Archive GA CCCXCVI - Paris-Naples / Napoli-Parigi (journal extime) - 23 avril-5 mai 2013 (4)
Paris-Naples / Napoli-Parigi
Journal extime
(23 avril - 5 mai 2013)
4
25-4, PM
Très beau musée [le musée archéologique national].
Quartier populaire [ensuite, au-delà de la Via Flora].
Beaucoup de jeunes Italiens les bras et avant-bras tatoués. Gras et ventrus. (Me souviens de Francesco.)
Une bouée gélatineuse. Le ventre se ballotte… J’avais déjà noté cela à Orly !
Il y a ici — j’ignore (j’aimerais savoir) pq — bcp d’Indiens (ou de Pakistanais ?)
Les hirondelles très haut dans le ciel ce soir.
Après une pizza (hier soir), des spaghetti alla carbonara, je commande une salade.
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Jeudi 25 avril , après-midi
Le musée archéologique national, que je visite l’après-midi, est vraiment très beau, notamment la collection Farnèse.
J’y vois exposées des statues et des mosaïques dont je connaissais l’existence à travers des manuels de latin et qui, de les voir, ravivent des souvenirs scolaires : heureusement, les œuvres en question en éclipsent la mémoire un peu malheureuse, les versions à répétition de la Guerre des Gaules m’ayant alors dégoûté de son auteur qui se vivait à la troisième personne, et dégoûté du discours indirect et des subordonnées latines en cascade (ce que j’ai parfois regretté depuis, mais plus encore de n’avoir pas étudié le grec ancien).
Italie, Pompéi, Memento mori, 1er siècle avant notre ère, Mosaïque, Naples, Museo Archeologico Nazionale di Napoli ; Artemide Efesia, II sec. d.C.
Eros tipo Centocelle, Copia di seconda méta II sec. d. C, da originale greco di Ve sec a.C. attribuito a Prassitele
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Cherchant ensuite, comme l’après-midi n’est pas terminé, je ne sais plus quel monument ou église, je finis par m’égarer ; je découvre, au-delà de la Via Flora, un quartier populaire, qui me console bientôt d’avoir joué jusqu’ici les touristes par trop plongés dans la lecture appliquée de leur guide.
J’observe la faune et la flore du quartier. Je m’amuse d’une vision napolitaine qui condense à loisir plusieurs stéréotypes : devant une église désaffectée, se rencontrent des policiers, des immigrés [?], un monceau d’ordures...
Beaucoup de jeunes gens vaquent (à ? — je ne sais). Je note que la plupart ont les bras et avant-bras tatoués. (Je ne suis pas encore allé à Berlin, où les tatouages sont plus systématiques encore et plus envahissants — et je n’ai pas encore rencontré Eric...) Et beaucoup, également, sont gras, ventrus. (Je songe à Francesco, qui, s’il n’était pas épais, avait une petite panse bien proéminente sous la marinière.) Toute cette chair sanglée dans des teeshirts qui la moulent d’autant plus visiblement a les allures d’une gélatine flexueuse qui se ballotte avec la marche, résultat à l’évidence d’une mauvaise alimentation, les pâtes ayant dû rencontrer le hamburger — et, bref, toute cette chair n’est pas très appétissante (Je ne sais pas encore que je cèderai bientôt — souvenir de conversations avec N*** ? — aux charmes de personnes dodues, sans pour autant que, chez elles, les rondeurs aient le comportement de mauvaises graisses flageolantes...) Beaucoup des garçons que je croise n’ont rien de l’Italien tel qu’on se le représente : le cheveu et la peau plutôt clairs, ils ont les yeux verts et un rien laiteux dans l’expression, le regard et la carnation du visage. J’aimerais aussi qu’on m’explique pourquoi, dans ce peuplement que j’observe, je croise beaucoup de Pakistanais (ou d’Indiens ?). Je le comprendrais mieux si je me trouvais à Elephant and Castle.
L’heure du dîner approchant, m’étant éloigné à mesure, je renonce à m’aventurer plus avant. J’ai d’ailleurs mon compte de voitures et de vespas ivres et pétaradantes. Je reflue vers une place non loin du musée que j’ai repérée à l’aller, où s’alignent des terrasses de café. C’est une jeunesse plus argentée à l’évidence qui s’y trouve, passablement indifférente au monde environnant. Mais j’y bois une bière brune à mon goût. Le soleil continue de chauffer la peau et, dans le ciel, les hirondelles volent très haut, signe de chaleur encore.
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Soir
Comme j’ai mangé une pizza la veille, des spaghetti alla carbonara au déjeuner, et que je songe aux jeunes Napolitains de l’après-midi auxquels deux petits kilos indiscrets pris ces mois derniers m’interdisent de ressembler avant mon heure, je commande une salade.