911 - Ricaduta italiana (I)
RÉCIDIVE ITALIENNE
Journal extime, automne 2018
(Paris, Venise - Ferrare - Bologne, Paris)
I
20 octobre
Je profite du trajet de train vers Paris pour mettre la dernière main à un travail, mûri assez longuement.
Puis je lis de Dominique Fernandez le Voyage d’Italie, Dictionnaire amoureux, dont je recopie de larges extraits en vue de mes séjours à Venise, Ferrare et Bologne, en guise de viatique pour mes excursions.
Après-midi
Je suis toujours content de revoir Patrice, chez qui je séjourne : il me rappelle tellement J.-M.
Je salue le chat à mon entrée (c’est une chatte, d’ailleurs, détail que j’avais oublié), qui, d’ordinaire farouche, se laisse caresser et ronronne même à ma main.
Il me parle d’abord assez longuement de son travail, mais aussi de Copenhague où Anne et lui sont allés cet été.
Il revient de L*** où il s’est employé surtout à s’occuper du dégât des eaux — dont il m’avait donné des détails au téléphone quelques jours auparavant — survenu dans l’appartement d’Anne.
Il avait eu au mois de juin un accident à bicyclette en voulant éviter un piéton qui semblait s’être ravisé après s’être engagé pour traverser et, sans voir Patrice, avait finalement franchi la chaussée. Freinant du plus qu’il pouvait, Patrice avait été éjecté par-dessus sa machine, sa fracturant une hanche.
Nous faisons des courses, puis prenons une bière à la terrasse d’un bar Place Maurice Nadeau.
J’appelle Judith à notre retour et nous convenons d’un rendez-vous pour le lendemain.
Patrice me dit avoir envie de profiter de ma venue pour voir l’exposition Miró au Grand Palais, ou celle de Caravage au musée Jacquemart-André. La première m’intéresse, bien sûr, mais, lorsque j’avais regardé quelques temps auparavant si des réservations étaient disponibles, toutes les plages horaires étaient prises, et je m’étais dit que je m’y rendrais à une prochaine occasion. Quant à la seconde, j’ai, précisément, réservé déjà deux places pour m’y rendre lundi en compagnie d’Aymeric… Je me trouve d’autant plus pris de court que, lorsqu’au téléphone je lui avais demandé quelques temps auparavant s’il avait envie d’une exposition ou d’un film, il m’avait dit aspirer à un peu de farniente après les travaux dans l’appartement d’Anne.
Il décline ma proposition de voir plutôt l’exposition Picasso à Orsay, que j’avais moi-même prévue pour le lendemain — il n’aime pas, me dit-il, les périodes rose et bleue du peintre —, tout en m’assurant qu’il pourra nous faire rentrer au Grand Palais même en cas de grosse affluence. Je change donc assez volontiers mes projets, n’ayant jamais circulé de concert avec lui dans une exposition…
Je l’invite à dîner, après qu’il l’a choisi, un restaurant à Ménilmontant. Nous dînons agréablement : la cuisine est assez originale et bonne. Nous finissons dans son bar habituel. Trois musiciens jouent un semblant de jazz parmi des habitués à l’esprit bon enfant.
Je dors mal dans le lit étroit de la chambre de M***. Intempestivement réveillé au cours de la nuit et sentant que je ne me rendormirai pas immédiatement, je me saisis de Fable de Venise de Hugo Pratt dont je parcours quelques planches — et finis par me rendormir.
Corto : « C'est l'arsenal et les lions grecs dont Hipazia et Bepi Faliero m'ont parlé... » (planche 17, case 9)