Archive GA CDIII - Paris-Naples / Napoli-Parigi (journal extime) - 23 avril-5 mai 2013 (11)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Paris-Naples / Napoli-Parigi

 

 

Journal extime

 

 

(23 avril - 5 mai 2013)

 

 

11

 

 

Archive GA CDIII - Paris-Naples / Napoli-Parigi (journal extime) - 23 avril-5 mai 2013 (11)

30 avril [suite]

 

Pt stress à l’aéroport

Gd stress de ne pas ouvrir l’appart de J.

Coup de fil à N*** (le 1er q j’appelle !), pas disponible.

 

Courses. Tandis q plat surgelé, j’appelle le frère de J.-M. A me répond. Il est à [***]. JM ne souffre plus me dit-elle. Les épisodes d’agitat° — tel q celui le j de mon départ — auraient été dus à la souffrance. Mais amaigri — co père & mère dit JM avt la fin — & ne se nourrit plus. Se plaint de trop de monde.

Songe à ***, un peu cheftaine, sans doute envahissante p JM

 

J’ai + écrit q lors de mes précédents séjours parisiens [impression contraire après coup : laquelle est la bonne ?]. Seul pourtant. Insignifiance(s). P-ê p ne pas avoir à relater JM ?

Termine (avec bcp de lenteur) — ce à quoi je travaille encore le soir — le // Arian (âge de Gary Cooper ./. AH ? celui d’1 gd-père) Julien

 

Alors q je suis déjà endormi coup de fil de B.

Puis insomnie. Semble q ce soit le cas aussi de la sympa voisine qui achève sa thèse.

 

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30 avril, soirée, Paris, XVe arrondissement

 

Si au départ, à l’aéroport de Naples, j’ai cru un instant ne pas pouvoir embarquer à cause d’un douanier trop zélé qui n’avait pas l’habitude des laisser-passer, m’obligeant à retourner au comptoir de la compagnie d’aviation afin de faire intervenir auprès des services d’embarquement l’hôtesse qui m’avait assuré pourtant que je n’aurais aucune difficulté à passer les contrôles, le stress est autrement plus grand de ne pouvoir réussir à faire jouer la serrure de la porte d’entrée de Judith. Naturellement je pourrais dormir dans le studio de N., mais ce serait en chasser la voisine qui a investi les lieux pour y achever sa thèse de doctorat... Je croise dans l’escalier son mari, à qui j’expose mon problème. Il essaie, sans y parvenir non plus, les clés dans la serrure. Judith, cependant, lui a confié un autre jeu de clés, et il retourne chez lui le chercher. La clé de son trousseau n’entre pas dans la porte d’entrée principale, mais fait tourner sans encombre le rotor d’une autre serrure : celle de la porte de la cuisine. Or, dans mon souvenir, cette porte est condamnée par un meuble qui se trouve devant elle... Je me résous à appeler Judith pour lui exposer la situation.

Je suis grandement soulagé d’apprendre, d’une part, que la clé raccrochait déjà dans la serrure, qu’un serrurier déjà consulté avait prédit une impossibilité prochaine d’ouvrir la porte et, d’autre part, qu’aucun meuble ne condamne l’entrée dans les lieux par la cuisine. Et suis bientôt dans l’endroit.

 

Là, mon premier coup de fil est pour N***, que j’ai hâte de revoir. Il n’est pas disponible. Nous convenons d’un rendez-vous le surlendemain : je l’invite à dîner chez Judith, chez qui je serai (donc) installé royalement !

 

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*    *

 

Je fais quelques courses ensuite. Dans la certitude de mauvaises nouvelles — ce que j’ai aussi longtemps que possible différé, mais, tandis que le plat surgelé que je viens d’acheter cuit au four —, j’appelle le frère de J.-M.

C’est A*** qui décroche. Patrice est reparti auprès de son frère. J.-M. ne souffre plus, me dit-elle. Les épisodes d’agitation — tel celui qui m’avait un peu affolé quand j’étais allé le voir le jour de mon départ — auraient été dus essentiellement à la souffrance. Mais il est amaigri — comme l’avaient été son père et sa mère « avant la fin », a commenté J.-M. lui-même. Il ne se nourrit plus. Il se plaint que trop de monde vient le voir. De fait, la chambre, quoique grande, envahie par les nombreux visiteurs qui faisaient cercle autour de lui et les fleurs qui s’y entassaient — dans cette unité de soins palliatifs, contrairement à la clinique où il se trouvait auparavant, les fleurs sont autorisées —, semblait souvent vouloir imploser d’une tension et d’une fatigue trop grandes, atmosphère parfois irrespirable, dont J.-M. le premier, faible ou délirant, paraissait s’étioler avec des regards qui partaient dans le vague et des gestes évaporés.

 

Le soir, j’achève, avec beaucoup de lenteur, la relation de ma rencontre avec Julien — non pas Julien, mais le lover parisien de mon dernier séjour en novembre — peaufinant interminablement le parallèle, que m’avait suggéré, de le revoir, le film de Billy Wilder Ariane, entre Gary Cooper et Audrey Hepburn et lui et moi (certes, entre nous deux, la différence d’âge était moindre qu’entre les premiers, mais moindre aussi que je l’avais imaginé entre eux, Audrey Hepburn étant en fait plus âgée que le personnage qu’elle était censée incarner — et... plus que l’un et l’autre Julien !)...

C’est une autre boucle que je boucle. Bien sûr. J’aime ces inclusions, ces parcours de sens dont je suis l’herméneute acharné, quitte à me tromper sur les autres ou moi-même, les erreurs me peignant peut-être davantage que le peu de certitudes qui peut m’animer ! — Je l’apprendrai bientôt encore à mes dépens lors de prochains séjours parisiens.

Ainsi me leurré-je en pensant d’abord avoir écrit peu, puis plus qu’auparavant — sans pouvoir démêler laquelle de ces impressions est la vraie... Seule est vraie la sensation d’avoir remisé au lendemain la trame des jours mêmes qui avaient précédé mon voyage à Naples... Et, ce soir, me rentre dedans cet à-côté, m’atteignant au centre, me laissant tout d’un coup laminé.

 

*

*    *

 

Et je me couche. Alors que je suis déjà endormi, le téléphone vient interrompre mon sommeil : B. m’appelle, pour me donner l’adresse du restaurant où se retrouver le lendemain.

Impossible de me rendormir ensuite.

A en croire la lumière de l’autre côté de la cour, cela semble aussi le cas de la sympathique voisine qui achève sa thèse.

 

 

 

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