983 - À la grecque (journal extime), 9
À la grecque
(Paris - Athènes - Paris : 7 avril - 17 avril 2019)
Journal extime
9
14 avril
Matin
Je visite l’emplacement du Lykéion.
Il faut beaucoup d’imagination (ou être archéologue ?) pour reconstruire le gymnase et la palestre...
Il en faut un peu moins pour s’imaginer quelles conversations animées ont pu mener les péripatéticiens en ces lieux, et moins encore — bien malheureusement — pour éprouver n’être qu’un touriste…
Les travaux d’agrandissement de la Pinacothèque (située non loin de là), ainsi que je le pressentais, ne sont toujours pas achevés. Rien n’est dit d’une adresse provisoire où voir les œuvres. Celles-là qui s’affichent en laissent le regret...
Je rebrousse chemin et visite le Musée d'Art byzantin. Il abrite une très belle collection — que met en valeur une tout aussi belle muséographie.
J’y passe le reste de la matinée.
Icon with Saint Jerusalem and her sons Secendus, Secendicus and Cegorus (front) and the Crucifixion (back). From Berroia. Second half of 14th c.
Mosaic icon with the Virgin of Tenderness with the eponym “Episkepsis” (“The Visitation”). From Triglia in Asia Minor (Church of Saint Basil). Product of a Constantinople workshop. Late 13th c.
Double-sided processionnal icon with the Virgin Hodegetria (front) and the Church Fathers (back). From Thessaloniki. 14th c.
Sanctuary wall paintings with officiationg Church fathers and Saint Stephen (?). Oropos, Attica, Church of Saint George. 1240-1250.
Wall painting with Saints Anargyroi, Theodota and Nicholas, North wall of West cross arm (second layer). 11th c. (Top)
Icon with the Crucifixion. Attributed to the circle of the Venetian painter Paolo Veneziano. Mid 14th c.
Icon with the initials of the Latin inscription J(esus) H(ominum) S(alvator). Painted by Andreas Ritzos. Second half of the 15th c.
Icon with Prophet Elijah and scenes of his Life. Painted by Theodore Poulakis. From Corfu. Second half of 17th c.
Après-midi
Après avoir jeté un œil sur Attika City Link, un autre sur le stade panathénaïque, après avoir traversé le Jardin national,
revu (de l’extérieur) Olympéion et la porte d’Hadrien, je me retrouve, pauvre esquif, au milieu d’une marée de touristes — plus nombreux encore le dimanche ! — au pied de l’Acropole.
Puisque je me trouve là, autant — comme on ne m’avait pas demandé mon ticket la première fois à l’entrée — revoir l’Agora, que je n’avais alors qu’effleuré.
Je retourne également au musée, non sans approfondir le sens de ce que je vois dans les vitrines, convoquant quelques souvenirs ayant trait à la procédure d’ostracisme qui avait frappé Thémistocle, le vainqueur de Salamine contre Xerxès, avant que le vaincu ne fouette de dépit la mer... ce qu’aurait pu tout aussi bien faire le stratège victime de l’ingratitude de ses concitoyens — dont on ne sait pas bien pour autant s’il ne les a pas trahis ensuite — et si ma mémoire scolaire est juste !
Restes du "Mur de Thémistocle" ceinturant l'Athènes antique. Site archéologique du Céramique. © Internet
Je m’amuse, à ce propos, de cette effigie de ce qui pourrait être un philosophe selon les canons de l’époque, lequel aurait pu boire la ciguë, en un ultime pied de nez adressé à la cité.
Je me promène ensuite au-dessus de Thissio, et, selon l’autre versant, me retrouve comme la veille au soir à Gazi. (Athènes, par recoupements d’allées et venues, ne me paraît plus si immense).
Je fais le tour de la place en contrebas, en pestant un peu de ne trouver qu’une seule terrasse au soleil, où je finis tout de même par m’installer, assez mal accueilli par la serveuse, apparemment de ces lesbiennes plutôt mal lunées envers la gent non-vénérienne. Qu’y puis-je, moi, si je suis né non sous le signe d’Artémis, mais celui d’Arès — ou plus encore de Saturne (je reviens à mes souvenirs scolaires, et me dis en transcrivant mes notes, que ce dernier nom de dieu doit être latin plutôt que grec). La bière y est chère, mais le soleil, généreux, s’offre gratuitement.
Ici, comme partout, je le constate, s’exhibent beaucoup de gens tatoués. Encore sont-ils moins nombreux qu’à Berlin — j’ai vu un immeuble où des peintures murales affirmaient d’ailleurs qu’Athènes était The New Berlin —, même s’ils le seront bientôt tout autant…
Soir
Fatigué de ma journée, je regarde Beau travail de Claire Denis sur ma tablette.