Archive GA - LXXXXVI
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Littérature [¿] policière
du jour (ou d'hier)
C’est légèrement agacé que je me disais et redisais à propos du roman policier que je lis en ce moment qu’on pourrait en écrire comme ça des douzaines d’autres — au kilomètre. Le pompon est toutefois atteint page 284 :
Il lui emboîta le pas, en profitant au passage pour lui mater les fesses, réflexe de mâle, et constater qu’elle avait la croupe ingrate.
— phrase qui a eu le mérite de m’amuser en ce que je lui ai superposé quelques variations de mon cru :
a) Il lui emboîta le pas, en profitant au passage pour lui mater les fesses, réflexe de mâle, et constater qu’il avait la croupe ingrate.
b) Elle lui emboîta le pas, en profitant au passage pour lui mater les fesses, réflexe de ??? [j'avoue sécher sur cette version : femelle ? femme aguerrie ? femme en manque ? — "femme (tout court)" paraît ici presque impossible], et constater qu’il avait la croupe ingrate.
c) Elle lui emboîta le pas, en profitant au passage pour lui mater les fesses, réflexe de goudou, et constater qu’elle avait la croupe ingrate.
Pour la version a) (celle que je préfère entre toutes), je soupçonne que l’auteur de ce roman policier "magnifique" (l'Express) aurait, lui, plutôt écrit :
d) Il lui emboîta le pas, en profitant au passage pour lui mater les fesses, réflexe de fiotte/ tarlouze [au choix, parmi d’autres synonymes possibles], et constater qu’il avait la croupe ingrate.
— si j’en crois la suite du moins :
M. Guy était assis sur l’une des trois chaises du bureau de Mme Brewster. Le directeur adjoint serrait un clipboard sur sa poitrine. A la différence de Brewster, il avait un gros cul, du bide et des tétines de bonne femme par-dessus le marché.
(Me console toutefois de ces considérations éminemment passionnantes — mais bien symptomatiques d’une vision du monde, voire d'une idéologie ! —, le fait que mâles et femelles, hétéros et gays ont, me semble-t-il, des réflexes semblables qui invitent à philosopher…
Cependant, si l’on mate ces phrases, en en soulevant le châssis, on se dit que la chair est triste — et qu’on a dû lire tous les polars…)
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NB 1 – Le livre a obtenu le Barry Award du meilleur roman policier et a reçu cet accueil critique de l’Express : « Un grand roman, qui confronte le désir de vivre aux peurs qui assaillent sans cesse l’existence. » !!! (De fait…) J’en avais moi-même entendu parler sur France-Culture en termes dithyrambiques — et noté le titre.
(A propos de Fr-Cul [c’est le cas de l’écrire], étonnant éloge funèbre de Bruno Crémer entendu hier au journal de sept heures : l'acteur aurait incarné le commissaire Moulin pour le petit écran et — entendu sur les mêmes ondes vingt ou vingt-cinq minutes plus tard, dans un « journal de la culture » [sic] — interprété l’inspecteur Maigret !!
Le livre que je lis et ces bourdes journalistiques m’ont, en tout cas, donné envie de relire Simenon — et de lire de la vraie littérature dans tous les cas !)
(NB 2 - Ceci est mon premier “billet d'humeur”. Je n'ai pas pu m'en empêcher...)
Publié le 10 août 2010 à 9 heures 14