929 - À pas maltais (1)

Publié le par 1rΩm1

 

 

La Valette, co-cathédrale Saint-Jean © Internet

La Valette, co-cathédrale Saint-Jean © Internet

 

 

 

À pas maltais

 

Paris – La Valette - Paris, 27 décembre 2018 - 5 janvier 2019

 

(journal extime)

 

1

 

 

27 décembre 2018

 

Je passe la soirée de la veille de mon départ avec T.

 

Réveillé vers les trois heures, je mets très longtemps à me rendormir. Je pense absurdement à ce qu’il me faudrait mettre dans la valise. Puis je m’enfonce dans des rêves agités. Et, levé, je me sens fiévreux. (Après vérification, juste avant de partir, le thermomètre affiche 37°3. Deviendrais-je hypocondriaque ? J’emporte — ce n’est après tout pas une précaution inutile — des comprimés contre la fièvre et la douleur...)

Comme je suis finalement en retard, je vais, en toute hâte, jusqu’à la gare. Là, je ne trouve pas mes lunettes et chausse mes lunettes solaires afin de produire le billet électronique pour les agents dépêchés à l’embarquement des voyageurs sur le quai. Non seulement je me sens idiot, mais me trouve plus stupide encore d’avoir oublié mes lunettes, ainsi qu’il en avait été avant de prendre l’avion pour Berlin en juillet 2016 [?]. (Après inspection de mes poches et des différents compartiments de mon sac de voyage, j’en retrouverai l’étui, non pas vide, mais contenant le précieux objet emmailloté avec le plus grand soin de son chiffon antistatique. Et, plus tard, chez F. et Pascal, je retrouverai le flacon acheté à Copenhague destiné au nettoyage des verres, que je ne me souvenais plus avoir oublié lors de mon dernier passage, et que je n’aurai garde de reprendre. Je ne sais évidemment pas encore que je perdrai, à mon grand dam évidemment, ma paire de lunettes solaires dans des circonstances que j’ignore le [sur ?]lendemain, ce qui, en l’occurrence, rappelle la fois où j’avais perdu mes lunettes à Marrakech, devant ensuite recourir aux solaires. Tous ces emboîtements, s’ils agitent des strates mémorielles, dénigrent aussi l’homme, de moins en moins apte à la maîtrise d’actes ordonnés par une mémoire vaillante en vue d’une élémentaire et bonne organisation !)

La campagne, au dehors, est toute blanche, le ciel, blanc. Lorsque j’émerge la tête hors de la station de métro, à Falguière, la tour Montparnasse se perd dans le brouillard.

 

11 h 15

 

Judith, le combiné téléphonique à la main, m’accueille en pyjama. Elle abrège alors la conversation qui, dit-elle, l’a retardée. Je comprends déjà qu’elle ne m’accompagnera pas au restaurant libano-syrien où j’ai réservé pour déjeuner. Laure est chez une amie, N., à la piscine, Lucien dort encore.

Judith me fait un café. Nous devisons agréablement. Elle a vu récemment l’exposition Caravage au musée Jacquemart-André. Nous parlons de la fuite du peintre à Malte.

N. survient, qui se dit surpris de me voir. Judith rétorque qu’elle l’a prévenu de mon arrivée, qu’il ne l’écoute jamais. N. proteste — et prétend le contraire. Je m’amuse de leur numéro de duettistes.

Judith me montre ses dernières acquisitions : un meuble bas art déco, une nouvelle peinture.

Plutôt que de prendre l’autobus à Denfert-Rochereau, Judith me dit que je devrais partir de Montparnasse. Vérification faite, le trajet pour Orly ne dure qu’une vingtaine de minutes, et je me laisse donc aisément convaincre.

Il est bientôt l’heure de m’en aller. Je laisse ma valise et Judith me confie ses clés.

Quand, après avoir déjeuné et acheté mon billet pour l’aéroport, je reviendrai, de fait, Judith sera partie.

 

Après-midi

 

N. est là, cependant, qui corrige un mémoire, dont il me dit, comme après quelque moment de silence je lance une conversation, qu’il est son ouvrage.

La glace paraît rompue. Nous échangeons quelques considérations d’un intérêt varié — et variable pour l’un comme pour l’autre. Je lui dis que je ne savais et ne sais rien encore — ou presque — de Malte (j’ai emprunté deux guides à la médiathèque mais n’ai fait que les parcourir), que ma destination n’a pas été autrement choisie que sous l’impulsion d’un ami, C****, à qui j’avais demandé où il irait chercher le soleil — cependant que C**** lui-même n’y est jamais allé. Comme N. me le demande, je lui réponds que les Maltais parlent maltais, que le maltais est une langue d’origine araméenne, qu’elle est la seule langue sémitique européenne écrite en alphabet latin. Il se montre moins intéressé que T. l’avait été la veille de cette spécificité remarquable.

Judith survient, les bras encombrés de paquets. Je prends bientôt congé : je préfère arriver avec un peu d’avance à l’aéroport — et goûte de toute façon moins cette conversation à trois que notre tête-à-tête du matin, Judith et moi.

 

 

La Valette, soir

 

L’avion atterrit avec un important retard. J’en avertis mon logeur aussitôt qu’arrivé. Le dernier bus me démarre sous le nez.

Je me rabats sur un taxi. Alors que le chauffeur met dans son coffre mes bagages, je me trompe de porte pour monter dans le véhicule, puisque, Malte étant une ancienne colonie anglaise, on roule à gauche, et que la portière que j’ouvre m’oppose le volant du conducteur.

 

Les rues sont désertes, le chauffeur conduit vite, et l’on est bientôt dans le centre historique de La Valette, dans des rues en en pente, à sens unique.

 

Je n’ai même pas à sonner : Paul, après avoir mis la tête à la fenêtre, vient m’ouvrir, en pyjama et en chaussons. Il ne se montre pas très amène. Nous grimpons au premier étage et il me fait visiter deux chambres, l’une plus chaude, me dit-il — et plus petite. Je choisis cette dernière, en me disant qu’elle sera plus aisée à réchauffer. Et, de fait, comme il y fait plutôt froid, je mets en service aussitôt que rendu à moi-même le radiateur électrique.

Comme Paul a semblé le manifester, j’ai moi-même hâte de me reposer, après une journée passablement agitée.

 

© Internet

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