906 - A l'anversoise (14)

Publié le par 1rΩm1

 

 

DANS ANVERS, DANSE ANVERSOISE

 

(AnverS, AverS et Endroits)

 

 [titre provisoire ?]

 

WORK in PROGRESS

 

Journal extime

 

(Bruxelles - Anvers - Gand - Bruges : 13 août - 25 août 2018)

 

13

 

23 août [suite]

Après-midi

Muni d’un guide prêté par Cécile, je poursuis, entamé avec la visite le matin de l’Eglise Notre-Dame et le musée Groeninge, l’itinéraire d’une promenade (Promenade 2), intéressante dans son détail.

Mes pas me mènent d’abord devant une première maison en bois du XVIe siècle rue Kortewinkel.

Bruges, rue Kortewinkel

Bruges, rue Kortewinkel

C’est la très jolie porte du n°10, l’ancienne Maison des Jésuites, que je photographie ensuite.

 

906 - A l'anversoise (14)
906 - A l'anversoise (14)

Je fais face sur une place  (Woensdagmarkt) à la statue de Hans Memling, auquel j’adresse des pensées émues — autant, pour d’autres raisons, que devant la statue de Giordano Bruno à Rome naguère —

 

906 - A l'anversoise (14)

avant de découvrir la seconde façade en bois existant encore à Bruges

906 - A l'anversoise (14)

puis la maison la plus étroite de la ville, d’une maigreur tout honnête, qui n’exclut pas l’élégance.

 

Tonlieu [l’Octroi], Rijkepijndershuisje
Tonlieu [l’Octroi], Rijkepijndershuisje

Tonlieu [l’Octroi], Rijkepijndershuisje

Moins élégant est ce squale bondissant, sculpture amalgamant toutes sortes d’objets en plastique bleus, censément destinée à dénoncer la pollution des mers par les déchets plastiques, mais venue tout de même polluer ce canal de Bruges et la vue, que les touristes — ils seront moins nombreux dans les églises et les rues que je verrai ensuite — photographient à plaisir.

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Naaldenstraat, tour de la Cour Bladelin

Naaldenstraat, tour de la Cour Bladelin

Boterhuis [maison du beurre]

Boterhuis [maison du beurre]

(ruelle proche de l’Eglise Saint-Jacques)
(ruelle proche de l’Eglise Saint-Jacques)
(ruelle proche de l’Eglise Saint-Jacques)
(ruelle proche de l’Eglise Saint-Jacques)

(ruelle proche de l’Eglise Saint-Jacques)

De nouveau, des vitrines protègent les œuvres, très belles, de l’Eglise Saint-Jacques — si les commanditaires, confits dans leurs richesse et dévotion, n’en sont pas toujours, quoi qu’ils en aient, des figures magnifiques —, éclaboussant les splendeurs par d’importuns reflets qui, non seulement, empêchent de bien les photographier, mais aussi de bien les voir, sauf à superposer tel ou tel pas de côté.

 

Pieter Pourbus, Triptyque de Joos van Belle, 1556

Pieter Pourbus, Triptyque de Joos van Belle, 1556

Albert Cornelis (actif à Bruges avant 1513-1531), le Couronnement de la Vierge (1517-1522)
Albert Cornelis (actif à Bruges avant 1513-1531), le Couronnement de la Vierge (1517-1522)
Albert Cornelis (actif à Bruges avant 1513-1531), le Couronnement de la Vierge (1517-1522)

Albert Cornelis (actif à Bruges avant 1513-1531), le Couronnement de la Vierge (1517-1522)

Le Maître du Saint-Sang (actif à Bruges premier quart du XVIe siècle), la Glorification de la Vierge Marie

Le Maître du Saint-Sang (actif à Bruges premier quart du XVIe siècle), la Glorification de la Vierge Marie

