966 - Bouchons et galets (3)

Bruxelles, 11 août [1986]

Louvain, après visite, s’est montrée bien agréable. A l’origine, paraît-il, Bruxelles et elle étaient rivales, et l’essor de Bruxelles est, dit-on, quelque peu mystérieux.

Nous avons dormi, bordés sur les trois quarts d’un bois, près d’un champ, non loin d’un village. La journée d’hier ayant été calme, nous avons discuté jusqu’à des heures avancées de la nuit, dans la fumée des cigarettes et du santal (pour faire fuir les moustiques).

C’est un tracteur matinal qui m’a réveillé. Sur nous passaient les gros oiseaux de fer de l’aéroport de Bruxelles.

Lindsay n’a déplié son grand corps que bien plus tard, tant son sommeil est lourd.

Que dire de Bruxelles ? Nous avons garé le camping-car sur la Place Royale en nous y croyant un peu, Lindsay I^er et Romain-le-dépassé, il ne pleuvait rien, les musées étaient fermés, nous avons sommairement repéré les lieux, et tout cela nous a menés jusqu’ici, devant une bière belge.

Le 13

Chez Bernard. Matin. Fatigue.

L’accueil de Bernard s’est fait très chaleureux. J’avais hésité à le contacter. Mais son invitation spontanée a reculé toutes craintes.

Visite du musée d’art moderne et d’art ancien, hier après-midi.

Nous n’avions ni les mêmes rythmes, ni les mêmes envies, Lindsay et moi. Nous nous sommes donc séparés, nous donnant un peu d’aventure solitaire. Une respiration nécessaire, peut-être, comme nos parenthèses de lecture et d’écriture. C’est difficile pour moi d’être continuellement deux. C’est inespérément facile, avec Lindsay, pourtant.

Nous partirons tout à l’heure. Il suffira d’être resté ici deux jours, en contraste sans doute avec le reste du voyage.

Pour l’heure, je fais des lignes pour rester éveillé. Cela n’est pas évident. Bernard revient, douché, de la salle de bains. Nous allons bavarder avant de le laisser — et reprendre la route…