965 - Ricaduta siciliana (14)
À PAS RÉPÉTÉS
Ricaduta siciliana
(de Paname à Palerme, de Palerme à Paname)
Journal extime
(10 février - 21 février 2019)
14
20 février
Après-midi
Aymeric m’attend à l’extérieur de la Maison de la Culture du Japon pour y voir l’exposition consacrée à Foujita.
Voulant ranger le document qui me donne la gratuité dans ma poche, je m’aperçois avoir perdu mon portefeuille. En toute hâte, je redescends les marches qui mènent à l’exposition. On l’a retrouvé et déposé à la billetterie.
Foujita : à gauche, "Madeleine au Mexique", 1934, The National Museum of Modern Art, Kyoto - A droite, "Bataille de chats", 1940, The National Museum of Modern Art, Tokyo © Internet
Nous faisons assez lentement, généralement de concert, les quatre salles de l’exposition. Il y a tout de même pas mal de monde, mais sans qu’il faille attendre trop longtemps pour se placer frontalement devant les œuvres.
Il n’est pas autorisé de photographier, ce qui s’avère un peu frustrant.
(J’ignorais bien des aspects de la vie du peintre, ne connaissant guère plus que ses débuts à Montparnasse. L’exposition retrace les différentes périodes de sa création et en donne une vision nette. Les deux grands tableaux sur la guerre, réalisés sous la direction de la propagande de l’armée impériale sont saisissants — et échappent à leur fonction première en exhibant tout aussi bien les horreurs de la guerre.
Foujita, "Morts héroïques sur l'île d'Attu" [détail], 1943, The National Museum of Modern Art, Tokyo © Internet
Ses illustrations des fables de La Fontaine m’amusent, et ses dernières œuvres, conçues après une conversion religieuse — ayant senti « son âme s’ouvrir » lors d’une visite à la Basilique Saint-Rémi de Reims —, plus encore, même si certaines n’échappent pas toujours au ridicule, loin s’en faut.)
Je raconte à Aymeric comment nous avions cherché, non sans mal, la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix à Reims alors que nous rentrions, J.-M. et moi, d’un week-end chez V****.
*
Nous délibérons quant à la suite à donner à notre après-midi. Je propose d’aller à pied jusque Orsay pour voir l’exposition autour de Paul Sérusier (“Le Talisman de Sérusier, une prophétie de la couleur”) sur les Nabis, malgré le pass prêté par Pascal pour Pompidou (ni Vasarelli ni les cubistes n’obtiennent notre enthousiasme a priori), avec l’idée de nous exercer l’œil.
Maurice Denis, Hommage à Cézanne 1. Odilon Redon 2. Vuillard 3. Mellerio 4. Vollard 5. Maurice Denis 6. Paul Sérusier 7. Ranson 8. Roussel 9. Pierre Bonnard 10. Marthe Denis
Nous nous y rendons finalement en RER, qu’Aymeric m’explique ne jamais prendre. Mes tickets de métro se sont à nouveau démagnétisés, et Aymeric, déjà de l’autre côté des portillons, me tend un billet.
Il n’y a personne devant Orsay, à cette heure avancée déjà de l’après-midi. Après Foujita, pour une raison que j’ignore, l’exposition ne se donne pas tout de suite à voir dans toute sa force — ce n’est qu’ensuite que sa raison d’être fera son chemin [réactivée en août par les toiles vues dans les musées de Bretagne, mais pas seulement pour cette raison].
Je prends un certain nombre de photographies, d’autant mieux peut-être que je n’ai pu en faire auparavant.
Paul Sérusier (1864-1927), le Talisman dit aussi Paysage au Bois d'Amour, Recto, 1888, Huile sur bois (Paris, Musée d'Orsay)
Georges Lacombe (1868-1916), les Pins rouges, vers 1894-1895, Huile sur toile (Collection particulière)
Pierre Bonnard, les Voiliers, régates, vers 1932, Huile sur papier contrecollé sur panneau (Collection Winter)
Paul Sérusier, Route dorée dit aussi La Route de Châteauneuf du-Faou ou Le Chemin jaune, vers 1903, Tempera sur toile (Collection particulière)
Paul Gauguin, Fête Gloanec, dit aussi Nature morte “fête Gloanec”, 1888, Huile sur bois, Orléans, Musée des Beaux-Arts
(L’exposition Huysmans critique d’art que nous voulions voir ne commence qu’en décembre 2019…)