettes ! L’ennui est qu’elle s’est arrachée à demi une oreille…  Greffe de cartilage, carcan, et tout le toutim. Enturbannée, siégeant en bout de table, reine du gag malheureux, elle et Alain nous ont bien fait rire — comme à l’ordinaire, d’ailleurs.

Beaucoup moins drôle, ma rencontre inopinée avec Frédérick. Au F***. Je me suis trouvé très importun. Je n’existais pas. L’histoire classique de quelqu’un qui ne tient pas à rencontrer en compagnie (une copine, en l’occurrence) un amant non prévu au programme… J’ai été furieux. D’autant que nous devions nous voir jeudi soir. La grève des trains l’aura empêché : je suis rentré à **** vers 22 heures 30, bien après le rendez-vous convenu. Récidive d’un scénario désormais banal.

Le reste était du désert. Beaucoup de pluie. Le « mois de Marie », cette année, dénote un printemps foutu, de partout. […]

 

Je vais cesser pour que cette lettre parte avant ce soit, qu’elle te parvienne avant le week-end. Rien n’est jamais gagné d’avance, mais je pourrais être à **** dès mercrdi soir.

 

D’ici là, il y aura d’autres « piquets d’incendie », un « cross régimentaire » sur 5,5 kilomètres demain (je redoute, je redoute…) et autres balivernes du même tonneau.

 

A bientôt, j’espère.

 

Affectueusement,

 

Romain

 

 

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