910 - Apostille à toute belgitude récente (1)
Dimanche 2 septembre 2018
Rentré depuis quelques jours à ****, je secoue une vieille torpeur qui vient en contrecoup de mes agitations en pays flamand et me décide à aller voir à Nancy l’exposition du Musée des Beaux-Arts consacrés à l’art nouveau et aux arts industriels, avant qu’elle ne s’achève.
Je joue alors les prolongations de mon séjour en Belgique, tout en anticipant, sans le savoir encore, l'un ou l'autre des voyages à venir.
Entre autres vases, coupes et meubles, — ce que ne rend guère la médiocrité du cliché — je demeure un instant, ému, devant ce vase et cette cruche sans bien en comprendre la raison.
(Ces fleurs toutes simples avec leurs quatre pétales, que découpe leur bleu net et profond, appellent des souvenirs d’enfance : celui d’un ravissement à trouver sur des bords de chemins dans les Alpes, entre deux roches, parmi deux chardons — que je trouvais beaux également mais d’une autre façon — ces petites têtes fragiles et obstinées comme des perce-neige s’offrant à la vue du marcheur —, moins rares, cependant, m’avait-on dit, que les édelweiss, le Graal des fleurs.
Je n’ignorais pas non plus qu’on en faisait un alcool, comme avec le genépi, et je n’étais pas peu fier (ce qui me passerait) de ce savoir transmis par les adultes...
On me flattait alors aussi en prétendant que j’étais un bon grimpeur. On n’a pas fait de moi un randonneur pour autant.)
Je suis, comme toujours, sensible à l’art du vitrail (j’en possède un, autrement plus petit, provenant d’un dessus de porte d’entrée soustrait d’une maison nancéienne, qui agrémente ma salle de bains et ma montée d’escalier).
Jetant mes filets tant vers des remémorations à venir que vers des appels mémoriels qui pourraient s’oublier, négligeant (dans le geste photographique) pour m’y être attelé déjà à plus d’une occasion les salles au rez-de-chaussée, je me hisse jusqu’aux niveaux supérieurs avec l’intention de m’y attarder un peu mieux que des fois précédentes, réviser ma connaissance (relative) des lieux.
Dans son petit format, le dessin que le groupe des personnages forme me rappelle, dans une autre échelle, d’autres toiles du peintre vues à Milan, ravive des pas finalement un peu malheureux avec N*** au Musée du Luxembourg, tout en préparant mon séjour vénitien à l’automne (sans savoir encore que je n’en pourrais mais du peintre surreprésenté dans sa ville pour le cinq-centième anniversaire de sa naissance).
Je conforte aussi ma photothèque, celle dévolue au Caravage (en avant-goût de mon passage à Paris en octobre),
à Ribera
Jusepe de Ribera, le Baptême du Christ
ou d'autres peintres — quitte à revenir sur certains de mes préjugés (à moins que l’attribution à Nicolas Poussin, précisément, ait ses raisons d’être et que le doute un jour soit levé).
Et je songe alors qu'il faudrait qu'un jour je fasse le catalogue raisonné des œuvres qui me plaisent, quitte, précisément, soit au mieux à mettre en lumière les traverses — souvent des personnes ayant joué la fonction de passeurs — qui m'y ont mené, soit, pour me confondre, les travers ou ornières dans lesquels je retombe toujours…