Le Maître de la Légende de sainte Lucie [François Van den Pitte ?], 1480
Le Maître de la Légende de sainte Lucie [François Van den Pitte ?], 1480
Le Maître de la Légende de sainte Lucie [François Van den Pitte ?], 1480
Le Maître de la Légende de sainte Lucie [François Van den Pitte ?], 1480

Le Maître de la Légende de sainte Lucie [François Van den Pitte ?], 1480

Alors que je débute à peine le troisième parcours et que je sors de l’Eglise Sainte-Walburge,

 

906 - A l'anversoise (14)
Artus Quellin le Jeune, Chaire de vérité
Artus Quellin le Jeune, Chaire de vérité
Artus Quellin le Jeune, Chaire de vérité

Artus Quellin le Jeune, Chaire de vérité

il se met à pleuvoir (une pluie sans grande conséquence — mais, comme j’ai la cheville déjà moulue, je fais une halte dans un estaminet local où je commande une Orval). J’inventorie les photos prises en suivant les indications du guide de Cécile, de crainte d’oublier le nom des lieux et des œuvres.

Ce nouvel itinéraire est plutôt décevant. Je marche sur l’asphalte autant que je peux pour éviter les pavés, les séquelles de ma chute à Orsay se faisant de plus en plus sentir.

Il se fait tard et l’église de l’hôpital Notre-Dame de la Poterie Moulin est déjà fermée, ce qui prolonge la déception. En outre, la balade tire en longueur. Après l’écluse, le pavé cède le terrain à une voie sablonneuse, et ce ne sont pas les moulins à vent et leur photogénie conventionnelle qui me consolent de ce parcours qui tire en longueur sans vraie découverte. Je photographie toutefois l'un de ces moulins, par dérision.

 

906 - A l'anversoise (14)

Autrement plus intéressantes sont ces maisonnettes d’ouvriers — ne comportant qu’une seule pièce, si j’en crois ce qui m’en est dit — en enfilade sur un côté d’une même rue.

 

906 - A l'anversoise (14)
906 - A l'anversoise (14)

Soir

Je dîne avec lenteur pour reposer autant que possible mes pieds.

Je vais jusqu’à un bar confidentiel devant lequel je comprends qu’il faut sonner pour pénétrer. Je ne me sens pas l’envie de montrer patte blanche. En outre, il semble s’agir davantage d’une discothèque que d’un bar. J’y renonce donc et réponds à T. qui m’a envoyé un courriel bien à sa façon, après avoir  brusquement eu la réminiscence d’une conversation qui remonte à quelque temps, laissant ma mémoire démunie :

 

Tu m’avais parlé il y a déjà quelques semaines ou mois (mais à la terrasse de *** [un restaurant où nous dînions], ça je m’en souviens) des Météores de Tournier, à propos de je ne sais plus quel thème qui y est très présent (pas la gémellité, bien sûr, ça je le savais) : te souviens-tu de quoi il s’agissait ?

 

Entre autres photographies prises le jour même, je joins à mon message un cliché du Couronnement de la Vierge par Albert Cornelis.

 

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Bonsoir T.,

De fait, je ne me souviens plus guère... S’agissait-il, outre de gémellité, des frasques de l’oncle Alexandre ? des Météores du nord de la Grèce ?... je ne sais !

A propos de gémellité — est-ce le fait de la multiplication du héros de Hergé au musée d’Anvers ? —, depuis hier, je ne cesse de croiser des sosies de Tintin. Hergé était bien belge, j’en suis sûr désormais, et il a créé son personnage en fonction de cela : peau, cheveux (ni tout à fait blonds, ni tout à fait roux, ni tout à fait châtain, du moins : châtain clair) et yeux... clairs (généralement bleus chez les jeunes gens croisés), système pileux peu développé, de taille moyenne. Bref, la “ligne claire” sur toute la ligne !

