935 - À pas maltais (5)

Publié le par 1rΩm1

 

 

À pas maltais

 

Paris – La Valette - Paris, 27 décembre 2018 - 5 janvier 2019

 

(journal extime)

 

5

 

30 décembre

 

Matin

 

Réveillé vers 5 heures, je me rendors jusque 8 heures. C’est assez tard que je quitte mes hôtes — à nouveau omniprésents dans la cuisine — pour me mettre en route, après bien des hésitations, pour Rabat et Mdina.

A la gare routière, j’achète une carte de bus valable toute une semaine.

 

Les deux villes, toutes proches, sont jolies, très touristiques : il est vrai qu’on est dimanche. Je parcours d’abord Mdina, la capitale historique de l’île

 

Porte de Mdina
Porte de Mdina
Porte de Mdina

Porte de Mdina

Escalier du musée national d'histoire naturelle (Palazzo Vilhena)

Escalier du musée national d'histoire naturelle (Palazzo Vilhena)

Cathédrale Saint-Paul [la co-cathédrale du même nom étant à La Valette !]
Cathédrale Saint-Paul [la co-cathédrale du même nom étant à La Valette !]

Cathédrale Saint-Paul [la co-cathédrale du même nom étant à La Valette !]

Musée de la cathédrale
Musée de la cathédrale

Musée de la cathédrale

— et déjeune à Rabat, dans une boulangerie-pâtisserie, qui propose des plats chauds.

 

Rues de Rabat
Rues de Rabat

Rues de Rabat

Mdina vu de Domus Romana
Mdina vu de Domus Romana

Mdina vu de Domus Romana

 

De l’autre côté de la route qui sépare les deux villes, je visite le cimetière de Rabat. Je m’attarde parfois devant les médaillons photographiques des pierres tombales disposées le long de murs funéraires : les âges des défunts sont habituellement précisés et le beauté de ce garçon mort à vingt ans n’est pas sans un instant poigner l’esprit.

 

935 - À pas maltais (5)

Je retourne à Mdina,

 

935 - À pas maltais (5)

visite le Palazzo Falzon, de style siculo-normand (je songe déjà à revenir à Palerme), dont le prix d’entrée est tout de même un peu cher.

935 - À pas maltais (5)
935 - À pas maltais (5)

C’est la demeure d’un peintre qui me paraît peu doué lorsque je visite son atelier. Les Murillo, Poussin et Mattia Preti qu’il a acquis sont, eux, plutôt décevants.

Je me console avec de très beaux tapis d’Azerbaïdjan.

 

935 - À pas maltais (5)
935 - À pas maltais (5)

Je vais ainsi de petites pièces en petites pièces — toutes assez basses de plafond, ce qui leur donne les apparences de cubes —, emplies de vitrines saturées elles-mêmes d’objets divers, notamment d’argenterie — tout cela me laissant beaucoup plus indifférent.

La demeure, en revanche, est belle, et les bougainvilliers sont partout — encore ou déjà ? — fleuris (et c’est au Maroc que je songe alors).

 

935 - À pas maltais (5)

Après avoir effectué une nouvelle boucle dans le quartier, je pénètre la cathédrale Saint-Paul.

Dans la sacristie se trouve une copie de la déposition du Christ par le Caravage — tandis qu’une reproduction de la conversion de saint Paul peint par Mattia Preti remplace l’original.

Je photographie, à demi par dérision, le tableau de la chapelle de la Pentecôte, l’Esprit saint descendant sur les apôtres et la Vierge par Francesco Grandi : quoique un peu académique, le tableau offre un très beau jeu de mains des participants au miracle, geste qui se noue autour de lignes diagonales, appuyé par des regards vers la sainte colombe, mais le cliché que j’en fais est flou.

 

935 - À pas maltais (5)

La crèche, à l’entrée, est densément peuplée. Ses santons ont l’air habillé comme au XVIIIe siècle. Je doute néanmoins que la crèche soit si ancienne.

 

935 - À pas maltais (5)

Je fais des courses au retour et me pourvoie pour les jours à venir dans un supermarché à l’extérieur de La Valette déniché internautiquement.

 

 

Soir

Paul et sa compagne sont absents. Il doivent être sortis dîner en amoureux.

