945 - À pas maltais (13)
À pas maltais
Paris – La Valette - Paris, 27 décembre 2018 - 5 janvier 2019
(journal extime)
13
Samedi 5 janvier, Musée du Louvre
Après-midi
Je visite la collection Campana, qu’expose le musée et dont Aymeric m’a parlé la veille.
A la façon dont je mitraille les œuvres et le peu de photographies que j’ai finalement rapportées des jours précédents, je mesure que Malte ne m’a pas tout à fait contenté, sinon en architecture, du moins en matière d’art — hors, naturellement, les deux Caravage de l’oratoire de la co-cathédrale Saint-Jean, ainsi d’ailleurs que les lieux eux-mêmes. De tous mes séjours récents, c’est, indéniablement, l’endroit qui m’a le moins séduit, même si, après tout, je suis loin d’en avoir fait le tour… Peut-être aurait-il fallu mieux explorer de ses îles les paysages…
Mais c’est aussi, parfois, une forme de tourisme en direction de personnes aisées qui m’a rebuté. Il est vrai encore que l’enthousiasme de Claudie, qui a peu voyagé hors de France et qui m’avait mainte fois fait l’éloge de l’île, a dû jouer dans ma déception : son éloge outrancier a pu occasionner ma tiédeur, Malte n’étant pas par exemple la Sicile !
Quoi qu’il en soit, je mitraille (donc).
Sarcophage dit “Sarcophage des Epoux”, Terre cuite, vers 520-510 av. J.-C., (Cerveteri, nécropole de la Banditaccia)
[Je l’avoue, j’ai un peu corrigé ma prise photographique ! — ainsi que certaines autres d’ailleurs, pour de semblables raisons…]
Urne cinéraire en forme de jeune homme banquetant, Bronze, vers 400-375 av. J.-C. (environs de Pérouse)
[Attribué au Peintre d’Athana] cratère à colonnettes à figures noires : scène de banquet ; cavaliers. Terre cuite. Vers 590-575 av. J.-C. (Cerveteri ?)
Cratère à colonnettes à figures noires : cavaliers et duel d’hoplites au-dessus du corps d’Hippolyte ; cavaliers. Terre cuite. Vers 570-550 av. J.-C. (Cerveteri)
Athènes, Peintre de Kléophradès, Amphore à figures rouges : discobole ; pédotribe, Terre cuite, vers 490-480 av. J.-C.
Athènes, attribuée au Peintre de Dikaios, Amphore à panse et son couvercle : scène de palestre ; hoplites et archer scythe, Terre cuite, vers 510-500 av. J.-C.
Et voici, pour me faire face, Antinoüs — encore et toujours !
Buste d’Antinoüs, Marbre, Règne d’Hadrien (117-138 ap. J.-C.) et époque moderne (Villa d’Hadrien, près de Tivoli)
[ [S]eule une partie de la tête est antique, tandis que la haut du crâne, la couronne et le bronze sont des ajouts modernes.]
Statue de jeune homme, Marbre, Copie romaine vers 125-150 ap. J.-C. d’un original grec vers 350-300 av. J.-C. (Pouzzoles ?) ; [à droite :] statue de jeune homme, dit « Brutus », Marbre, Vers 50-100 ap. J.-C. (Tusculum)
Figure féminine dite “Le Printemps”, Enduit peint à fresque, Vers 100-150 ap. J.-C., Provenance : Tusculum ?
Paolo di Dono dit Paolo Uccello (Florence, vers 1397 - Florence, 1475), la Bataille de San Romano : la contre-attaque de Micheletto Attendolo da Cotignola, Bois (peuplier), vers 1438
Domenico Ghirlandaio (Florence, 1449 - Florence, 1494) et atelier, la Vierge et l’Enfant avec le petit saint Jean Baptiste et trois anges, Bois, vers 1490
Puis j’arpente des salles dont je veux raviver le souvenir, à la recherche des toiles de Valentin de Bo(u)logne.
Valentin de Boulogne, dit Le Valentin (Coulommiers, 1591 – Rome, 1632), le Concert au bas-relief, Huile sur toile, vers 1624-1626
Valentin de Boulogne, Réunion dans un cabaret, Huile sur toile, vers 1623-1625 ; la Diseuse de bonne aventure, Huile sur toile, vers 1626-1628
J’écume aussi les salles attenantes.
Nicolas Poussin (Les Andelys, 1594 – Rome, 1665), le Ravissement de saint Paul, Huile sur toile, 1649-1650
Atelier de Corneille de Lyon, Portrait présumé de Clément Marot (1496-1544), poète de François Ier, roi de France de 1515 à 1547, Huile sur toile, vers 1536-1537
Corneille de Lyon, Portrait présumé de Jean IV de Brosse, dit de Bretagne, duc d’Etampes, Huile sur toile, vers 1530-1540
Je m’attarde — autre apostille à ma belgitude récente — devant les peintures des maîtres flamands.
Jan van Eyck, la Vierge à l’Enfant au chancelier Rolin, Huile sur bois (chêne), 1434
Hans Memling, Triptyque de la résurrection du Christ, Huile sur bois, après 1490 (volet gauche : le Martyre de saint Sébastien ; volet droit : l’Ascension du Christ)
Quentin Metsys, le Changeur et sa femme, Huile sur bois, 1517
Albrecht Dürer, Autoportrait de l’artiste tenant un chardon, Huile sur parchemin marouflé sur toile (?), 1493
Puis, tout en passant devant les Italiens, je me mets en quête de la peinture espagnole, non sans reconsidérer le protecteur du Caravage dans son caparaçon vu quelques jours auparavant (quoiqu’il semble, en fait, que l’armure ne soit pas la même !).
Domenico Theotocopoulos dit El Greco, Le Christ en croix adoré par deux donateurs, Huile sur toile, vers 1600 (peint pour l’église des religieuses hiéronymites de la Reine de Tolède)
Je n’aurai guère le loisir de m’abîmer davantage dans la contemplation des toiles. Des gardiens s’emploient à nous refouler hors des salles vers l’aile où se trouve la peinture italienne. Je proteste : ne devait-il pas y avoir un nocturne gratuit — en l’espèce, le premier samedi de chaque mois — dont c’était la première le soir même (ce que j’avais entendu à la radio le matin même) ? On me dit alors que certaines salles, dont celle où je me trouve, seront inaccessibles au public pour des raisons logistiques de surveillance et d’encadrement…
Lorsque je me trouve à l’extérieur du musée, je me console : il est presque dix-huit heures et la foule en attente est telle que je ne n’aurais pas voulu piétiner avec elle, surtout pour être privé de peinture espagnole !
(à suivre : « Malte n’étant pas […] la Sicile ! »)