937 - À pas maltais (7)
À pas maltais
Paris – La Valette - Paris, 27 décembre 2018 - 5 janvier 2019
(journal extime)
7
1er janvier
Matin
C’est un jour férié avec tous ses impondérables, ses inconvénients. Alors que je suis parti pour Il-Mosta, qui plus est en oubliant les deux guides, une affiche placardée sur l’abribus m’instruit que le service des bus est interrompu entre la fin de la matinée et 15 heures 30. Je trouve l’Eglise paroissiale, ensuite, fermée.
Je patiente alors jusqu’à l’heure indiquée d’une messe, et me faufile avant l’office afin d’en voir l’intérieur. J’y découvre des mosaïques d’avant-hier (du XIXe siècle) et sans véritable attrait. Le dôme — l’un des plus grands au monde — me laisse quasi indifférent, comme le fait qu’une bombe en 1942 a failli détruire l’édifice mais n’a pas explosé (ce que j’ai appris plus tôt au National War Museum).
Et, sorti des lieux, je me trouve retenu dans cette ville sans vrai charme, ainsi que me le confirme une promenade assez peu concluante alentour. Des bus pour touristes à double étage à intervalles réguliers, ironiquement, sillonnent en liberté les rues de la ville...
Le vent — le même que la veille, frisquet —, en outre, souffle.
L’esprit se vide du peu dont il est empli…
Je déjeune dans un restaurant libanais de la place principale.
Puis je fais l’aller et retour à pied jusqu’à In-Naxxar, la ville la plus proche, dans l’espoir de visiter le Palazzo Pari — fermé, comme de bien entendu. (Je me maudis – décidément — de n’avoir pris aucun livre avec moi…)
* * *
Quand je rentre enfin à La Valette, il n’y a personne au rez-de-chaussée. Je crois la maison vide, d’autant que les portes de la cuisine sont fermées. Je les pousse et trouve mes hôtes, lui particulièrement débraillé, en slip, exhibant au regard une bedaine magnifique : ils regardent un film dans le noir à la télévision.
Je range mes courses et regagne ma chambre.
Alors que je veux aller aux toilettes, l’endroit, éclairé, est visiblement occupé.
Quand, lors de ma troisième tentative pour y pénétrer, il paraît libre, je ne parviens pas à y entrer.
Fermé, me dis-je ? Inaccessible, me dis-je encore, comme le voulait être la cuisine ?
Et je fuis les lieux — d’humeur paranoïde. La cohabitation me réussit guère — me dis-je tout autant.
J’ai bien du mal à trouver un endroit calme où boire un verre, en attendant l’heure de dîner.
Quand je rentre, cette fois, la cuisine, toujours fermée, contient la chaleur d’un radiateur au gaz d’appoint. Tout en préparant à dîner, je me rassérène.
Pourtant. Dans son mauvais anglais — le mien l’est aussi, mais différemment ! —, la compagne de Paul tout à coup de claironner : « elles sont bonnes ces pâtes ; ce serait au moins huit euros dans un restaurant ». (Sur le moment, je n’y entends rien, et dois reconstituer ensuite ; mais, dans l’après-coup, il me semble bien que c’est ce qu’elle a pu dire...)
Lui proteste, paraissant dire qu’elle attige ! (ce que je reconstitue tout autant).
Mes antennes n’étaient peut-être pas si sensibles sans raison...