991 - Scottish Gigue (2)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Scottish Gigue

 

 

(Paris – Edimbourg – Paris)

 

 

14-28 juillet 2019

 

 

(Journal extime)

 

 

2

 

 

15 juillet [suite]

 

Après-midi

 

Je change de l’argent près de la Gare de l’Est.

 

Alors que je suis Place Saint-Jacques, je me fais héler par mon nom.

991 - Scottish Gigue (2)

Me retournant, je ne reconnais pas immédiatement le jeune homme de vingt-huit ou trente ans qui me fait face. C’est donc lui qui me dit son nom, et j’ai le souvenir alors de l’adolescent, presque encore enfant, que j’ai connu — et le lui dis. Lui dit avoir gardé un bon souvenir de cette époque (il ajoute quelque chose de plus précis me concernant).

Cela fait plaisir — évidemment. A l’inévitable question que l’intérêt plus que la politesse appelle alors, il me dit être monteur de films.

 

Je me serais bien attardé, mais, d’une part, la timidité m’a retenu, et, d’autre part, rendez-vous est pris avec Judith à La M****, le bar près de la Gare Montparnasse suggéré par Judith elle-même. Comme je poursuis à pied, que je m’achète entre-temps un des volumes de l’Autofictif d’Eric Chevillard que je n’ai pu prendre avec moi du fait de ces onze cents pages et de son poids, je me hâte.

Les gérants de La M**** ont changé, et, en même temps, les robinets à bière, ainsi d’ailleurs que les happy hours… Judith, elle, pour ne pas contrevenir à ses habitudes, a dix minutes de retard.

 

Je m’amuse (et suis assez admiratif) de cette capacité qu’elle a de questionner et, partant, de me faire parler. D’elle-même elle dira peu. Ils partent, elle et N., en Bretagne, dans l’île de Groix.

Laure, qui vient d’obtenir son baccalauréat, s’est inscrite en hypokhâgne. Lucien, sans avoir encore de résultats, s’attend à refaire son année de droit. Il se livre toujours à une vie de bâton de chaise, se lève au fort de l’après-midi. Aujourd’hui, il s’est levé exceptionnellement tôt. Sans doute — plaisanté-je — pour aller chercher ses mauvais résultats, ceux-ci étant publiés à partir de dix-sept heures. Les « enfants » — qui n’en sont presque plus… — prennent désormais leurs vacances sans leurs parents.

Des travaux sont en cours dans l’immeuble. On pose un nouveau dallage. N. est empêché de travailler dans son studio.

Judith est toujours autant accaparée par la gestion de ses appartements.

Elle me raconte que Laure a eu un visiteur nocturne, qui, voyant la fenêtre de sa chambre ouverte, a escaladé les deux étages, et lui a volé son portable et d’autres menus objets.

Je lui livre quelques-uns de mes projets. Judith me livre, elle, qu’elle a grossi.

 

Dans le bus du retour, je lis Eric Chevillard.

 

Quand je rentre, Emma est là. (En fait, je me suis vu confier le trousseau de clés de Patrice, qui n’avait pas de double à me prêter. Il n’est pas encore rentré.)

 

Lorsqu’il arrive, il téléphone à Anne — ce que, me semble-t-il, il fait tous les jours. Je me dis qu’ils doivent toujours s’aimer, si telle est la bonne expression.

 

 

Soir

 

C’est Emma surtout qui bavarde — beaucoup à propos du pavillon qu’on leur livrera, elle et son compagnon, après deux mois de retard, à l’automne. Si jeunes et déjà propriétaires : je m’en étonne. J’ignore comment Patrice vivra son esseulement. Y songe-t-il seulement ?

Emma a préparé une salade géante avec du riz et toutes sortes d’ingrédients — dont des concombres (que je n’ai jamais aimés, sauf ceux que j’ai pu manger en Asie). Elle nous demande comment était le restaurant la veille.

Le vin biodynamique que j’ai acheté pour accompagner le repas est bon.

Je lance quelques plaisanteries pour émailler la conversation, lesquelles, auprès d’Emma, tombent à plat — me semble-t-il…

 

 

Nuit du 15 au 16 juillet

 

Je me réveille après quatre heures à peine de sommeil. Me viennent des pensées qui relèvent de préoccupations auxquelles, à l’état de veille, je ne me livrerais guère (ainsi d’un ourlet de pantalon auquel avant de partir j’aurais dû m’atteler). Je finis par lire pour mieux meubler mon esprit.

 

Je me rendors, mais suis assailli de mauvais rêves dont au matin je n’ai heureusement d’autres souvenirs que leur tonalité… J’entends Emma se lever et s’activer. Je me rendors encore. Patrice, qui me réveille à nouveau, précède de peu l’alarme du téléphone, que je ne sais comment calmer.

 

 

 

 

 

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