Dans le bus, en tout cas, hier, un jeune homme en pantalon couleur rouille (il ne lui manquait que le polo bleu !) m’a paru un avatar (h)e(r)géen. Et, depuis, les sosies se sont multipliés — un peu comme sur cette peinture où tous les personnages (la houppe en moins) paraissent des copiés-collés les uns des autres (tu pardonneras la mauvaise qualité des clichés — photographiques ou pas ^^ ! —, mais la manie ici est de mettre les œuvres d’art sous vitre, d’où des reflets indiscrets :( ...)

 

Sinon, j’ai cherché, mais, preuve à l’appui, les Belges se moquent de Pinocchio comme d’une guigne. Et je n’ai vu aucun endroit estampillé “Amorino”... Il faut dire qu’en matière de gastronomie, avec les gaufres, les frites, le chocolat, Bruges se moque bien de Venise ! Elle a d’ailleurs son musée du chocolat, son musée de la frite (si, si, je t’assure !), et ce, dans de très jolies maisons brugeoises typiques (pas eu envie pour autant de les photographier, ayant d’autres chats à prendre !).

 

A bientôt,

Pensées locales (ainsi que tu vois !),

 

Romain

 

 

 

Vendredi 24 août, Bruges

Matin

 

Je suis livré à un mauvais sommeil, entrecoupé de rêves, dont celui-ci :

 

Nous sommes nombreux à l’hôpital pour la première visite que nous pouvons enfin faire à J.-M.

Alors que tout joyeux je me précipite vers lui, son peu d’aménité à mon égard — cependant qu’il accueille avec chaleur les autres personnes de l’assemblée — me glace.

Pascal est là. Nous nous étreignons. Je lui caresse affectueusement les fesses (plus ou moins surpris moi-même de ce geste plutôt audacieux, dont toutefois il ne semble ni s’étonner ni n’éprouver de déplaisir), geste — faut-il le dire ? — que je n’aurais jamais l’initiative à l’état de veille (!).

Marie figure dans l’assistance, qui me désigne T... son très bon ami (le sous-entendu me vise). Or, je connais très bien T... étant donné que c’est moi qui le lui ai présenté.

Cependant, j’ai beau fixer celui qu’elle m’indique, je ne le reconnais absolument pas — ainsi qu’il en va si souvent dans les rêves…

 

 

 

J’ai oublié la suite, à peu près aussi pénible dans ce qu’elle peut exprimer de désamour entre les vivants, les morts et moi.

 

 

Comme la veille, c’est un raffut au-dessus de ma tête à six heures du matin qui me tire de ces songes malheureux.

 

 

*   *   *

 

J’effectue une dernière promenade dans Bruges.

 

Contrairement aux jours précédents, le soleil réchauffe aimablement nos yeux et têtes.

 

906 - A l'anversoise (14)
906 - A l'anversoise (14)

 

La comparaison, comme on dit (disait ?) familièrement, « ne fait pas photo »...

Sur le présentoir d’un magasin de souvenirs, je me procure des cartes postales de la Vierge à l’Enfant de Michel-Ange (puisque, sur place, la veille, lorsque j’avais visité l’Eglise Notre-Dame, je n’en avais pas trouvé de reproduction).

 

906 - A l'anversoise (14)

Le trésor de la cathédrale n’est pas ouvert encore, j’y renonce, rentre et fais mes adieux à Cécile.

Puis je me stresse idiotement en attendant le bus au bord de cette route nationale, qui, après m’en avoir éloigné, mène censément au centre : s’il était en retard ?

 

Je rejoue le même scénario à la gare le temps de m’acheter un sandwich, puis une part de cheese-cake. J’ai pourtant l'occasion encore de me procurer à l’office du tourisme le même guide que celui prêté par Cécile, dont le prix modeste (5 €) m’étonne, et même de poster, après m'être fait indiquer la boîte aux lettres, les deux cartes (le Michel-Ange de tout à l’heure) pour B. et Sylvie.

Et — naturellement — le train n’est pas arrivé quand j’émerge enfin à hauteur de quai.

 

 

*    *    *

 

 

J’écris dans le train entre Bruges et Bruxelles les premiers linéaments de ces lignes-ci.

 

 

 

 

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