Je me sens l’âme d’une souris qui danse de trouver le logis vacant.

 

Aymeric a répondu à mon message de l’avant-veille [je reproduis ci-après ce dernier, puisque, après recherche et lecture, il complète assez bien mes billets précédents]. Il confirme notre rendez-vous du 4 janvier — et m’apprend qu’il a signé la veille un compromis pour l’achat d’un appartement.

 

Je n’ai décidément — et moins que jamais — aucune envie de sortir le soir. Je regarde donc deux films d’Hitchcock que propose en supplément le programme d’une chaîne de télévision. J’avais déjà vu l’un d’eux — un des premiers films parlants de son auteur, marqué encore par le muet (ce qu’atteste encore l’emploi de cartons). Mais je regarde pour la première fois A l’est de Shanghai : la première partie en est burlesque (ce qui cadre assez bien encore avec le cinéma muet, précisément). En revanche, le visage de l’héroïne semble, lui, très contemporain. Je m’amuse du dénouement cocasse où elle et le personnage masculin revenus at home échangent leurs rôles afin que les choses se rejouent à l’identique. Le film est drôle autant que pessimiste, et paraît en revenir au burlesque afin de mieux tuer le romanesque (comme dans une histoire sans fin).

 

-=-=-=-=-=-=-=-

 

Bonsoir Aymeric,

 

Je comprends que tu aies été débordé par les événements que tu retraces dans ton dernier mail […] — on l’aurait été à moins...

 

Suis débarqué à Malte depuis hier soir (tard : j’ai dû faire veiller mon logeur, l’avion ayant du retard).

Je loge, cette fois, chez l’habitant — dans une chambre plutôt exiguë et froide. C’est d’ailleurs le froid qui, ce matin, m’a réveillé et mis le pied à l’étrier...

 

La Valette est petite — beaucoup plus que je ne l’imaginais —, proprette, coquette, joliment colorée de la couleur miel de la pierre dans laquelle on l’a construite, drapée de ses palais baroques et flanquée de ses remparts. La vue sur les trois villes, ce matin, était impressionnante...

 

En visitant la co-cathédrale Saint Jean-Baptiste — elle s’appelle bien ainsi, une cathédrale lui préexistant dans l’île et n’ayant pas voulu céder ses prérogatives... — ce matin, j’ai craint un instant que le saint Jérôme écrivant fût celui que nous avons vu en octobre et qu’il manquât de ce fait à l’appel... Quant à la Décollation de saint Jean-Baptiste, sa position dans l’oratoire trop reculée, sa taille aussi — c’est la plus grande toile que le Caravage ait jamais peinte, la seule qu’il ait signée aussi dans le sang du saint  — en a interdit toute bonne prise photographique au zoom. (Le peintre aurait été dégradé de l’ordre de Malte face à sa toile, après ses ultimes frasques connues, avant de mourir à Naples — ai-je lu, choses que je savais en partie déjà, mais que ma mémoire n’avait pas pleinement retenues dans les filets désormais distendus de sa nasse...)

Autre raison de penser à toi, cette toile de Valentin de Bologne (mais que je lui attribue peut-être à tort) [de fait, il s’agissait d’un Matthias Stom, ainsi qu’Aymeric me l’apprendra lui-même], vue au musée des Beaux-Arts local, que j’ai eu bien du mal à dénicher : le musée a changé d’emplacement, en effet ; il a pris la place de l’office de tourisme que j’avais cherché bien en vain le matin ! Cela m’a valu de faire le tour d’une partie des remparts de La Valette, ce dont je me serais bien dispensé, avant de le trouver au bon endroit... La paternité de l’œuvre n’est donc pas certaine en raison de son installation récente dans ces murs, la plupart des étiquetages n’étant pas encore réalisée, mais il m’a semblé reconnaître la main de l’artiste : tu me démentiras s’il y a lieu.

 

Voilà pour les prises du jour. Si tu juges bon de réserver pour l’exposition Khnopff, je te charge de t’en occuper […] (ou pas). En tout état de cause, on peut se retrouver sur place à 14 heures, qu’en dis-tu ?

 

Je serai content de te voir le 4.

À bientôt. Amitiés,

 

Romain

 

 

 

 

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